Poutine veut que la Russie accroisse son influence sur la péninsule coréenne ?

Le sommet entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un est sur le point d'avoir lieu. Photo : Getty

Moscou et Pyongyang ont annoncé que leurs dirigeants tiendraient leur tout premier sommet, bien que les deux parties n'aient pas encore fixé d'heure ni de lieu.

Les médias spéculent que ce sommet aura lieu dans la ville de Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe, le 25 avril.

Le sommet Russie-Corée du Nord aura lieu alors que Moscou cherche à réaffirmer son influence diplomatique sur la péninsule coréenne et à étendre la coopération économique dans la région Asie-Pacifique, tout en se méfiant des efforts de la Chine pour une domination régionale, selon les analystes.

« Dans le contexte des troubles qui secouent la péninsule coréenne depuis un an, la présence russe est restée discrète, ce qui inquiète les responsables russes, qui craignent que son rôle soit négligé sur les questions liées à la péninsule coréenne », a déclaré Chang Duck-joon, professeur de diplomatie russe à l'université Kookmin. « Des critiques s'expriment également en Russie, qui reproche à Moscou une trop grande dépendance à Pékin sur les questions nord-coréennes… Le prochain sommet entre le président Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un semble refléter la nécessité de maintenir la Chine sous contrôle, dans une certaine mesure. »

De plus, dans le contexte de tensions persistantes entre la Russie et les États-Unis depuis l’annexion de la péninsule de Crimée par Moscou en 2014, le renforcement des relations de la Russie avec la Corée du Nord pourrait créer un contrepoids aux États-Unis.

« Après la guerre froide, la Russie était préoccupée par ses propres défis économiques et n'a donc pas prêté attention à la Corée du Nord, mais maintenant, en tant que puissance émergente, la Russie veut établir une barrière de protection autour d'elle-même pour contrer la rivalité croissante avec les États-Unis », a déclaré Chun In-young, professeur émérite à l'Université nationale de Séoul.

M. Kim Jong-un pourrait prendre le train jusqu'à la gare de Vladivostok. Photo : Yonhap

Toutefois, selon les analystes, l'implication de la Russie auprès de la Corée du Nord risque de retarder davantage les négociations nucléaires entre Washington et Pyongyang, car Moscou peut faire entendre sa voix dans les négociations pour accroître ses intérêts dans une péninsule coréenne sans armes nucléaires.

Les experts estiment que le premier sommet Russie-Corée du Nord ne devrait pas donner de résultats significatifs en raison des sanctions, mais les deux parties pourraient publier une déclaration politique sur la poursuite du développement du partenariat et de la coopération pour la paix dans la péninsule coréenne.