Pourquoi les Syriens arrivent-ils en nombre croissant en Europe ?
(Baonghean.vn) - Pourquoi de plus en plus de réfugiés tentent-ils de rejoindre l'Europe malgré les dangers qui menacent leur vie ? Melissa Fleming (Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, HCR) avance les six principales raisons suivantes :
1. La guerre en Syrie ne montre aucun signe de fin
La situation en Syrie continue de se détériorer, les combats s’intensifiant dans toutes les régions et l’économie et les services étant en état d’effondrement.
Lorsque les gens fuient la guerre, ils espèrent revenir bientôt. Ils s'installent donc souvent à proximité, peut-être chez des proches ou des amis dans une ville voisine, ou juste de l'autre côté de la frontière. Mais après plus de cinq ans de conflit, de nombreux Syriens ont complètement perdu espoir. Leurs maisons ont été détruites, leurs familles déchirées, et les perspectives d'un avenir pacifique sont minces. Les tensions croissantes ont poussé des centaines de milliers de personnes à tout risquer pour trouver un endroit plus sûr.
2. Les Syriens s'enfoncent davantage dans la pauvreté en tant que réfugiés dans les pays voisins
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Des migrants entassés sur une petite embarcation traversant la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. Photo : Internet |
Pour des millions de Syriens, leur premier refuge se trouve dans les pays voisins comme le Liban, la Jordanie, la Turquie, l'Égypte et l'Irak. Mais rares sont ceux qui peuvent payer toutes les factures, même s'ils vivent dans des pièces exiguës et surpeuplées. Nombre d'entre eux risquent donc l'expulsion.
Dans de nombreux pays, les réfugiés ne sont pas autorisés à accéder au marché du travail officiel et s'exposent à des sanctions s'ils sont pris. En Jordanie, par exemple, ils risquent d'être renvoyés dans des camps de réfugiés, et au Liban, ils sont contraints de signer un engagement de non-travail s'ils souhaitent prolonger leur statut de résident.
Sans revenus, les gens sont contraints d'abord d'épargner, puis de rembourser leurs dettes. Après des années de vie et d'épuisement, nombreux sont ceux qui sont contraints de partir, simplement parce qu'ils ne peuvent plus payer leur loyer, leur nourriture ou leurs besoins de base.
3. Manque d’aide internationale pour soutenir les réfugiés dans la région
En temps normal, les réfugiés peuvent se tourner vers des organismes d'aide comme le HCR. Mais la situation actuelle est loin d'être simple, et ces organismes peinent à trouver des financements. Le mois dernier, face à l'augmentation du nombre de réfugiés syriens arrivant en Europe, le HCR a commencé à recevoir de nouvelles promesses de dons pour accroître l'aide aux pays voisins. Malgré cela, il n'a reçu qu'un peu plus de la moitié de l'aide destinée aux réfugiés syriens cette année.
En Jordanie, de nombreux réfugiés n'ont pas non plus accès aux soins de santé gratuits. Près de 60 % des adultes atteints de maladies chroniques vivent sans médicaments, contre 23 % en 2014. Les réfugiés en Irak, en Jordanie, au Liban et en Égypte affirment que le manque d'aide les contraint à partir.
4. Les enfants ne sont pas éduqués
Les Syriens aspirent à l'éducation. Mais la Jordanie, l'Égypte, le Liban et la Turquie ne leur offrent pas un enseignement suffisant. En Jordanie, 90 000 enfants syriens ne bénéficient pas d'une éducation formelle, et 20 % des enfants réfugiés ont abandonné l'école pour travailler. De nombreuses filles sont contraintes au mariage précoce.
Même au Liban, où l'éducation est largement gratuite pour les enfants syriens, le coût des voyages est prohibitif et nombre d'entre eux sont contraints d'abandonner l'école pour subvenir aux besoins de leur famille. 200 000 enfants seront déscolarisés cette année, et les jeunes n'ont d'autre choix que de poursuivre des études supérieures. Ils ont besoin d'acquérir des compétences pratiques et des connaissances pour rentrer chez eux et reconstruire après la guerre. Les parents syriens affirment que seule l'Europe peut répondre à leurs besoins éducatifs.
5. Les pays de la région imposent de nouvelles règles aux réfugiés
Les pays voisins de la région n'ont pas été préparés à accueillir un grand nombre de réfugiés, ce qui a mis à rude épreuve leurs infrastructures. Le petit pays qu'est le Liban, qui a accueilli plus d'un million de réfugiés syriens, a mis en place de nouvelles règles pour limiter l'arrivée de Syriens. Les réfugiés au Liban doivent payer l'équivalent de 130 livres sterling par an et s'engager à ne pas travailler.
En Jordanie, le gouvernement exige que tous les Syriens vivant en dehors des camps de réfugiés aient de nouveaux documents d’identité pour accéder aux services, mais le coût peut atteindre 27 £, ce qui est trop élevé pour beaucoup.
6. L'attrait de l'accueil européen à la télévision et sur les réseaux sociaux
La chancelière allemande Angela Merkel pose avec des réfugiés syriens. Photo : Imago/Barcroft Media |
Les Syriens, chez eux comme à l'étranger, suivent l'actualité, les récits de leur difficile traversée de la Méditerranée, des Balkans et de leur arrivée en Autriche et en Allemagne, où les réfugiés ont été accueillis par des applaudissements, des fleurs et des ours en peluche. Pour les Syriens, l'idée de demander l'asile dans un pays offrant sécurité, perspectives d'emploi et éducation suffit à les inciter à braver les risques. Ils craignent que les pays européens ne ferment bientôt leurs portes aux réfugiés ; ils doivent donc s'y rendre au plus vite.
Quelle est donc la solution ? Il est clair que tous les pays concernés doivent redoubler d’efforts pour mettre fin à la guerre en Syrie. Mais en attendant le retour de la paix, les pays qui accueillent actuellement 4 millions de réfugiés doivent bénéficier d’infrastructures et d’un soutien au développement, tandis que le HCR et ses partenaires doivent subvenir aux besoins essentiels des réfugiés. Parallèlement, l’entrée des réfugiés doit se faire par des voies plus légales, notamment grâce à des quotas d’immigration accrus, à une plus grande flexibilité en matière de regroupement familial, à des mesures humanitaires et à l’octroi de visas étudiants. Par conséquent, les réfugiés syriens y réfléchiront certainement à deux fois avant de quitter le pays et de risquer un voyage vers l’Europe.
Phuong Thao
(Selon The Guardian)
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