Les avions de combat russes Su-35 aident-ils l'Iran à submerger la puissance d'attaque d'Israël ?

Le général Ali Shadmani, haut commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), a confirmé l'achat du Su-35 par Téhéran le 27 janvier. Il n'a toutefois pas précisé le nombre de Su-35 commandés ni leur date de livraison. Cet accord est perçu comme une récompense de la part de la Russie, qui a utilisé des milliers de drones Shahed de fabrication iranienne dans son conflit avec l'Ukraine depuis 2022.

L'armée de l'air iranienne est considérée comme obsolète ; le Su-35 russe renforcera donc considérablement sa capacité à menacer les adversaires s'approchant de l'espace aérien iranien. Mais Arash Azizi, de l'Université Clemson, a déclaré que même si le Su-35 était livré immédiatement, il serait « trop tard » pour Téhéran.

« Il s'agit d'une modernisation importante pour l'armée de l'air iranienne, et le Su-35 est l'une des armes qu'elle attend depuis longtemps. Mais cela ne comblera pas les lacunes de l'Iran face à des rivaux comme Israël. Ce ne sera qu'une goutte d'eau dans l'océan », a déclaré Azizi.

Des rapports précédents indiquaient que l'Iran recevrait au moins 24 chasseurs Su-35 produits à l'origine pour l'Égypte, ou commanderait 50 Su-35.

La déclaration du général Shadmani est intervenue deux semaines après la signature par l'Iran et la Russie d'un accord de partenariat stratégique de 20 ans, et dans le contexte du lancement par Israël d'une campagne d'attaque utilisant des avions de combat et des drones qui ont détruit la majeure partie du système de défense stratégique à longue portée S-300 de l'Iran l'année dernière.

Le Su-35 est-il la solution miracle ?

Freddy Khoueiry, analyste chez RANE, cabinet international de renseignement sur les risques, a déclaré que la livraison rapide du Su-35 pourrait améliorer « l'ensemble des capacités de dissuasion et de défense de l'Iran ». Le Su-35 permettrait également à Israël de « prendre conscience de la menace que représentent les chasseurs sophistiqués » aux mains de l'Iran.

En fait, comparé à ses voisins du Moyen-Orient, la plupart des avions iraniens sont obsolètes, notamment le F-14A Tomcat, le F-4 Phantom II, le MiG-29 Fulcrum et le Mirage F1.

Cependant, bien que le Su-35 russe soit un avion de 4,5 génération, il n'est pas capable de compenser les systèmes de défense aérienne comme le S-300 en termes de protection à grande échelle et de capacités anti-intrusion.

« L’Iran aura également besoin de temps pour former des pilotes et intégrer le Su-35 dans son réseau de défense actuel », a déclaré Khoueiry.

« Les chasseurs modernes peuvent dissuader les activités hostiles et renforcer les capacités d'interception, mais ils sont plus efficaces lorsqu'ils sont associés à des systèmes de défense sol-air. Par conséquent, le remplacement des systèmes S-300 perdus est crucial pour l'Iran dans sa stratégie globale de défense aérienne », a ajouté Khoueiry.

Federico Borsari, expert au Centre d'analyse des politiques européennes, a également déclaré que le Su-35 améliorerait considérablement la défense aérienne et les capacités de défense de l'Iran. Selon lui, l'Iran achètera également des systèmes de défense aérienne russes S-400 plus modernes pour remplacer les S-300 perdus. Il a toutefois estimé qu'« il faudra plusieurs années à l'Iran pour disposer d'un escadron de Su-35 pleinement opérationnel. Par conséquent, Israël conservera un avantage important dans les temps à venir. »

« Lorsque le Su-35 sera combiné avec le radar Irbis-E et les missiles R-77-1, il améliorera les capacités globales de défense aérienne de l'Iran et deviendra une menace plus dangereuse pour les avions occidentaux de 4e et 4,5e génération, y compris les F-16 et F-15 israéliens », a ajouté M. Borsari.

En fait, il n'est pas exclu que la Russie transfère des missiles R-77-1 pour renforcer les Su-35 iraniens. De plus, Moscou pourrait également équiper ces missiles des chasseurs MiG-29A fournis à Téhéran au début des années 1990.

Toutefois, lors de futurs raids, Israël pourrait utiliser des chasseurs furtifs F-35 pour attaquer les Su-35 directement sur la piste, de la même manière qu'Israël a attaqué les systèmes de défense aérienne iraniens en octobre 2024. Selon M. Khoueiry, Israël pourrait également utiliser des missiles balistiques lancés depuis les airs pour détruire les avions ennemis à distance afin d'empêcher l'Iran de les utiliser efficacement.