Amérique : le changement est encore à venir

(Baonghean) - 8 ans, 2 mandats à la tête des États-Unis, des réalisations historiques et des promesses non tenues ont été résumés par le président sortant Barack Obama dans son discours d'adieu à Chicago.

Les émotions étaient toujours les mêmes que lors de sa prise de fonction un matin de janvier 2009, mais il subsistait un sentiment persistant de regret que l’avenir de l’Amérique soit très différent.

Homme d'histoire

Au même endroit où il a prononcé son discours de victoire lors de sa deuxième élection présidentielle en 2012, le président Barack Obama s'est à nouveau présenté devant le public américain, mais avec un état d'esprit différent.

Son discours de près d'une heure a également délivré un autre message. Il s'agissait non seulement d'un rappel des réalisations du 44e président des États-Unis au cours des huit dernières années, mais aussi d'un message selon lequel l'Amérique doit encore s'unir, malgré les conflits irréconciliables révélés lors de la campagne électorale de 2016.

La réforme de l'assurance maladie (Obamacare) est le principal atout de M. Obama sur le plan intérieur, mais aussi celui qui suscite le plus de critiques. Photo : VOAnews

Il est indéniable que l'Amérique a accompli de nombreuses avancées positives sous la direction du président Obama ; de nombreux dossiers intérieurs et extérieurs ont posé de nouveaux jalons. Ce succès est fidèle au slogan qui l'a conduit à sa victoire : « Nous avons besoin de changement ».

Après huit ans, les États-Unis sont sortis de la récession, avec une économie en croissance régulière de 2 % par an. Le marché immobilier a commencé à se redresser, le déficit budgétaire fédéral s'est amélioré, des secteurs clés comme l'automobile ont repris du poil de la bête, et les États-Unis connaissent la plus longue période de croissance de l'emploi de leur histoire.

Depuis huit ans, il se consacre avec passion à la réforme de la politique de sécurité sociale, façonnée par le programme de santé abordable (Obamacare). Plus de 20 millions d'Américains bénéficient d'une assurance maladie.

Mais à cause de cela, l'Amérique et sa politique sont devenues plus divisées que jamais. C'est pourquoi le Parti républicain l'a pris pour cible et a critiqué les réalisations de l'administration Obama au cours des huit dernières années.

Le racisme et le sentiment anti-immigrés ont également constitué un point noir de la société américaine au cours des deux dernières législatures. Ils soulèvent des questions sur la politique d'immigration et sur la possibilité que l'Amérique renie ses propres fondements.

Mais toutes ces critiques ne peuvent occulter les traces historiques de la politique étrangère du président sortant Barack Obama. L'accord nucléaire avec l'Iran ou la normalisation des relations avec Cuba sont certainement les plus grands héritages pour lesquels les États-Unis devront remercier M. Obama. L'engagement et la compréhension accrus des États-Unis en Asie-Pacifique ont également été confirmés. Et c'est assurément le bon choix, car les États-Unis ont et auront de nombreux intérêts dans cette région.

L'Amérique va changer

Il y a peu de mots pour décrire le climat politique actuel aux États-Unis. L'administration sortante s'efforce de protéger et d'adopter des politiques au plus vite avant la date de passation des pouvoirs. On ne sait pas non plus combien de nouvelles politiques elle conservera après le 20 janvier.

De l'autre côté, la nouvelle administration est déterminée à démanteler nombre des politiques mises en place pour servir ses propres objectifs. Le tableau d'une Amérique profondément divisée est ainsi parfaitement décrit.

Les États-Unis devraient rester « divisés » sous le mandat de Donald Trump. Photo : CNN.

Les huit années de mandat du président Obama ont été celles où la politique américaine a mis en lumière des conflits « insolubles » entre les deux partis, les Démocrates et les Républicains, qui contrôlent la scène politique américaine. La situation de « canard boiteux », où le président Obama a dû affronter la majorité républicaine dans les deux chambres du Congrès, a créé une situation où « tambours battant dans un sens, trompettes retentissantes dans l'autre ».

Alors que l'administration démocrate du président Obama privilégiait les politiques en faveur de la classe moyenne et des plus démunis, les républicains avaient tendance à protéger les entreprises et les magnats américains. Cette confrontation a entraîné le blocage de nombreux projets de loi au Congrès, leur adoption par de faibles majorités, voire la contrainte de M. Obama à opposer son veto présidentiel.

Les politiques et les budgets de contrôle des armes à feu, retardés, entraînant au moins une paralysie du gouvernement au cours des deux derniers mandats, en sont des exemples typiques. Parallèlement, la discrimination raciale est en hausse, notamment au sein des forces de l'ordre, suscitant l'indignation de l'opinion publique, notamment au sein des communautés noires et minoritaires.

Le conflit entre Républicains et Démocrates a également un impact direct sur la mise en œuvre d'une politique efficace pour stopper l'autoproclamé État islamique (EI) en Syrie et en Irak. Et si l'héritage du président Obama suscite des critiques, ce sont les Républicains qui en sont responsables.

Les États-Unis sont également confrontés à une grande incertitude à l'approche de l'investiture du président élu Donald Trump. Les politiques d'un homme aussi peu expérimenté en politique que le milliardaire Trump sont considérées comme « imprévisibles » et rendent les gens pessimistes. Les divisions internes et la haine peuvent rendre les politiques impossibles.

L'Amérique deviendra plus conservatrice, plus pragmatique et tournera le dos aux valeurs qui ont autrefois fait la démocratie américaine, comme le laissent entendre les déclarations électorales. Ou peut-être les Américains devront-ils encore accepter les règles de l'intégration mondiale. Les alliés et partenaires de l'Amérique ont désormais eux aussi reconsidéré le rôle de Washington dans leur propre intérêt. De nombreuses questions se posent, ce qui mettra l'Amérique à l'épreuve. Et le changement est encore à venir, en attendant que le président élu Donald Trump réalise son slogan : « Rendre sa grandeur à l'Amérique ».

Thanh Son