La coutume du cerf-volant chez les Cham
Chaque année, le septième jour du 11e mois (calendrier Cham), un clan « Yang In » de Ninh Thuan, vêtu de costumes traditionnels, se rassemble sur un grand champ à l'entrée du village, où une petite tente carrée vient d'être dressée pour célébrer la cérémonie du cerf-volant. Cette coutume est appelée « Papăn kalang Pô Yang In » par les habitants, afin de bénir leurs descendants de santé, de bonheur et de récoltes abondantes.
Les cerfs-volants sont conçus selon le sexe du mâle et de la femelle. Le mâle est en forme de losange, avec deux poches rondes symbolisant les parties génitales masculines. Son corps mesure 1,5 mètre de long ; ses ailes, 0,6 mètre de long et 1,4 mètre de large, sont en bambou et attachées avec du rotin. L'avant de l'aile est recouvert de papier rouge, l'arrière d'un morceau de papier notant la date du rituel par les descendants et une brève histoire du Seigneur Po Yang In écrite par M. Kadhar en écriture cham. Le mâle est attaché par une flûte à deux étages et trois queues d'environ 5 mètres de long, faites de grandes feuilles de palmier. Le fil du cerf-volant est un fil coloré (des lianes de forêt) tressé en cordes, de 50 à 100 mètres de long, enroulé dans un cadre en bois en forme de H. Le cerf-volant femelle ne mesure qu'un tiers de la taille du mâle ; il n'a ni poche, ni papier avec l'histoire de Po Yang, et est muni d'une flûte à un seul étage.
M. Kadhar offrit des offrandes comprenant des bananes, des œufs, des noix de bétel et d'arec, du vin, de la viande de chèvre ou du riz gluant… et accomplit un rituel pour inviter le Seigneur Po Yang In à témoigner de la sincérité de ses descendants. Cette offrande symbolisait la prospérité de ses descendants au cours d'une année d'activité.
Dans l'air empli du parfum de l'encens de l'encensoir en bronze, Mme Pajâu souleva le cerf-volant de la tente et laissa échapper la ficelle. Une flûte y était attachée ; lorsqu'il volait haut et rencontrait des vents violents, il émettait un sifflement. On croyait que plus le cerf-volant volait avec grâce, plus le son de la flûte était clair, signe d'une plus grande réponse des dieux. Au sol, Kadha joua du kanhi et chanta un chant sur Po Patao Yang In et Chay Tathun… Les descendants du clan Yang In faisaient voler des cerfs-volants du matin au crépuscule, puis les ramassaient, détachaient le papier, découpaient le cadre pour le ressortir l'année suivante, le collaient dessus et continuaient à voler.
Selon la croyance cham, les cerfs-volants sont le lien entre le monde des vivants et celui des morts. Ils informent leurs ancêtres de la situation économique et de la santé de leurs descendants, et sollicitent leurs bénédictions pour l'année à venir. Le cerf-volant possède une valeur culturelle nationale et évoque une atmosphère paisible, encore préservée par le peuple cham.
Thanh Nga (rue)