La Chine profite du désaccord entre la Russie et les États-Unis et remporte une grande victoire en Europe

(Baonghean.vn)- Pékin acquiert un avantage énergétique dans la région, d'un niveau comparable à celui dont bénéficiait Moscou pendant la guerre froide.

Un changement géopolitique est en cours en Europe, qui devrait nous inquiéter. Sans que personne n'y prête attention, la Chine a considérablement accru ses capacités économiques et militaires en Europe de l'Est.

Pékin acquiert un avantage énergétique en Europe. Photo : AP.

La Chine, largement perçue comme n'ayant guère agi pour freiner les ambitions nucléaires et balistiques de la Corée du Nord, a acquis une participation significative dans le projet de port du Pirée en Grèce. Elle cherche également à acquérir des actifs en République tchèque, en Hongrie et en Pologne, notamment des contrats de construction de centrales nucléaires.

Pendant ce temps, en Bulgarie, les efforts précédents de l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton pour forcer la Bulgarie à rompre son contrat avec la société publique russe d'enrichissement d'uranium Rosatom n'ont pas donné les résultats escomptés, créant les conditions pour que la Chine remplace la Russie dans le projet de construction de la nouvelle centrale nucléaire de Belene.

Rosatom a intenté un procès contre la Bulgarie pour rupture de contrat, qui a été couronné de succès. La Bulgarie a dû payer une amende de 660 millions de dollars, une somme importante pour un petit pays. Pour compenser les dommages, le gouvernement bulgare a été contraint de privatiser le projet. Selon les médias, la Chine était le principal soumissionnaire. Si l'offre chinoise était retenue, les entreprises nucléaires publiques du pays utiliseraient des équipements de fabrication russe ou, à défaut, prendraient le contrôle total de la nouvelle centrale nucléaire.

Contrairement à la Russie, dont les programmes de développement nucléaire reposent traditionnellement sur un programme relativement souple qui utilise des prêts intergouvernementaux pour financer la construction et laisse la gestion aux gouvernements locaux, la Chine a consolidé le contrôle à la fois sur le financement et sur les opérations, lui donnant ainsi le contrôle total sur les infrastructures critiques – dans ce cas, une installation nucléaire majeure dans un ancien État soviétique.

Une situation similaire s'est produite en Pologne, où la Chine a volé les contrats de construction d'une centrale nucléaire qui devait être construite par les États-Unis. L'industrie nucléaire américaine était en ruine, Westinghouse ayant déclaré faillite et GE étant incapable de lever des capitaux, même pour des réacteurs à eau bouillante avancés dans des pays plus développés. La Chine, en revanche, regorgeait de liquidités, provenant en grande partie de ses échanges commerciaux avec les États-Unis.

Ce qui se passe ici, c'est que la Chine exploite le désaccord géopolitique entre la Russie et les États-Unis pour s'approprier et contrôler des éléments clés des infrastructures énergétiques. Cette tactique lui confère également une « ceinture énergétique » s'étendant de la Baltique à la mer Noire. De ce fait, elle contrôle de fait des éléments clés des infrastructures en Bulgarie, en République tchèque, en Pologne, en Roumanie et en Slovaquie.

Craignant l'expansion de la Chine, la Maison Blanche a été contrainte de pourvoir les postes vacants au Département d'État avec des experts européens et asiatiques.

L’approche américaine doit être plus spécifique, en s’éloignant par exemple d’une politique de confinement généralisée vers une stratégie autorisant les projets russes, à condition qu’ils ne nuisent pas à la sécurité énergétique européenne ou américaine.

Par exemple, nous devons tout mettre en œuvre pour résister à l'appel de la Lituanie visant à stopper la construction d'une centrale nucléaire en construction par la Russie en Biélorussie. Le réacteur russe utilise une technologie de pointe. Sa conception a été approuvée par des organismes de réglementation indépendants dans plus d'une douzaine de pays, dont la Finlande, pays réputé pour ses normes de sécurité élevées. Les préoccupations de la Lituanie en matière de sécurité sont acceptables au regard des ambitions de la Chine d'étendre son contrôle sur les infrastructures.

La concurrence dans la construction et la gestion des centrales nucléaires est un exemple classique d'échiquier géopolitique où la victoire ne se décrète pas en un coup, mais en deux ou trois coups. Les joueurs doivent prendre en compte de nombreux aspects économiques, géopolitiques et stratégiques, et dans ce cas précis, les adversaires sont nombreux.

Lan Ha

(Selon l'intérêt national)