« Je suis surpris que la presse vietnamienne condamne souvent au lieu du tribunal. »
C'est le partage de M. Hieu Minh, ancien expert en informatique de la Banque mondiale, sur la façon dont la presse publie des images de suspects ?
Entretien avec M. Hieu Minh, ancien expert de la Banque mondiale, un blogueur bien connu des lecteurs vietnamiens.
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M. Hieu Minh, ancien expert de la Banque mondiale |
En tant que personne ayant vécu à l’étranger pendant de nombreuses années, pourriez-vous partager des informations sur la manière dont la presse étrangère a publié des images de suspects ?
Merci pour votre question. Ayant vécu à l'étranger pendant un certain temps, je suis très surpris par la façon dont la presse vietnamienne accuse souvent les gens plutôt que le tribunal. C'est une très mauvaise approche ; jusqu'à récemment, la presse a beaucoup progressé dans sa façon de qualifier les gens de suspects. Ce sont des termes qu'elle utilise souvent lorsque le tribunal n'a pas encore rendu sa décision, ce qui témoigne d'une avancée que nous pouvons tous clairement constater.
Nous avons récemment appris que le journal Tuoi Tre avait publié le portrait d'un suspect de corruption. À mon avis, ce portrait est de bonne qualité, même s'il ressemble beaucoup à un vrai portrait. Il est réalisé en quelques traits, sans trop de détails. En général, on ne dessine pas le visage droit, mais plutôt de profil, ce qui rend l'identification du suspect très difficile.
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Portrait du suspect publié dans le journal Tuoi Tre |
À l'étranger, la vie privée est très respectée. Si la personne qui a publié l'information est poursuivie en justice, c'est très dangereux. Lors d'une audience au tribunal, les gens dessinent souvent au crayon, puis les journaux utilisent ces dessins pour les publier. Sauf dans les cas controversés, lorsqu'un accord est conclu entre les parties, des images télévisées en direct sont diffusées. Sans accord, c'est absolument interdit.
Ce comportement est très bon et protège les droits humains. Car si la personne est déclarée innocente par le tribunal, sa vie n'en sera pas affectée. En revanche, si elle est déclarée coupable, après avoir été punie, elle a encore la possibilité de se réformer et de redevenir une personne normale.
Par conséquent, même les personnes reconnues coupables de crimes et condamnées à des peines de prison ne voient pas leurs photos publiées. À l'exception de certains fonctionnaires. Pourquoi ? Parce que ces personnes ont utilisé l'argent des impôts, mais ont pris un risque. La presse a le droit d'« exploiter » jusqu'au bout. Par exemple, le cas du gouverneur d'un État impliqué dans des affaires de corruption a été clairement révélé par la presse. La presse a le droit de publier ces photos en continu. Mais s'il s'agit d'une simple personne, la presse n'a pas le droit de les publier.
Mais, monsieur, est-ce que faire comme le fait la presse occidentale, en ne prenant pas de photos ou en ne montrant pas d’images du procès, réduirait l’efficacité de la supervision publique des procès ?
Je pense que même les citoyens présents au tribunal ont déjà participé à la supervision du procès. En tant que journalistes, ils peuvent participer et ont la responsabilité de transmettre ces informations au public. Les journalistes ou les citoyens continuent d'exercer leur droit de supervision. Je pense que cela n'affecte pas ce droit de supervision.
Si la presse publie de vraies images, cela portera atteinte aux droits humains et civils des suspects, surtout lorsqu'ils n'ont commis aucun crime. Par exemple, MM. Chan et Nen ont été condamnés à de nombreuses reprises, mais ont finalement été jugés injustement. Qu'adviendra-t-il de leurs droits ?
Je pense que dans tout procès public, les journalistes sont autorisés à intervenir, c'est-à-dire à être le regard des citoyens. Si les législateurs et les deux parties, le parquet et les avocats, renforcent encore leur rôle, de nombreuses erreurs judiciaires diminueront. Certes, elles ne peuvent être évitées, mais elles diminueront.
La réduction des erreurs judiciaires doit venir du système judiciaire, en renforçant le rôle des avocats et du parquet et en fournissant des informations plus transparentes. C'est la meilleure solution, mais je ne pense pas que renforcer le pouvoir de surveillance des journalistes réduira les erreurs judiciaires.
Monsieur, il arrive que le procureur « aide » la divulgation de photos personnelles de suspects. Pensez-vous qu'il soit nécessaire d'informer pleinement les procureurs eux-mêmes afin de ne pas porter atteinte aux droits des suspects ?
Je pense qu'il est vrai que cela doit venir de plusieurs côtés. Les avocats, les procureurs et les journalistes doivent bien comprendre le droit à la vie privée de ces « suspects ». Du côté de la presse, lorsqu'elle publie des images personnelles, elle doit tenir compte de l'impact sur la vie de la personne qui les publie et de sa famille. Les règles de confidentialité ne s'appliquent pas seulement aux journalistes, mais à tous les citoyens et organisations.
Grâce à mon suivi, je constate que les progrès des tribunaux de notre pays sont très clairs. Par exemple, autrefois, lorsqu'un accusé, coupable ou innocent, se présentait au tribunal, il portait souvent une chemise à rayures pastèques (un uniforme de prisonnier). Ce n'était pas la bonne façon de procéder. Depuis que les accusés ont pu se débarrasser de cette tenue, la situation a beaucoup changé.
Si le croquis peut être appliqué au tribunal, ce sera un pas de plus. Le croquis doit montrer que l'incident a eu lieu, mais les visages du défendeur et des participants, à l'exception du juge, ne doivent pas être clairement visibles. Si vous consultez les journaux des pays développés, vous le constaterez clairement.
À mon avis, le code de conduite des journalistes devrait prévoir une disposition stipulant que « les journaux, lorsqu'ils publient des images de suspects, d'accusés et de procès, ne sont autorisés à utiliser que des croquis, mais pas de vraies photos ». Cela garantirait la cohérence et la meilleure garantie des droits de l'homme.
Merci!
Selon Infonet
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