L'Espagne va apposer des avertissements sur les effets potentiels des smartphones sur la santé.

Alors que l'Espagne poursuit son projet de loi visant à limiter l'exposition des enfants à la technologie, un comité de 50 experts a demandé que l'exposition des mineurs aux appareils numériques soit limitée jusqu'à l'âge de 13 ans, afin de réduire ce qu'ils considèrent comme des risques de santé publique de plus en plus graves.

Un rapport d'experts de près de 250 pages, obtenu par le quotidien espagnol El País, recommande de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans à des appareils numériques. Pour les enfants de moins de 6 ans, l'utilisation de ces appareils ne devrait être autorisée que dans des situations exceptionnelles et nécessaires.

Pour les enfants de 6 à 12 ans, les experts recommandent de privilégier les téléphones permettant uniquement de passer des appels, sans accès à Internet. Par ailleurs, les activités hors ligne, comme le sport, sont également considérées comme d'excellents choix pour un développement harmonieux.

Le rapport exhorte le gouvernement espagnol à envisager l'apposition d'étiquettes d'avertissement sur les appareils numériques vendus afin d'informer les consommateurs des risques sanitaires liés à l'utilisation des réseaux sociaux et de ces appareils. Parallèlement, il souligne également les effets néfastes que peut avoir l'exposition des enfants à des contenus inadaptés à leur développement.

Par ailleurs, le rapport suggère également que des avertissements similaires devraient apparaître sur les écrans lorsque les utilisateurs accèdent à certaines applications ou plateformes, fournissant des détails sur les risques pour la santé et les durées d'utilisation maximales recommandées.

En outre, le rapport appelle les gouvernements à reconnaître la dépendance au téléphone portable comme une menace pour la santé publique, une étape importante pour promouvoir le développement de mesures de prévention efficaces et de systèmes de détection précoce.

Les questions relatives au temps passé devant les écrans et aux comportements associés devraient être incluses dans les consultations de santé pour tous les groupes d'âge, et le « dépistage de la dépression, de l'anxiété et de l'utilisation des technologies » devrait être systématiquement inclus dans les visites de suivi des enfants en bonne santé pour les adolescents.

Cette commission a été créée en début d'année en réponse à ce que le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a décrit comme une « véritable épidémie » d'accès à la pornographie en ligne chez les enfants.

À ce sujet, le Premier ministre Sánchez a déclaré en janvier : « Ces chiffres sont à la fois remarquables et très inquiétants. Un jeune sur quatre de moins de 12 ans et près de la moitié des adolescents de moins de 15 ans ont été exposés ou sont exposés à la pornographie. »

Le rapport final, cependant, a adopté une approche plus globale de la question, en se concentrant non seulement sur l'accès des enfants à la pornographie, mais aussi sur leur utilisation des appareils numériques.

Cette intervention survient dans un contexte de débat mondial croissant sur l'impact des technologies sur les enfants, un débat qui a incité les écoles du monde entier à adopter des contrôles stricts sur l'utilisation des téléphones portables en classe.

En France, une étude commandée par le gouvernement et publiée en avril a conclu que les enfants ne devraient pas utiliser de smartphones avant l'âge de 13 ans et qu'il devrait leur être interdit d'accéder aux plateformes de médias sociaux populaires telles que Facebook, TikTok et Instagram jusqu'à leur majorité.

En Espagne, où les chiffres montrent qu'un quart des enfants possèdent un téléphone portable dès l'âge de 10 ans et près de la moitié dès l'âge de 11 ans, le gouvernement de coalition dirigé par les socialistes a proposé en juin dernier un projet de loi visant à protéger les mineurs.

Le projet de loi propose d'installer par défaut des contrôles parentaux sur les appareils mobiles et de lancer une campagne nationale d'éducation pour aider les enfants et les jeunes à utiliser les réseaux sociaux de manière sûre et responsable.

En outre, le projet de loi introduit également de nouvelles exigences en matière de données qui, s'il est adopté, relèveraient l'âge minimum pour ouvrir un compte sur les réseaux sociaux de 14 à 16 ans. Parallèlement, les enseignants et les professionnels de la santé seraient formés pour identifier les enfants à risque de dépendance aux smartphones et intervenir rapidement auprès d'eux.

Le projet de loi est actuellement en phase de consultation publique et devrait être finalisé par un rapport élaboré avec la contribution d'organisations telles que l'Association européenne pour la transformation numérique, ainsi que de professionnels de la santé comme des pédiatres et des psychiatres.

Le rapport des experts mentionnait également l'importance de l'environnement social au sens large pour minimiser l'exposition des enfants à la technologie, soulignant que non seulement les établissements d'enseignement, mais aussi les familles jouent un rôle important dans la protection des enfants.

En conséquence, le rapport préconise des programmes de formation spécifiques pour les familles, au cours desquels des experts pourront répondre aux questions sur la manière dont les enfants peuvent utiliser Internet en toute sécurité, notamment en identifiant et en évitant les risques en ligne.

Ce programme permettra d'acquérir des connaissances sur la manière de limiter l'accès des enfants aux appareils numériques et leur exposition à ces derniers, et fournira des outils pour gérer le temps passé devant les écrans.

En outre, le rapport recommande également que les écoles éliminent les applications éducatives qui procurent une gratification instantanée, afin d'aider les enfants à se concentrer sur l'apprentissage et le développement de compétences à long terme plutôt que de rechercher des expériences faciles et à court terme.