L'attrait de la transparence
Il y a une dizaine ou une quinzaine d'années, tout le pays s'activait pour attirer les investissements et les talents. À cette époque, les collectivités locales rivalisaient d'ingéniosité pour séduire les investisseurs, multipliant les avantages et les incitations : exonérations et réductions d'impôts et de taxes, simplification des procédures administratives… Les plus qualifiés bénéficiaient d'un logement, d'une prime d'installation conséquente et d'un emploi public immédiat.
À cette époque, une concurrence malsaine régnait, alimentée par le principe du « tapis rouge » local, où chacun offrait des avantages bien supérieurs à ceux de la localité pionnière. On pensait alors que, grâce à cet élan, le pays tout entier progresserait rapidement, avec force et constance. Mais la réalité fut tout autre. Ainsi, la situation s'envenima brièvement avant de retomber comme si cette « compétition du tapis rouge » n'avait jamais existé.
Pourquoi ? Après y avoir longuement réfléchi, certains ont émis l'hypothèse, avec une pointe de fatalisme, que toutes ces invitations n'étaient en réalité qu'un vœu pieux. Nombre de personnes talentueuses ont pourtant répondu à ces invitations, non pas forcément pour des avantages immédiats, mais parfois parce qu'elles souhaitent contribuer au développement de leur pays d'origine.
Certaines personnes aspirent à un lieu où exprimer leurs talents et développer leurs aptitudes, mais n'en trouvent aucun. À leur arrivée, elles sont pleines d'espoir, mais à leur départ, la déception est immense. La plupart de ces départs ne sont pas dus à l'absence des avantages promis, mais surtout au manque d'un environnement propice à l'épanouissement de leurs talents, à la contribution concrète de la communauté, à la hauteur des priorités et des incitations qui leur sont accordées. Lorsqu'elles comprennent que ces invitations manquent de sincérité, elles décident de tout quitter pour trouver un cadre de travail adapté et plus efficace.
À l'instar des talents, de nombreux investisseurs furent attirés par ces invitations et se rendirent sur place. Les plus crédules s'empressèrent d'ouvrir des usines et de recruter des ouvriers, mais une fois lancés, ils constatèrent l'immense fossé entre les promesses et la réalité. Comme le déplorait un député à l'Assemblée nationale : « Nombre de fonctionnaires se livraient à l'extorsion, au harcèlement, aux demandes de pots-de-vin et de commissions, ce qui pénalisait les entreprises et décourageait les entrepreneurs. »
En apparence, ils déroulent le tapis rouge pour attirer les investisseurs, mais en réalité, ils leur tendent des pièges. Surtout lorsqu'ils se retrouvent pris dans le labyrinthe des procédures administratives, ils réalisent à peine que l'argent est déjà dépensé, l'usine construite, et ils doivent donc aller jusqu'au bout. Ils sont alors contraints de débourser, à l'aveuglette, des sommes qualifiées de « frais non officiels ».
Le terme « informel » désigne les transactions illégales, clandestines, effectuées « sous le manteau », sans aucune justification. De nombreux chefs d'entreprise ont été emprisonnés pour de telles dépenses, interdites et considérées comme illégales dans leur pays. Ils perdent donc de l'argent et finissent en prison. D'autres, ravalant leur fierté, continuent de subir les conséquences. C'est pourquoi on se méfie toujours des propositions alléchantes.
De plus, lorsqu'on investit dans une entreprise, on s'attend à un environnement transparent et ouvert pour générer des profits à long terme, et non à ce que l'on se préoccupe des priorités et des incitations immédiates et à court terme. Par conséquent, ce genre de mise en scène, digne d'un tapis rouge, a perdu toute crédibilité, n'est plus efficace et, franchement, est dépassé.
Il est donc nécessaire de créer un environnement de travail efficace, de valoriser pleinement le potentiel et les atouts de chacun afin d'attirer les talents. Parallèlement, il est indispensable de créer un environnement commercial transparent pour inciter les investisseurs à investir et ainsi stimuler le développement. C'est là l'attrait le plus fort : la transparence.
Duy Huong


