Référendum en Thaïlande : une nouvelle expérience politique
(Baonghean) - Le référendum sur le projet de nouvelle Constitution thaïlandaise, organisé le 7 août, est considéré comme une expérience politique dans ce pays. Cependant, quel que soit le résultat du vote, l'avenir de la politique thaïlandaise reste très imprévisible et le Conseil national pour la paix et l'ordre (NCPO), actuellement au pouvoir, sera soumis à une forte pression.
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Des milliers de résidents de Bangkok se joignent à une campagne appelant les gens à voter le 7 août. Photo : Straits Times. |
Les amendements constitutionnels sont en réalité obligatoires pour le gouvernement militaire thaïlandais. Depuis 1932, chaque coup d'État militaire réussit et le pays modifie sa constitution. La constitution actuelle est une constitution provisoire issue du coup d'État de 2014, remplaçant celle de 2007, également approuvée par référendum.
Des changements controversés
Publié en mars dernier, le projet de constitution révisée est perçu comme un décret contre le « fléau » de la corruption en Thaïlande. Le mot « corruption » y est mentionné pas moins de 46 fois, avec des affirmations fortes visant à « prévenir et éradiquer la corruption et la mauvaise gouvernance ».
Le document de plus de 100 pages comprend également des dispositions strictes en matière de santé et d'éducation. Cependant, les critiques affirment que l'adoption du projet de constitution renforcera le pouvoir du gouvernement civil.
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Le président du Comité de rédaction de la Constitution thaïlandaise, Meechai Ruchupan, et le projet de nouvelle constitution. Photo : Reuters. |
Le principal point le plus critiqué du projet est que le NCPO est autorisé à créer un Sénat de 250 sièges pendant la période de transition. En conséquence, le projet de constitution stipule que la Chambre des représentants comptera 500 membres et le Sénat 250 membres. Les deux chambres de l'Assemblée nationale éliront le Premier ministre, et non le parti majoritaire à la Chambre des représentants. Selon certains analystes, autoriser les sénateurs nommés par le NCPO à choisir le Premier ministre pourrait être considéré comme un « coup d'État » sans recours à la force.
Un autre point de discorde concerne la disposition relative au Premier ministre. Le nouveau projet de constitution prévoit la possibilité pour des non-députés de devenir Premier ministre et permet aux coalitions de négocier la candidature d'un non-politicien, voire d'un officier militaire. Certains estiment que cela pourrait donner au Premier ministre Prayuth Chan-ocha, soutenu par l'armée, le feu vert pour prolonger son mandat.
De plus, les sanctions contre les hommes politiques sont renforcées dans ce projet de constitution. Les personnes mises en accusation ou reconnues coupables de fraude électorale seront interdites de politique à vie, et non plus pendant cinq ans comme actuellement.
Tous les changements apportés au projet de nouvelle constitution suscitent depuis des mois controverses et remous dans la politique thaïlandaise. L'opposition affirme que ce projet ne mènera pas la Thaïlande à la démocratie, car il a été élaboré par les putschistes et leurs complices.
Ils ont fait valoir que le peuple n'avait pas été impliqué dans le processus d'élaboration, que la constitution était donc clairement antidémocratique et devait être rejetée. Les Chemises rouges ont même créé des centres de surveillance du référendum et tenté d'inciter les électeurs à voter contre le projet de constitution.
L'avenir est imprévisible
Étant donné qu'un document a suscité de nombreuses controverses et conflits entre factions politiques, il est certain que, quel que soit le résultat du prochain référendum, l'instabilité politique thaïlandaise sera inévitable. Selon la feuille de route, des élections civiles auront lieu en 2017, que le projet de Constitution soit approuvé ou non.
Il ne reste plus qu'un an. Si le projet de constitution n'est pas approuvé, il devra être réécrit. Cela prendra jusqu'à huit mois. Le gouvernement militaire rédigera lui-même une nouvelle constitution ou nommera un nouveau comité. Le temps nécessaire pour choisir un nouveau gouvernement sera donc très court. Et, bien sûr, une mauvaise préparation accroît le risque d'instabilité.
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Photo 3 : Le gouvernement du Premier ministre Prayuth Chan-ocha est confronté à de nombreux défis avec le référendum sur le projet de constitution. Photo Reuters. |
Sans compter que les opposants au projet de constitution soutenu par l'armée saisiront l'occasion de mobiliser des soutiens pour destituer le général Prayuth. Cependant, il est peu probable que cet effort le force à abandonner le pouvoir. Au contraire, les dirigeants du NCPO pourraient utiliser leur immense pouvoir pour contrôler le mouvement de protestation politique, ce qui ne ferait qu'exacerber l'agitation politique en Thaïlande.
Si le projet de constitution est approuvé, tout se déroulera sans accroc, conformément à la feuille de route politique définie par le NCPO. Dans ce scénario, l'armée continuera de diriger le pays jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement après des élections générales au milieu de l'année prochaine. Cependant, l'année à venir ne sera pas sans heurts pour la classe dirigeante actuelle.
Bien qu'aucun parti ne puisse perturber le processus de ratification de la Constitution après le référendum, les analystes estiment que la crédibilité de la loi suprême sera remise en question. Les principaux partis, comme le Parti Pheu Thai et le Parti démocrate, qui ont récemment rejeté le projet de Constitution, pourraient persister et contester sa légitimité lors de leurs campagnes préélectorales. Certains partis politiques pourraient même profiter de cette occasion pour déclencher des manifestations.
De toute évidence, le processus post-référendaire est semé d'embûches et risque d'entraîner une instabilité politique en Thaïlande. Cependant, l'ampleur de cette instabilité dépendra de la manière dont le gouvernement actuel gérera et contrôlera la situation.
Thanh Huyen
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