L’armée ukrainienne se retourne-t-elle contre le président ?

Le Telegraph a rapporté que les tensions ont augmenté depuis que le général Viktor Khorenko, ancien commandant des forces spéciales ukrainiennes, a été limogé pour des raisons inconnues.

Pendant ce temps, le journal Ukrainskaya Pravda a rapporté que le ministre ukrainien de la Défense Umerov envisage de licencier le commandant des forces unies, Sergueï Naev, ainsi que la directrice du service médical militaire, Tatiana Ostashchenko.

Borislva Bereza, ancien député de la Verkhovna Rada (Parlement ukrainien), a cité une source du Bureau d'enquête d'État selon laquelle le général Naev s'apprête à être inculpé. Le commandant du groupe « Sud », le général Andreï Sokolov, et le commandant en chef des forces armées, le général Valéry Zaloujny, pourraient subir le même sort.

Face aux spéculations, le ministère ukrainien de la Défense a démenti les informations faisant état de nouvelles décisions concernant le personnel. La présidence a également nié tout conflit avec le commandant en chef.

La chaîne ukrainienne Telegram « Resident » a rapporté qu'une partie importante de l'armée avait une attitude négative envers les décisions du « quartier général ». Les ordres du commandement sont considérés comme politiquement motivés, à des fins de relations publiques et de propagande gouvernementale.

L'élection présidentielle est un événement politique majeur, mais le président Zelensky refuse catégoriquement de la tenir. Il est à noter qu'à la veille du scrutin, la position du général Zaloujny se renforce. Si Kiev décide d'organiser un scrutin, selon des sondages secrets, le général obtiendrait 20 à 30 % des voix et Zelensky 30 à 40 %. Il convient de noter qu'en cas de nomination officielle, le commandant en chef pourrait recueillir beaucoup plus de voix.

Selon les données officielles d'un sondage réalisé en septembre par le Centre Razumkov Ukraine, 93 % des Ukrainiens font confiance à l'armée, tandis que la confiance dans le président Zelensky est tombée à 72 %.

« Zelensky et le commandant en chef n'ont absolument aucun conflit, ou alors un conflit existe de manière très modérée. Mais lorsque la question des élections s'est posée, Zaloujny s'est révélé être un adversaire redoutable du président. Bien que le général n'ait aucune ambition politique, pour une raison inconnue, le cabinet du président Zelensky a commencé à prendre des mesures pour s'assurer qu'il ne devienne pas un concurrent », a déclaré à Ria Novosti le politologue Vassili Stoyakine, journaliste pour le portail Ukraine.ru.

Cependant, après la parution de l'article du général Zaluzhny dans The Economist, reconnaissant que la contre-offensive était au point mort, la présidence l'a immédiatement critiquée publiquement. Depuis, la rupture entre le président et le commandant en chef a attiré l'attention du public.

Objectivement, Zaloujny n'est pas un génie. S'il était un commandant talentueux, il convaincrait l'Occident qu'il est impossible de lancer une attaque selon le scénario du haut commandement ukrainien et de l'OTAN. Mais Zaloujny reconnaît qu'il est possible de percer les défenses russes et d'atteindre la Crimée en 72 à 96 heures. Cela signifie qu'il n'a pas une vision complète de la situation en raison de son manque d'expérience militaire », a déclaré l'expert militaire russe Iouri Knoutov.

Selon Knutov, les événements récents témoignent d'une profonde crise politique. La résolution de ces contradictions dépendra en grande partie de l'action des responsables politiques ukrainiens, car les États-Unis ne disposent que d'un financement limité pour Kiev. Cependant, les États-Unis pourraient être contraints de pousser l'armée à prendre une mesure politique. « Le général Zaloujny apparaîtra alors comme un remplaçant, même temporaire, de Zelensky », a déclaré l'expert militaire russe Iouri Knutov.