Vivre une vie virtuelle dans la vraie vie
(Baonghean) - Depuis l'avènement des réseaux sociaux, de nombreuses personnes, notamment la jeune génération, sont tombées dans le syndrome de la vie virtuelle en ligne. Autrement dit, aller en ligne leur offre un style de vie complètement différent de la vie réelle et est souvent bien plus « splendide » que dans la vraie vie. Mais non seulement la jeune génération, mais aussi les adultes vivent une vie virtuelle. En réalité, elle n'a pas lieu en ligne, mais dans la vraie vie.
Personne n'a oublié ce qui s'est passé il y a quelques jours. Un douanier du service des douanes de Hô-Chi-Minh-Ville a été arrêté avec plus de 60 enveloppes contenant un milliard de dongs, soupçonné d'être de l'argent destiné à des pots-de-vin.
Cette histoire n'a guère surpris grand monde, tant elle était familière. La seule surprise était qu'un ou deux mois auparavant, lors de la réunion du Conseil populaire de la ville, les autorités avaient fièrement déclaré n'avoir découvert aucun détournement de fonds, corruption ou pots-de-vin. Pourtant, la personne qui venait d'être arrêtée avait amassé autant d'argent en seulement cinq jours. Sans harceler les commerçants, comment avait-elle pu amasser autant d'argent en si peu de temps ?
Bien sûr, il n'était pas seul, il devait avoir toute une équipe pour y parvenir. La presse n'a pas précisé si la personne qui avait « l'énorme » quantité d'enveloppes était membre du Parti, mais il y a peu, la Direction générale des douanes a lancé une campagne pour que 100 % des organisations de base du Parti de l'ensemble du secteur signent un engagement à ce qu'aucun cadre ne se montre négatif ou ne viole la discipline du travail. Et pourtant…
Mais signer est une chose, le mettre en œuvre en est une autre. En effet, la signature d'engagements est monnaie courante dans notre pays, comme par exemple la police de la circulation d'une province qui s'engage à ne pas accepter de pots-de-vin, ou encore l'engagement de tous les médecins d'un hôpital à ne pas accepter de commissions pour la prescription de médicaments. De nombreuses agences et unités ont également signé des engagements de ce type. Pourtant, le chaos et la négativité liés au fait de « causer du tort uniquement pour de l'argent » n'ont absolument pas diminué.
Nous savons donc que l'engagement n'est qu'une formalité, de vaines paroles. Il n'est pas réel. Il est virtuel. Pourtant, les gens continuent de le faire, ce qui signifie qu'ils croient encore que cette façon de faire produira des résultats. Bien sûr, nous ne pouvons pas savoir avec certitude si les gens y croient réellement ou intentionnellement. Si tel est le cas, ce n'est pas différent de vivre dans un monde virtuel, de croire en des choses qui n'existent pas, ou de savoir qu'elles ne le sont pas, tout en essayant d'y croire.
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Dessin animé, source : Internet |
Un deuxième type de vie virtuelle est également très répandu dans notre société. Il s'agit de faire délibérément pression, de mendier ou de falsifier des réalisations pour obtenir tel ou tel titre. Ensuite, d'organiser fièrement une grande cérémonie pour forcer chacun à reconnaître sa compétence et son talent. Or, en réalité, il ne le mérite pas. C'est pourquoi le Comité populaire de la province de Ca Mau vient d'ordonner au Comité d'émulation et de récompense de cette province de cesser de proposer au ministère de l'Intérieur de récompenser le Département de la Justice de la province pour ses réalisations en matière de réforme administrative, estimant que celle-ci n'était pas conforme aux procédures et, de fait, ne méritait pas d'être récompensée. Prenons l'exemple de centaines d'élèves qui ont dû abandonner l'école pour gagner leur vie à cause de la pauvreté, mais dont le Département de l'Éducation et de la Formation de la ville de Vinh Chau, province de Soc Trang, a néanmoins affirmé avec audace que jusqu'à 99 % des enfants de la ville étaient scolarisés et devaient être récompensés.
Mais ce ne sont là que des illusions sporadiques. L'illusion la plus répandue, visible de tous, est que de nombreux villages, hameaux et quartiers arborent des pancartes « villages et quartiers culturels ». Pourtant, des maux sociaux persistent, la vie des gens est toujours précaire : trafic de drogue, prostitution, voyous, agressions au couteau, vols… Certains pensent qu'apposer une pancarte suffit à faire d'eux des personnes, des quartiers, des villages ou des quartiers culturels, et se complaisent dans ce statut. Le pays compte 22 millions de familles, dont 19 millions répondent aux normes culturelles. Notre pays est donc sur le point d'atteindre le statut de pays culturel. Mais si l'on considère la société dans son ensemble, il n'y a pas un instant où il n'y ait pas d'histoires, d'événements anticulturels. Comme l'a déclaré le vice-Premier ministre en charge de ce domaine : « La vie culturelle pose encore de nombreux problèmes, l'éthique sociale et le mode de vie civilisé posent encore de nombreux problèmes douloureux… ».
Cela suffit pour comprendre la véritable nature de ce titre culturel. En effet, non seulement dans le domaine culturel, mais aussi dans bien d'autres, on s'attribue volontiers des titres d'excellence, d'exemplarité, de pureté, de force… mais lorsqu'un événement survient, on découvre qu'ils ne sont ni purs ni forts. Personne n'apprend de leur expérience, mais ils performent malgré tout chaque année. Celui qui donne sourit et s'enthousiasme, celui qui reçoit sourit et s'enthousiasme aussi, sans aucune gêne, comme s'il le méritait vraiment. Et parfois, il pense le mériter.
Il est clair que de nombreux endroits et de nombreuses personnes vivent une vie virtuelle dans la vie réelle.
Montagne de Bouddha
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