Le général Le Van Cuong parle de la crise du Qatar et de la perte du rôle de l'Amérique au Moyen-Orient

June 20, 2017 09:14

(Baonghean.vn) - La tension diplomatique entre le Qatar et ses voisins du Golfe n'est pas un phénomène soudain, mais un point culminant après que le conflit, largué depuis de nombreuses années, s'est intensifié. La tension ne montre aucun signe d'apaisement, entraînant une série de conséquences économiques, militaires et sécuritaires.

Le journal Nghe An a accordé une interview sur cette question au professeur associé - Dr. Major-général Le Van Cuong, ancien directeur de l'Institut des sciences et de la stratégie, ministère de la Sécurité publique.

PGS - TS, Thiếu tướng Lê Văn Cương tại trường quay Báo Nghệ An ngày 19/6.
Le professeur associé, docteur, le général de division Le Van Cuong au studio du journal Nghe An le 19 juin.

PV : En 2014, un conflit a éclaté entre le Qatar et les pays du Golfe. Vous souvenez-vous de cet événement, Major Général ?

Professeur associé, PhD, major-général Le Van Cuong:Le Qatar est depuis longtemps opposé par l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis (EAU) pour son soutien à l’islam extrémiste, en particulier aux Frères musulmans (FM), un groupe interdit par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

La crise diplomatique s'est notamment produite en mars 2014, lorsque l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont rappelé leurs ambassadeurs du Qatar en raison du soutien de ce dernier au président égyptien de l'époque, Mohammed Morsi, membre des Frères musulmans. Les ambassadeurs sont revenus six mois plus tard, après la démission du Qatar et l'expulsion de certains membres des Frères musulmans, afin de réduire la pression des pays du Golfe.

PV : Cette crise est jugée beaucoup plus grave qu’en 2014. Quelles en sont donc les causes directes et sous-jacentes, Major Général ?

Professeur associé, Dr. Major-général Le Van Cuong:La cause directe est née de la « guerre » médiatique entre les partis, après que l'Agence de presse d'État du Qatar a publié la déclaration du roi sur la politique étrangère du pays, qui a été immédiatement considérée par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l'Égypte comme incompatible avec les intérêts communs du bloc, ainsi que des accusations selon lesquelles le Qatar soutenait les forces terroristes autoproclamées de l'État islamique (EI) et d'Al-Qaïda.

Selon les accusations de l'Arabie saoudite, les dirigeants du Qatar semblent vouloir conseiller aux pays du Golfe de ne pas imposer d'embargo ni de punir l'Iran, une puissance islamique régionale.

Bien que le gouvernement qatari ait nié que son réseau ait été piraté, ces allégations ont été rapportées à plusieurs reprises par les médias d'Arabie saoudite, d'Égypte et des Émirats arabes unis, provoquant l'indignation sur les réseaux sociaux.

Ces mesures interviennent alors que l'Arabie saoudite cherche à former une coalition de pays musulmans sunnites pour affronter l'Iran (islam chiite), tandis que le Qatar appelle à une amélioration des relations avec l'Iran. Les pays du Golfe jugent cette situation « inacceptable » et ont publié une déclaration commune : « Le Qatar doit être puni comme il se doit. »

La cause sous-jacente découle des divergences politiques entre le Qatar et les pays arabes, notamment autour de la question de l'organisation islamique Daech. De plus, le Qatar entretient des relations économiques amicales et favorables avec l'Iran, notamment en ce qui concerne l'exploitation d'importants gisements gaziers dans cette région du Moyen-Orient.

La guerre diplomatique entre les pays du Golfe et le Qatar est également née de conflits ethniques et religieux entre les musulmans chiites, pro-Iran, et les musulmans sunnites, soutenus par l'Arabie saoudite. Cette situation a profondément divisé le monde arabe, créant une concurrence entre les pays arabes, notamment entre deux courants différents de l'islam.

Doha, capitale du Qatar. Photo : EPA

PV : Lors de son voyage au Moyen-Orient en mai dernier, le président américain Donald Trump semble avoir commis une grave erreur dans ses déclarations. Pourriez-vous clarifier ce point ?

Professeur associé, Dr. Major-général Le Van CuongLors de son premier voyage à l'étranger depuis son investiture le 21 mai, le président Donald Trump a prononcé un discours devant les dirigeants de 50 pays musulmans, affirmant que Washington souhaitait renforcer la coopération dans la lutte contre l'organisation État islamique. Les États-Unis et les dirigeants saoudiens et leurs alliés sont solidaires dans la lutte contre le terrorisme.

