Quantifier la « noblesse » !
Le ministère de l'Éducation et de la Formation sollicite des observations sur le nouveau projet de décret relatif aux traitements et indemnités des enseignants. Par des dispositions concrètes, nous concrétisons le « respect des enseignants », jetant ainsi les bases d'une reconnaissance équitable de leur profession.




Bénéficiant d'un coefficient salarial spécial
Novembre arrive, nous rappelant la tradition du « respect des enseignants », mais aussi soulignant son existence et ses lacunes au fil des ans : nous honorons les enseignants avec les plus beaux mots, mais les laissons se débattre avec le problème de « joindre les deux bouts ». Cette « noblesse », dès lors, se fragilise parfois… Elle pousse de nombreux enseignants à quitter l’enseignement, fait hésiter nombre des meilleurs étudiants à choisir la pédagogie, et crée, insidieusement, un climat délétère au sein du milieu éducatif.
Ainsi, lorsque le ministère de l'Éducation et de la Formation a annoncé le projet de décret régissant la nouvelle politique de rémunération et d'indemnités des enseignants, juste avant la Journée de la Charte des enseignants du Vietnam, le 20 novembre, il ne s'agissait pas d'une simple annonce politique. Nombreux sont ceux qui y ont vu un signal culturel fort. Pour la première fois, il semble que nous déployions un effort aussi systématique et radical pour « quantifier » la noblesse du métier d'enseignant par des dispositions légales précises. Cette proposition de politique constitue une étape cruciale pour redonner aux enseignants leur statut de symbole spirituel et leur conférer une valeur matérielle à la hauteur de leur importance, conformément au principe selon lequel « les salaires des enseignants figurent parmi les plus élevés de la grille salariale de la fonction publique ».
En réalité, nous avons longtemps appliqué les critères d'un fonctionnaire administratif classique à une profession des plus spécifiques : celle d'éducateur. Car le travail pédagogique ne s'arrête pas à la sonnerie de l'école ; après les heures de bureau, les enseignants préparent leurs cours tard dans la nuit, sous la pression invisible des parents et des attentes de la société. Ce projet de décret ose aborder cette réalité de front et propose une solution novatrice : l'application d'un coefficient salarial spécial. Selon ce projet, tous les enseignants y ont droit. Plus précisément, les enseignants de maternelle – qui subissent la plus forte pression professionnelle et cumulent les rôles de tantes, de mères et de personnel de soutien – bénéficieraient d'un coefficient de 1,25 par rapport au coefficient actuel. Les autres enseignants bénéficieraient d'un coefficient de 1,15.
La nouvelle formule de calcul des salaires, selon le projet, sera la suivante :Salaire = Salaire de base x Coefficient de salaire actuel x Coefficient de salaire spécial.Mathématiquement, il s'agit d'une augmentation significative. Mais d'un point de vue culturel, sa portée est bien plus grande. Le chiffre 1,15 ou 1,25 ne représente pas seulement une somme d'argent, mais une reconnaissance officielle, par l'État et la société, du caractère exceptionnel du travail des enseignants, qui mérite une attention particulière.
La nouvelle formule de calcul des salaires, selon le projet, sera la suivante : Salaire = Salaire de base x Coefficient de salaire actuel x Coefficient de salaire spécifique.
Il s'agit d'une équité nécessaire. On ne peut exiger un dévouement absolu d'un enseignant tout en lui versant un salaire insuffisant pour rémunérer son travail et lui permettre de subvenir aux besoins de sa famille en toute sécurité. Libérés des soucis financiers, les enseignants peuvent pleinement préserver le prestige de leur profession. Un salaire décent permet de limiter les abus, tels que le recours excessif aux heures supplémentaires ou la pression sociale. En d'autres termes, la reconnaissance verbale est certes importante, mais garantir aux enseignants un niveau de vie décent constitue le fondement matériel le plus solide et durable de leur place dans la société moderne.
Rétablir le statut académique et honorer le sacrifice
Si le « coefficient spécial » résout le problème de la qualité de vie pour la majorité des enseignants, les deux autres dispositions du projet de loi touchent au cœur même de la culture du « respect de l'éducation » et de la « reconnaissance ». Premièrement, il s'agit du repositionnement du statut des professeurs. Pendant longtemps, un professeur émérite, un chef de file dans son domaine et un pionnier de la recherche, a pu être marginalisé dans la grille salariale administrative. Ce projet de loi stipule clairement que les enseignants nommés professeurs sont soumis à la grille salariale des experts de haut niveau, avec trois niveaux de rémunération exceptionnellement élevés (8,8 - 9,4 - 10,0). Comme l'explique le ministère de l'Éducation et de la Formation, les professeurs sont comparables à des experts de haut niveau. Il ne s'agit pas seulement d'une décision financière, mais aussi d'un véritable atout pour le monde académique. Elle redonne aux intellectuels d'élite leur place de premier plan, affirmant qu'ils constituent un atout national et qu'ils ont un rôle égal à celui des experts les plus éminents du système. C'est l'expression la plus aboutie de la culture du « respect des personnes talentueuses », créant une réelle motivation pour les scientifiques à se surpasser, à contribuer et à servir le pays.
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La seconde mesure est la politique de « réservation » humanitaire. L’image de l’enseignant ne se limite pas aux tribunes des grandes villes ; elle symbolise aussi le sacrifice silencieux consenti dans les régions reculées, frontalières et insulaires. Ce sont eux qui « portent le savoir jusqu’au sommet des montagnes », acceptant d’être loin de leurs familles et de vivre dans des conditions précaires pour semer les graines de la connaissance. Paradoxalement, lorsqu’ils terminent leur mission et sont mutés, que ce soit dans leur établissement d’origine ou ailleurs, leurs indemnités spécifiques sont immédiatement supprimées, entraînant une chute brutale de leurs revenus. Le projet de décret résout définitivement ce problème. En cas de mutation entre établissements scolaires où les indemnités sont moins élevées, celles de l’établissement d’origine seront réservées pendant une durée maximale de 36 mois. De même, en cas de mutation d’une école vers un organisme de gestion de l’éducation, la période de réservation est de 12 mois. Ces chiffres, 12 et surtout 36, ne sont pas anodins. Il s'agit d'un système bienveillant, empreint de compréhension et de gratitude concrète, qui témoigne du respect porté aux contributions et permet aux enseignants de se sentir en sécurité dans leur travail, prêts à participer à des rotations de tâches communes sans en subir les conséquences négatives. C'est ainsi que cette politique reflète l'humanité et le partage, une belle valeur qui imprègne la culture de l'organisation envers les individus.
En novembre, le cadeau le plus précieux et durable que l'on puisse offrir aux enseignants est une garantie politique, afin que leur noble profession repose sur des bases matérielles solides. Ce projet de décret constitue un grand pas en avant dans cette direction, témoignant de la volonté d'harmoniser la valeur culturelle traditionnelle du « respect des enseignants » avec les exigences justes et pragmatiques de la société actuelle. Lorsque les enseignants sont assurés de leur avenir, ils disposent de la force mentale et physique nécessaire pour accomplir leurs missions, ce qui représente l'investissement le plus durable pour l'avenir du pays.


