Le monde et ses contradictions
(Baonghean) - L'histoire du monde est faite de contradictions incessantes. L'une des plus grandes économies du monde, mais toujours pas reconnue par la communauté internationale, est à la fois un héros et un pécheur aux yeux des factions adverses.
Les petits pas de la Chine vers de grandes ambitions
Le 1er octobre 2016, le yuan chinois (RMB) a été officiellement ajouté au panier de devises internationales du FMI, un an après l'annonce de cette décision. Aux côtés du dollar américain, de la livre sterling, de l'euro et du yen japonais, le RMB figure désormais sur la liste des devises que les pays peuvent recevoir grâce aux prêts du FMI.
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La Chine s'efforce de mondialiser le renminbi. Photo : Le Monde |
Selon les experts, cela témoigne de la reconnaissance par la communauté internationale des efforts déployés par la Chine ces six dernières années pour mondialiser sa monnaie. Le principal bénéfice que Pékin retire de cet événement est davantage une question de symbolisme et de réputation que de valeur économique et de pouvoir réel, car depuis 1973, le rôle du panier monétaire international a considérablement diminué.
En pratique, les monnaies du panier ne servent qu'à calculer le taux d'intérêt des prêts du FMI, et les pays qui les détiennent peuvent utiliser leurs propres monnaies pour rembourser directement le FMI. Pour être ajouté au panier, le pays qui possède la monnaie doit être un exportateur important et sa monnaie doit être largement utilisée.
La deuxième condition est particulièrement difficile à respecter pour la Chine, car le yuan n'est pas librement négocié, mais limité par un quota quotidien. Pékin a élaboré un plan risqué visant à intégrer le yuan dans le panier monétaire international, notamment en le dévaluant depuis l'été 2015.
Toutefois, selon les experts, l'inclusion du yuan dans le panier monétaire international n'apportera pas de changements significatifs à court terme pour l'économie et la finance chinoises. La Banque populaire de Chine n'est pas encore prête à laisser le cours de sa monnaie être librement déterminé par les forces du marché.
Le taux de change restera un outil dont dispose la banque centrale pour réguler l'économie nationale. En contrepartie, l'inclusion du RMB dans le panier de devises du FMI est considérée comme une décision politiquement calculée de la part du FMI. Il convient toutefois de noter qu'il a fallu un an après l'annonce pour que l'organisation décide officiellement d'ajouter le RMB à son panier de devises. Cette décision est comme un message caché adressé à la Chine : l'approbation du FMI n'est pas facile à obtenir.
Actuellement, dans le panier de devises internationales, le CNY occupe la troisième place (10,92 %), juste derrière le dollar américain (41,73 %) et l'euro (30,93 %). Cependant, si l'on compare les transactions internationales, le CNY ne représente que 1,86 %, un chiffre bien inférieur à celui du dollar américain (42,5 %) ou de l'euro (30,1 %). Le CNY est peut-être encore loin de devenir une monnaie internationale, et son intégration au panier de devises internationales n'est qu'un pas vers une grande ambition.
Un homme, deux destins ?
Le 30 septembre, les funérailles de l'ancien président israélien Shimon Peres ont eu lieu au cimetière national de la colline Herzl, à Jérusalem. 90 dirigeants de 70 pays ont assisté aux funérailles, 8 000 policiers ont été mobilisés et 30 000 Israéliens ont défilé en mémoire du dirigeant le 29 septembre.
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Le président américain Barack Obama aux funérailles de Shimon Peres. Photo : AFP |
Shimon Peres est connu comme le dernier des pères fondateurs de l'État d'Israël. Ayant occupé de nombreux postes de haut rang, tels que ministre de la Défense, ministre des Affaires étrangères, Premier ministre et président de ce pays, Shimon Peres a reçu le prix Nobel de la paix en 1994, aux côtés de feu le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et de feu le président palestinien Yasser Arafat. Shimon Peres est connu pour avoir grandement contribué à la signature des accords d'Oslo, une étape importante dans l'histoire des relations conflictuelles entre Israël et la Palestine.
Pour de nombreux hommes politiques occidentaux, Shimon Peres est très estimé et souvent qualifié d'« homme de paix ». Le président américain Barack Obama l'a même nommé parmi les « grandes figures du XXe siècle », aux côtés du dirigeant sud-africain Nelson Mandela.
Contrairement à l'Occident, le monde arabe a réagi avec une certaine virulence aux funérailles de l'ancien président israélien. Pour preuve, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, était le seul dirigeant arabe de haut rang à y assister.
Pendant ce temps, au Liban, Shimon Peres était surnommé dans la presse « le bourreau cananéen » – une référence à l'assassinat de 106 citoyens libanais dans un village du sud sous les tirs israéliens en 1996, alors qu'il était Premier ministre. Le ministre libanais de la Santé avait même déclaré : « Que son âme soit maudite. » Le quotidien de la famille royale saoudienne qualifiait également Peres de « père du programme nucléaire » et lui attribuait une foule d'autres qualificatifs peu flatteurs.
Sur les réseaux sociaux, les réactions du monde arabe ont été bien plus extrêmes. Une vidéo largement partagée sur Facebook montre une Palestinienne en tenue traditionnelle maudissant le président palestinien pour avoir assisté aux funérailles de Shimon Peres : « C'est une honte d'assister aux funérailles de l'homme qui a assassiné vos enfants. Que le diable vous emporte tous ! »
Même l'Égypte et la Jordanie, deux pays réputés entretenir de bonnes relations avec Israël, ne semblent pas vraiment intéressés par un rapprochement avec Israël pour le moment. Bien que le ministre égyptien des Affaires étrangères ait assisté aux funérailles, le compte Twitter du porte-parole du ministère des Affaires étrangères n'a pas mentionné l'événement. Le roi de Jordanie s'est contenté d'envoyer une lettre de condoléances.
En réalité, les principaux dirigeants du monde arabe ne haïssent pas totalement Shimon Peres ni Israël, mais le problème est qu'ils subissent une forte pression de l'opinion publique. Aux yeux des politiciens occidentaux et de certains, Shimon Peres est peut-être un héros du processus de paix au Moyen-Orient, mais pour beaucoup dans le monde arabe, il n'est rien d'autre qu'un criminel.
Hai Trieu
(Selon Le Monde)