Pourquoi les agriculteurs manifestent-ils dans toute l’Union européenne ?
(Baonghean.vn) - Chaque État membre de l'Union européenne est confronté à ses propres problèmes, mais le mouvement de protestation qui se propage à travers le continent reflète un message commun : les agriculteurs ne peuvent pas supporter le fardeau des politiques économiques et climatiques.

Les agriculteurs protestent dans toute l’Union européenne contre les taxes gouvernementales, la bureaucratie, les réglementations environnementales et la concurrence des importations alimentaires bon marché en provenance de pays comme l’Ukraine.
Des manifestations ont lieu depuis des semaines dans des pays comme la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne, l’Italie et la Grèce.
Selon Reuters, les agriculteurs français ont manifesté bruyamment dans les rues de Paris le 23 février. Des dizaines de tracteurs sont entrés dans la capitale, klaxonnant et brandissant des banderoles : « Monsieur Macron, vous semez le vent, attention à ne pas récolter la tempête. » Ces actions des agriculteurs français visent à avertir le président Emmanuel Macron qu'il aura des difficultés à inaugurer une grande exposition le 24 février, dans un contexte de colère face aux coûts et à la bureaucratie gouvernementale.
Chaque État membre de l’Union européenne est confronté à ses propres problèmes, mais les manifestations qui se propagent à travers le continent reflètent un message commun : les agriculteurs ne peuvent pas supporter le fardeau des politiques économiques et climatiques.
Problèmes d'importation
Les manifestations des agriculteurs en Europe de l'Est se sont concentrées sur la concurrence déloyale, avec d'importants volumes d'importations en provenance d'Ukraine - un pays exempté des quotas et des tarifs de l'UE depuis le début du conflit avec la Russie.
Des agriculteurs polonais ont bloqué toutes les routes à la frontière avec l'Ukraine. Kiev a critiqué cette mesure, estimant qu'elle affectait les capacités de défense de l'Ukraine et favorisait les objectifs de la Russie.
Pendant ce temps, les agriculteurs de la République tchèque ont conduit leurs tracteurs vers le centre de la capitale Prague, perturbant la circulation autour du ministère de l'Agriculture.
Les agriculteurs sont en colère et protestent contre les importations en provenance d'Ukraine, qui, selon eux, exercent une pression sur les prix du marché en Europe, tout en ne respectant pas les normes environnementales imposées aux agriculteurs de l'UE.
La reprise des négociations en vue de la signature d'un accord commercial entre l'UE et le bloc sud-américain a également suscité des inquiétudes quant à une concurrence déloyale sur des produits alimentaires tels que le sucre, les céréales et la viande.

Frais et procédures
Les agriculteurs ont contesté des réglementations trop strictes, principalement au niveau syndical. Par exemple, l'obligation de réserver 4 % des terres agricoles pendant une période donnée afin de permettre aux écosystèmes de se reconstituer.
Les agriculteurs français affirment ne pas percevoir suffisamment de revenus et être freinés par des réglementations environnementales trop strictes.
En Espagne, les agriculteurs se plaignent de la « bureaucratie étouffante » à Bruxelles, qui érode les profits des cultures agricoles.
En Grèce, les agriculteurs réclament des subventions plus élevées et une indemnisation plus rapide pour les dommages aux cultures et les pertes de bétail causés par les inondations de 2023.

Les coûts du carburant augmentent
En Allemagne et en France, les plus grands producteurs agricoles de l'UE, les agriculteurs ont protesté contre le projet du gouvernement de mettre progressivement fin aux allégements fiscaux sur le carburant diesel pour les agriculteurs.
De même, les agriculteurs grecs et roumains souhaitent également réduire les taxes sur le diesel, pour protester contre les prix élevés du carburant.
Que font les gouvernements ?
Face aux protestations généralisées, la Commission européenne (CE) a proposé, fin mars, de restreindre les importations agricoles en provenance d'Ukraine en appliquant un « frein d'urgence » sur les produits « les plus sensibles » tels que la volaille, les œufs et le sucre. Cependant, les producteurs estiment que le volume des importations reste trop élevé.
La Commission européenne a également reporté à 2024 l'entrée en vigueur du règlement sur les terres en jachère pour les agriculteurs. Ce règlement n'obligera plus les agriculteurs à maintenir 4 % de leurs terres en jachère tout en continuant à bénéficier des subventions européennes. Ils devront désormais cultiver sans utiliser de pesticides.
Le Premier ministre français Gabriel Attal a annoncé des mesures comprenant des contrôles pour garantir que les aliments importés ne contiennent pas de traces de pesticides interdits en France ou dans l'UE, ainsi que des négociations pour augmenter les prix pour les agriculteurs et assouplir les réglementations et les formalités administratives.
Les gouvernements européens ont pris des mesures pour apaiser la situation. La France et l'Allemagne ont toutes deux allégé la pression et annulé les hausses de taxes sur le diesel. En Roumanie, le gouvernement a décidé d'augmenter les subventions au diesel, de s'attaquer aux assurances et d'accélérer le versement des subventions.
Au Portugal, le gouvernement a annoncé un plan d'aide d'urgence de 500 millions d'euros, dont 200 millions d'euros pour atténuer l'impact de la sécheresse prolongée.