Plus particulièrement, les déclarations de M. Trump ont présenté l'Iran comme la source du terrorisme ou le principal facteur d'instabilité au Moyen-Orient. Par conséquent, Trump a appelé les pays arabes sunnites à s'unir pour bloquer et isoler les pays chiites.

Ce sont les déclarations hâtives et erronées de M. Trump qui ont suscité le mécontentement du public aux États-Unis, car le dirigeant de la Maison Blanche n'a pas amélioré le conflit dans la région du Golfe, mais a au contraire approfondi les conflits ethniques et religieux de longue date.

PV : Comment la crise entre le Qatar et les pays du Golfe a-t-elle affecté cette fois-ci le rôle et les intérêts des États-Unis au Moyen-Orient, Major Général ?

Professeur associé, Dr. Major-général Le Van CuongPour les États-Unis, cette crise entre le Qatar et les pays du Golfe a un impact considérable. Outre la coopération économique dans le commerce du pétrole, les États-Unis bénéficient grandement du Golfe grâce à des contrats d'armement et à des activités militaires. Actuellement, la base aérienne d'Al-Udeid, au Qatar, est la plus grande base aérienne américaine au Moyen-Orient. Il est évident que le Qatar et les pays du Golfe sont tous des alliés des États-Unis.

Cependant, le soutien du Qatar à l'extrémisme et à l'Iran constitue le principal problème des États-Unis. L'opinion publique estime que le conflit entre le Qatar et ses voisins du Golfe est la conséquence de la récente visite du président américain Donald Trump dans les pays du Moyen-Orient. Cette visite a considérablement affaibli le rôle des États-Unis au Moyen-Orient.

Les États-Unis souhaitent avant tout faire de tous les pays du Golfe des alliés fidèles de cette superpuissance, sans l'influence de l'extrémisme ni de l'Iran. Mais cette crise a montré que Trump se tire une balle dans le pied et met les États-Unis dans une position difficile en transformant leurs alliés en ennemis, s'opposant les uns aux autres.

Le président Donald Trump a entraîné les États-Unis dans le chaos du Moyen-Orient. Photo : internet

PV : Même la Russie et la Chine ont pris des mesures pour participer à la résolution des conflits au Moyen-Orient. Cette crise a-t-elle eu un impact significatif sur les intérêts de ces pays, Major Général ?

Professeur associé, Dr. Major-général Le Van CuongCette crise a des répercussions sur la Chine et la Russie en raison de leurs intérêts économiques. Le Qatar est une péninsule s'avançant dans la mer Rouge, située sur l'axe routier chinois « la Ceinture et la Route ». Par conséquent, son isolement a eu un impact significatif sur l'initiative chinoise « la Ceinture et la Route ». De plus, le Qatar est également un partenaire de la Chine dans l'exploitation du gaz naturel liquéfié.

À l'instar de la Chine, la Russie a des intérêts stratégiques concrets, actuels et à long terme, dans cette région, dont la mise en œuvre ne peut qu'être affectée par la crise actuelle autour du Qatar. La Russie, pays qui joue un rôle actif dans la lutte antiterroriste dans la région, a également exprimé l'espoir que ces tensions diplomatiques n'entraveront pas les efforts et la détermination visant à « éradiquer » le terrorisme à l'échelle mondiale.

PV : Cette crise sera-t-elle donc bientôt résolue, Major Général ?

Professeur associé, Dr. Major-général Le Van CuongCe qui se passe montre que les pays du Golfe arabe sont confrontés à des désaccords majeurs et difficiles à apaiser. Pour résoudre le conflit, le Qatar devra d'abord « céder ». Cela ne signifie pas pour autant que le Qatar agira unilatéralement, mais que les pays arabes devront également accepter des concessions. Car après tout, aucun pays ne tire profit de tensions prolongées.

De nombreuses grandes puissances régionales et mondiales, telles que les États-Unis, la Russie, la Chine et l'UE, ont exprimé leur soutien aux pays concernés pour qu'ils prennent rapidement des mesures visant à contenir la montée des tensions. Parallèlement, elles coopéreront pour résoudre progressivement le conflit. Par conséquent, une guerre militaire entre le Qatar et les pays du Golfe est exclue.

PV : Merci, Major Général !

L'Amérique et la Russie

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