Le président français peine à gérer la crise des « gilets jaunes »
(Baonghean) - Ces derniers jours, le centre de la capitale française, Paris, est tombé dans les troubles les plus graves depuis 1968. On peut dire que c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase après une série de jours de protestations de la part de la population et des factions contre les politiques du président Emmanuel Macron liées aux prix du carburant, aux augmentations des retraites et au salaire minimum.
Les observateurs affirment que les manifestations et les violences du groupe extrémiste des « gilets jaunes » ne sont que le « prélude » aux difficultés et aux défis auxquels M. Macron sera confronté après 18 mois au pouvoir.
Chutes de l'Arc de Triomphe
Ces derniers jours, les Champs-Élysées et l'Arc de Triomphe à Paris se sont transformés en un spectacle incroyable. La police française a dû utiliser du gaz lacrymogène et des grenades fumigènes pour disperser la foule de manifestants extrémistes « gilets jaunes » qui tentaient de franchir les barrières de sécurité.
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L'Arc de Triomphe de Paris a été le théâtre ces derniers jours des troubles les plus graves depuis 1968. Photo : AP |
Juste sur l’Arc de Triomphe, on peut lire des slogans comme : « Macron démission » ou « Les gilets jaunes gagneront »… Des centaines de personnes ont été arrêtées, plus de 100 personnes ont été blessées dans les manifestations et les émeutes.
En réalité, la décision du gouvernement français d'augmenter les taxes sur les carburants est en vigueur depuis octobre dernier. Cependant, comme elle est intervenue au moment même où les prix mondiaux du pétrole augmentaient, elle a provoqué une forte vague de protestations au sein de la population, notamment parmi les agriculteurs français.
Bien que le gouvernement français affirme que la hausse de la taxe sur les carburants vise à encourager l'utilisation de véhicules moins gourmands en carburant et, par conséquent, à réduire les émissions polluantes, des milliers de personnes sont néanmoins descendues dans la rue pour protester. Plus dangereux encore, selon les observateurs, des groupes d'extrême gauche, d'extrême droite et des organisations non gouvernementales ont profité de l'occasion pour infiltrer les manifestants et provoquer l'opinion publique.
La stratégie de provocation semble avoir porté ses fruits, la cote de popularité du président Macron ayant atteint des niveaux historiquement bas dans les sondages. Mais sa réponse ferme et intransigeante a jeté de l'huile sur le feu, suscitant des accusations de déconnexion avec l'opinion publique.
Le mouvement des « gilets jaunes » est un mouvement de protestation contre la hausse des prix et des coûts du carburant, qui a bénéficié d'un large soutien en France. Le mouvement a éclaté le 17 novembre, avec des milliers de manifestants érigeant des barrages routiers à travers la France pour attirer l'attention et perturber la circulation.
Pour faire face à la situation, le président Macron a dû envisager de déclarer l'état d'urgence lors d'une réunion avec des responsables de la sécurité le 2 décembre. Il est prévu qu'aujourd'hui (4 décembre), le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner présente également à la commission juridique du Sénat la situation des attaques contre la police et des actes de vandalisme commis par des manifestants radicaux ainsi que les contre-mesures.
Le défi ne fait que commencer.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase ces derniers jours n'a pas vraiment surpris l'opinion publique française. Selon les observateurs, si le président français Macron est considéré comme un succès en politique étrangère, il a été plutôt insatisfait dans la gestion des affaires intérieures.
Depuis son arrivée au pouvoir l'année dernière, M. Macron a mis en œuvre de nombreuses mesures pour réformer l'économie et les administrations publiques. Malheureusement, les réformes proposées par M. Macron ont suscité la controverse dans l'opinion publique.
En particulier, la décision fiscale ou la décision d'autoriser l'assouplissement des lois fiscales et les licenciements a fait chuter la cote de popularité du président auprès du public.
Une série de manifestations et de marches ont eu lieu tout au long de l'année 2018 contre diverses politiques gouvernementales. En mai, des dizaines de milliers de personnes ont défilé place de la Bastille pour protester contre les réformes économiques du président Macron.
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De retour du sommet du G20 en Argentine, le 2 décembre, le président français Emmanuel Macron s'est rendu à l'Arc de Triomphe pour constater la situation. Photo : AP |
Selon M. Macron, ces réformes attireront davantage d'investisseurs étrangers et aideront l'économie française à être compétitive sur le marché mondial après de nombreuses années de stagnation. Cependant, de nombreux avis affirment que M. Macron suit la tendance consistant à se concentrer uniquement sur les profits et à négliger les intérêts de la classe ouvrière.
Comme l'a déclaré Philippe Martinez, président de la CGT (Confédération générale du travail), la France a besoin de changement, mais le gouvernement doit avant tout prendre soin de la vie de ses citoyens. Certains disent même que M. Macron est un président des riches.
Ces développements reproduisent les sombres prédictions faites lors de l’élection de M. Macron à la présidence en mai dernier, avec une série de défis qui ne sont pas nouveaux mais qui existent depuis près de 20 ans en France : une économie atone, une société et une politique profondément divisées.
La responsabilité de M. Macron à cette époque était clairement énoncée : il s’agissait non seulement de concilier les intérêts et de rassembler les élites françaises, mais aussi l’ensemble de la population, profondément déçue par la classe dirigeante. En effet, pendant de nombreuses années, les Français étaient excédés par les luttes intestines entre les partis traditionnels, qui privaient la population de sa liberté de choix.
Les électeurs ont donc accordé leur confiance à un président « tout nouveau » comme M. Macron. Cependant, après un peu plus d'un an au pouvoir, marqué par de nombreuses politiques controversées, les Français semblent avoir progressivement perdu patience. Conjuguée à des groupes extrémistes toujours en quête d'incitations, la situation est devenue extrêmement instable.
De toute évidence, les manifestations qui ont dégénéré en émeutes ne se limitent pas à un simple test précoce du mandat du président, reflétant une forte baisse de sa cote de popularité. Elles représentent un défi majeur pour M. Macron : maintiendra-t-il sa politique actuelle ou procédera-t-il à des ajustements pour apaiser la population ?
Cependant, dans une récente déclaration au sommet du G20 en Argentine, le président Emmanuel Macron a déclaré que même s'il comprenait la colère de certains, il affirmait qu'il continuerait à poursuivre les réformes, y compris dans le secteur de l'énergie.
Cette déclaration montre la détermination du président français à mettre en œuvre la feuille de route des réformes du pays, mais elle signifie également qu'une nouvelle période difficile attend M. Macron dans les prochains jours./.