Qu’attend le Département d’État américain après Rex Tillerson ?
Selon Reuters, il ne fait aucun doute que le secrétaire d'Etat Rex Tillerson est désormais une figure « dans le collimateur » du président américain Donald Trump, même si ce dernier peut encore le nier.
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Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson. (Source : THX/TTXVN) |
Le mois dernier, des rumeurs circulaient selon lesquelles Nikki Haley, l'ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, remplacerait bientôt Tillerson. La semaine dernière, une série d'articles de presse annonçait la fin de la carrière de Tillerson, qui n'a pas nié avoir traité M. Trump d'« idiot ».
En réponse à ces rumeurs, M. Trump a immédiatement réagi sur Twitter en écrivant « Fake News », et a affirmé que Tillerson ne quitterait pas son poste malgré les désaccords entre les deux sur un certain nombre de questions.
M. Trump est peut-être sincère, ou il essaie peut-être de « gagner du temps » pour éviter la possibilité de mener une audition controversée sur un nouveau candidat au poste de secrétaire d’État américain à un moment inopportun pour une administration qui a du mal à gérer les allégations d’ingérence russe dans les élections américaines en faveur de M. Trump.
Mais que Tillerson quitte le pouvoir tôt ou tard, il est important d'examiner l'avenir du Département d'État. On ignore si le directeur de la CIA, Mike Pompeo, lui succédera.
Pendant ce temps, les nominations politiques à Washington ressemblent actuellement à celles d'un président faible. Nombre de ceux qui ont été nommés ou qui sont en attente de nomination ne sont plus intéressés par des postes qui pourraient les contraindre à quitter leurs fonctions à terme. Il est donc difficile pour Pompeo de pourvoir les postes vacants au Département d'État américain.
Pendant ce temps, le passage de Pompeo à la CIA était trop court pour qu'il puisse gagner du personnel loyal (pour le suivre au Département d'État), et la plupart du personnel du siège de la CIA à Langley considérait le poste au Département d'État comme une forme de « rétrogradation ».
Il y a également un problème culturel en jeu. La position intransigeante de Pompeo à la CIA l'a conduit à adopter un comportement autoritaire envers de nombreux responsables de l'agence, les amenant à se demander si le directeur est capable de surmonter les différences culturelles et de prendre les bonnes décisions.
Il est donc facile de comprendre comment la position ferme de Pompeo pourrait nuire au fonctionnement d'un Département d'État dont la culture est faite d'ambiguïtés et de « et si ». Pompeo a également attiré l'attention de Trump en partie grâce à sa position ferme sur l'Iran.
Au sein du Département d'État, l'accord sur le nucléaire iranien est considéré comme l'une des principales réussites de l'institution. Pompeo est un conservateur, et le Département d'État a toujours accueilli les voix les plus « libérales ». Malgré ses faibles compétences, Tillerson partage la même vision que le Département : il promeut le dialogue avec la Corée du Nord et soutient l'accord sur le nucléaire iranien. Pompeo, quant à lui, s'oppose à ces deux propositions.
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Mike Pompeo, directeur de l'Agence centrale de renseignement américaine. (Source : Getty) |
Mais que Tillerson soit remplacé par Pompeo ou par quelqu’un d’autre, les fondamentaux de la transition restent les mêmes.
Le Département d'État est une institution étrangère, à moitié américaine et à moitié étrangère. Cette dynamique unique entre les fonctionnaires (non diplomates, y compris le personnel de soutien basé à Washington) et le service extérieur (principalement axé sur les politiques à Washington et composé des ambassades et consulats à l'étranger) complique la transition vers le poste de secrétaire d'État.
Réconcilier ces deux forces, aux intérêts divergents, peut s'avérer difficile. Contrairement à l'armée, où les ordres et procédures internes sont consignés dans des règlements, le Département d'État est une structure plus souple. La question est de savoir si le Département d'État est une fonction publique hiérarchique et hiérarchique. L'échec de M. Tillerson tient en grande partie à son incapacité à en prendre conscience. Traditionnellement, pour accéder au Département, le secrétaire d'État pourvoit les postes clés par des nominations politiques qui viendront enrichir les rangs de l'agence. Mais M. Tillerson a laissé trop de postes vacants pendant trop longtemps, le privant ainsi d'un seul allié au sein du Département pour l'aider en période difficile.
Outre la rationalisation de l'organisation du département, la tâche des nouveaux secrétaires est de lui fixer un objectif plus large. Le département d'État est une agence qui, à l'origine, n'avait pas de vocation centrale. Sous une administration, il s'est concentré sur le contrôle des armements, et sous une autre, sur la reconstruction de l'Irak et de l'Afghanistan. Plus récemment, il s'est concentré sur le « soft power ». Tillerson, quant à lui, n'a jamais défini d'objectif ambitieux allant au-delà de réflexions superficielles sur la réforme de la structure de l'agence.
Après avoir discuté avec d'anciens responsables du Département d'État, l'auteur suggère que le successeur de Tillerson sera confronté à une atmosphère au sein du département qui rappelle celle d'un refuge pour animaux : des personnalités faibles qui craignent l'arrivée de nouveaux collaborateurs, des personnes déjà parties mais qui perçoivent encore leur retraite, et la plupart des autres qui restent dans l'expectative. Il convient toutefois de noter que certaines personnalités se sentent investies d'un pouvoir et croient pouvoir « défaire » tout secrétaire faible, et qu'elles feront de même avec le nouveau secrétaire.
En fin de compte, ces incohérences ne concernent pas vraiment le choix du prochain secrétaire, mais celui du président. Ceux qui sont mécontents de Tillerson l'utilisent comme un substitut de Trump. La Maison-Blanche demeure la principale agence de politique étrangère, mais elle n'éprouve aucune sympathie pour ses propres agents du service extérieur. Trump a accepté de réduire drastiquement le budget du département d'État, et nombreux sont ceux qui pensent que les nombreux postes vacants au sein du département constituent une tentative de sa part de le maintenir sous contrôle. Trump lui-même a déclaré que la politique étrangère ne vise qu'à servir ses propres intérêts.
Un commentateur a déclaré que le Département d'État est une institution que le président Trump ne respecte pas, n'apprécie pas ou ne comprend pas. Si Tillerson a des opinions différentes de celles de Trump sur la Corée du Nord et l'Iran, Pompeo est un faucon loyal à Trump. Si Trump veut vraiment détruire le Département d'État, il est difficile d'imaginer quelqu'un de mieux placé que Pompeo pour le réaliser.
Selon Vietnam+
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