Point fort de la journée : Vers une ASEAN résiliente et innovante

La réunion des ministres des Affaires étrangères de l'ASEAN (AMM Retreat) et la réunion des ministres de la Défense de l'ASEAN (ADMM Retreat) à Singapour se sont conclues par des discussions de base définissant l'axe prioritaire de la coopération de l'ASEAN en 2018, l'orientation des relations étrangères de l'ASEAN, le renforcement du rôle central de l'ASEAN dans les processus régionaux et la discussion des questions régionales et internationales d'intérêt commun.

Il s’agit des premières conférences ministérielles de l’ASEAN présidées par Singapour en 2018, troisième année de mise en œuvre de la Communauté de l’ASEAN.

Lors de la retraite de l'AMM, les ministres ont approuvé en grande partie le thème de l'ASEAN 2018, qui est de construire une « ASEAN résiliente et innovante », soulignant la nécessité de renforcer la résilience de la région dans tous les aspects, tant en matière de coopération politique et sécuritaire qu'économique et commerciale, afin de renforcer la solidarité et le rôle central de l'ASEAN.

Les pays estiment qu’il est nécessaire de profiter des opportunités offertes par la quatrième révolution industrielle et de proposer des solutions opportunes et créatives, répondant efficacement aux défis et renforçant la solidarité et l’autonomie de l’ASEAN.

En conséquence, les ministres ont recommandé aux hauts dirigeants d'adopter la Déclaration de vision des dirigeants de l'ASEAN sur une ASEAN résiliente et innovante rédigée par Singapour, président de l'ASEAN, et la Déclaration des dirigeants sur la coopération en matière de cybersécurité.
Dans le document, Singapour a mis en avant 10 principes fondamentaux, dont « l'unité et la concentration », « des orientations fondées sur des règles » et « la capture de la technologie », ainsi que 30 domaines prioritaires exigeant des dirigeants de l'ASEAN qu'ils prennent des engagements spécifiques.

Les domaines prioritaires comprennent la promotion d’un traité d’extradition entre les pays de l’ASEAN pour lutter contre les crimes transnationaux, la persuasion de la Chine à signer le Code de conduite des parties en mer de Chine méridionale (COC), l’établissement d’un réseau de villes intelligentes de l’ASEAN ou le lancement d’initiatives pour lutter contre le terrorisme et la radicalisation.

Le document rédigé par Singapour aborde également divers défis auxquels sont confrontés les pays de l'ASEAN, notamment l'incertitude croissante du paysage stratégique mondial, la violence liée à l'extrémisme, le changement climatique et les questions maritimes. Singapour aborde toutes ces questions dans ce document de sept pages, qui vise à créer une ASEAN suffisamment forte pour « relever les défis dans un esprit de coopération, d'unité et d'efficacité ».

Parallèlement, la retraite de l'ADMM a porté sur les menaces terroristes dans la région et à Singapour. En tant que pays assurant la présidence de l'ASEAN en 2018, Singapour promeut une coopération renforcée en matière de lutte contre le terrorisme entre ses membres grâce à des solutions innovantes. Singapour se concentrera notamment sur trois axes principaux : la promotion de la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme ; le renforcement des capacités de lutte contre les menaces chimiques et biologiques ; et le renforcement de la confiance dans les secteurs aérien et maritime.

Selon les analystes, en tant que président de l'ASEAN, Singapour occupe une position privilégiée pour approfondir la coopération régionale. À ce jour, Singapour est le pays le plus développé d'Asie du Sud-Est, doté d'un potentiel et d'une influence considérables. Membre fondateur de l'ASEAN, Singapour joue un rôle de pilier pour le maintien de l'ASEAN, contribuant significativement aux efforts déployés pour aider le bloc à résister aux crises au cours des cinq dernières décennies.

Cela est dû en partie à l’engagement indéfectible des dirigeants de Singapour en faveur de la prospérité de l’ASEAN, soutenus par un groupe de diplomates talentueux qui ont démontré à maintes reprises leur capacité à gérer efficacement les désaccords régionaux.

Ces facteurs placent la nouvelle présidence de l'ASEAN dans une position privilégiée pour orienter la région vers une coopération plus étroite. Le thème « Une ASEAN résiliente et innovante » choisi par Singapour pour sa présidence en 2018 résume les priorités des responsables politiques de l'île du Lion.

Auparavant, le Premier ministre Lee Hsien Loong avait affirmé que les priorités du pays lorsque Singapour a assumé la présidence tournante de l'ASEAN en novembre dernier étaient de promouvoir un ordre fondé sur des règles en Asie et de répondre plus efficacement aux défis de sécurité, tant traditionnels qu'émergents, dans la région.

Singapour intensifiera également les négociations et les projets en cours pour renforcer la connectivité entre les économies, dans le but de créer un marché ASEAN d'ici dix ans. Par ailleurs, ce dirigeant a affirmé que dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Singapour s'efforcera de renforcer davantage la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme, notamment face aux menaces des groupes affiliés à l'autoproclamé État islamique (EI).

Ces efforts pourraient être réalisés grâce à des mesures telles qu’un partage accru des renseignements, des patrouilles conjointes aux frontières, une surveillance et une interdiction coordonnées des transactions financières illicites ou des activités terroristes, une formation à la lutte contre le terrorisme et la fourniture d’équipements de pointe aux pays les moins développés de la région.

L'ASEAN fonctionne selon un mécanisme consensuel, mais le pays qui assure la présidence tournante a le « privilège » d'orienter les objectifs et l'orientation des discussions régionales sensibles. Ce poste étant assuré par rotation annuelle, le président de l'ASEAN a le droit d'opposer son veto aux déclarations qu'il juge contraires aux intérêts régionaux, ou de publier unilatéralement une « déclaration du président » en cas de désaccord irréconciliable entre les pays membres. Le président exerce également une influence significative sur l'élaboration des accords multilatéraux régionaux.