Réflexion

Imposer des amendes aux parents qui obligent leurs enfants à étudier : est-ce faisable ?

Phuoc Anh November 6, 2025 09:28

Le décret 282, qui stipule que « forcer les membres de sa famille à étudier de manière excessive sera passible d'une amende de 5 à 10 millions de dongs », n'a pas pour but, à première vue, de punir. Il invite plutôt chaque adulte à s'interroger sur son comportement : par excès d'amour, n'oublions-nous pas que nos enfants ont besoin de vivre comme des enfants ?

L'information selon laquelle contraindre des membres de sa famille à étudier de manière excessive sera passible d'une amende de 5 à 10 millions de dongs suscite l'attention du public et de nombreuses réactions contradictoires. Cette mesure figure parmi les dispositions du décret 282/2025/ND-CP, relatif aux sanctions administratives en matière de sécurité, d'ordre public et de protection sociale, de prévention et de lutte contre les fléaux sociaux, ainsi que de prévention et de lutte contre les violences domestiques, et applicable à compter du 15 décembre 2025. Bien que le décret mentionne généralement les membres de la famille, le public l'interprète et en débat principalement sous l'angle des parents forçant leurs enfants à étudier, car il s'agit d'une situation fréquente et préoccupante dans la société actuelle.

cebraton-1-1462875658.jpg

Nombreux sont ceux qui soutiennent cette réglementation, y voyant un progrès pour protéger les enfants d'une pression scolaire excessive. Cependant, beaucoup s'interrogent sur sa faisabilité, car inciter les enfants à étudier relève souvent de l'amour et de l'espoir plutôt que de la violence. D'autres se demandent : comment définir ce qui est « excessif » ? Et comment détecter et sanctionner les comportements coercitifs qui se produisent au sein de la famille ?

La pression scolaire sur les enfants est devenue monnaie courante dans les familles vietnamiennes. Sur les réseaux sociaux, les photos alarmantes ne manquent pas : un enfant la tête posée sur son bureau en pleine nuit, des cahiers remplis d’exercices, ou encore le journal intime d’un écolier : « J’ai peur de rendre ma mère triste si j’ai de mauvaises notes… » Les forums de parents regorgent de témoignages et de confidences de parents inquiets de voir leurs enfants prendre du retard par rapport à leurs camarades. Ils se renseignent alors sur les cours particuliers, inscrivent leurs enfants à des examens pour obtenir quelques certificats et se rassurer. D’innombrables enfants vivent leurs journées rythmées par un emploi du temps scolaire surchargé, sans temps pour jouer, bien dormir ou explorer le monde à leur guise.

La pression de la réussite ne vient pas seulement des parents, mais aussi de tout le système : examens surchargés, devoirs à la maison qui s’accumulent, classements invisibles qui font que beaucoup d’enfants ont peur de l’échec, peur de perdre, peur des mauvaises notes. Le slogan « il faut faire plus d’efforts » semble omniprésent, mais il masque la lassitude à long terme des parents comme des enfants. L’enfance est sacrifiée au profit de notes, tandis que ce qu’il faudrait préserver au plus profond de soi, la joie d’apprendre, disparaît peu à peu.

ap-luc-hoc-tap-4.jpg

Par conséquent, je pense que le décret 282, qui stipule que « toute personne forçant ses proches à étudier de manière excessive sera passible d'une amende de 5 à 10 millions de VND », n'a pas pour but de punir, s'il est interprété sereinement. Il invite plutôt chaque adulte à s'interroger sur son comportement : par excès d'amour, n'oublions-nous pas que nos enfants ont besoin de vivre comme des enfants ? Apprendre est un voyage à la découverte du monde fascinant et profond du savoir, et non une course aux notes. Lorsque les enfants étudient sous pression, leur joie de vivre et leur créativité s'étiolent.

Bien sûr, il n'est pas facile de définir ce qu'est le « surmenage scolaire forcé ». Il n'existe pas de chiffre permettant de mesurer la limite de tolérance d'une personne en général, ou d'un enfant en particulier. Mais ce décret reste précieux car il nous rappelle les limites de l'amour. L'amour, s'il n'est pas accompagné de compréhension, peut parfois se transformer en une pression étouffante. Une société progressiste ne se mesure pas à ses notes moyennes, mais à sa capacité à protéger le bonheur des enfants. Si les parents cessent d'avoir des attentes démesurées, si les écoles cessent de faire des résultats scolaires un critère d'évaluation, peut-être les enfants seront-ils plus libres de s'épanouir.

ap-luc-hoc-tap.jpg.webp

En réalité, rares sont ceux qui sont réellement punis pour avoir forcé leurs enfants à étudier. Mais le plus inquiétant, c'est de constater que nous ne réalisons pas que nous les y contraignons chaque jour, par des comparaisons, des exigences, en leur demandant sans cesse « Combien de points as-tu eus ? ». Si seulement, de temps en temps, les parents posaient plutôt la même question : « Tu t'es amusé aujourd'hui ? », les échanges en famille seraient sans doute bien plus chaleureux.

Ce nouveau décret ne vise donc pas seulement à imposer des amendes, mais aussi à susciter une autre façon de penser. Les enfants ont besoin de grandir dans un climat de confiance et de respect. Un enfant écouté apprend bien mieux qu'un enfant qui apprend dans la peur. Lorsque les parents sauront ce qui compte vraiment pour leurs enfants, lorsque les écoles comprendront que la réussite n'est pas tout, lorsque la société apprendra à valoriser l'effort plutôt que les résultats, alors les mesures punitives deviendront probablement superflues.

Le décret 282 ne peut pas tout changer du jour au lendemain. Mais il offre une perspective plus humaine, reconnaissant que les enfants ne sont ni des copies conformes de leurs parents, ni des instruments pour réaliser les rêves inachevés des adultes. Ils ont besoin de vivre, d'être heureux, de faire des erreurs et de trouver leur propre voie.

Si nous comprenons bien l'esprit de ce décret, il ne sera plus un instrument de punition, mais un rappel essentiel à chaque parent : celui de laisser ses enfants grandir en paix. Car l'enfance est unique, et aucun enfant ne mérite de sacrifier son bonheur pour une simple note.

Journal Nghe An en vedette

Dernier

x
Imposer des amendes aux parents qui obligent leurs enfants à étudier : est-ce faisable ?
ALIMENTÉ PARUNCMS- UN PRODUIT DENEKO