L'« arme » de réélection du président Poutine avant l'heure G

Le président Vladimir Poutine. Photo : PBS

Le parti de Poutine

Cette année, le président Poutine se présente comme candidat indépendant et n'est affilié à aucun parti russe. Il bénéficie toutefois du soutien « tacite » du parti Russie unie, présidé par l'ancien président Dmitri Medvedev. Russie unie est également le parti politique qui détient le plus grand nombre de sièges à la Douma (chambre basse du parlement russe).

Plateforme politique

M. Poutine a été président de la Russie pendant 14 ans et Premier ministre pendant 4 ans. Avant d'entrer en politique, il était espion pour le KGB et a travaillé de nombreuses années comme agent de renseignement à Dresde, dans l'ex-Allemagne de l'Est.

En 1991, M. Poutine était actif au sein du mouvement pro-démocratie à Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg). Il a travaillé pendant cinq ans comme assistant d'Anatoly Sobtchak, premier maire élu de Saint-Pétersbourg.

Après l'échec de M. Sobtchak à sa réélection en 1996, M. Poutine s'est installé à Moscou et est devenu chef de cabinet adjoint du défunt président Boris Eltsine. Quelques années plus tard, M. Poutine lui a succédé.

Expérience politique

Ayant dirigé la Russie pendant de nombreuses années, le président Poutine est un dirigeant doté d'une vaste expérience politique. À son arrivée au pouvoir, Poutine a hérité d'une Russie confrontée à de nombreuses difficultés. En 1998, la Russie était encore un « débiteur » international alors que le conflit en Tchétchénie éclatait.

Poutine a rapidement mis fin à la guerre de Tchétchénie et a relancé l'économie russe, profitant de la hausse des prix des ressources, notamment du pétrole et du gaz. Il a également rétabli le contrôle de l'État sur les industries clés du pays.

Au cours de son deuxième mandat présidentiel (2004-2008), M. Poutine s’est concentré sur la consolidation du système, tout en soutenant M. Medvedev comme son remplaçant pour le prochain mandat de direction, car la constitution russe stipule que chaque président ne peut exercer le pouvoir que pendant un maximum de deux mandats.

Après quatre ans au poste de Premier ministre, soit son troisième mandat présidentiel, la popularité de Poutine a explosé. Durant cette période, Poutine a également affirmé la politique étrangère de la Russie malgré les difficultés économiques. L'un des événements les plus marquants de son mandat a été la décision d'annexer la péninsule de Crimée à la Russie en 2014. Cependant, depuis lors, Moscou a dû subir une série de sanctions de la part des pays de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

Idéologie

Le président Poutine et le président américain Donald Trump se sont entretenus en Allemagne en 2017. Photo : AFP

L'idéologie de Poutine est réputée complexe, mais elle peut être décrite comme une position de « la Russie d'abord ». À son arrivée au pouvoir, le président Poutine était pro-occidental et cherchait à établir de bonnes relations avec l'Europe et les États-Unis. C'est la raison pour laquelle il a soutenu les États-Unis après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 et lors de la guerre qui a suivi en Afghanistan. Cependant, Poutine s'est par la suite fermement opposé à la décision de l'ancien président américain George W. Bush et de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair d'entrer en guerre en Irak.

À mesure que l'influence de l'OTAN se rapproche des frontières de la Russie, la position du président Poutine s'est durcie. Ces dernières années, ses vues se sont largement concentrées sur la souveraineté nationale. Cela a conduit la Russie à se rapprocher de la Chine et à s'éloigner de ses anciens partenaires du G8.

En personne, M. Poutine est toujours considéré comme un dirigeant plutôt libéral selon les critères russes, malgré l'image contraire que l'Occident en donne. Outre le christianisme, M. Poutine a conservé des opinions bienveillantes envers les communautés juive et musulmane, ainsi que d'autres groupes ethniques.

Politique

La semaine dernière, le président Poutine a profité de son discours sur l'état de la nation pour exposer les grandes lignes de son quatrième mandat présidentiel, avant les élections russes. Il a appelé à investir dans les technologies et s'est engagé à réduire de moitié le taux de pauvreté en Russie d'ici six ans. Il a également promis des centaines de milliards de dollars pour de nouveaux projets d'infrastructures.

Le président Poutine ambitionne également de faire de la Russie la cinquième économie mondiale, dépassant l'Allemagne. La Russie se classe actuellement au sixième rang en termes de parité de pouvoir d'achat (PPA). Une autre politique ambitieuse de Poutine est de prolonger l'espérance de vie moyenne de sa population à 80 ans, surpassant ainsi celle des États-Unis.

Faiblesses

Le président Poutine prononce son message fédéral avant les élections russes. Photo : Reuters

Le président Poutine a refusé de participer à des débats télévisés avec d'autres candidats aux élections russes, ce qui donnerait théoriquement à ses adversaires une chance d'atteindre les électeurs plus directement et de faciliter leur participation.

En outre, plusieurs autres facteurs pourraient influencer les chances de M. Poutine de remporter les élections, notamment le désir d'un nouveau visage sur la scène politique russe après son long mandat au pouvoir et les allégations de corruption au sein de son cabinet. Par ailleurs, la stagnation du niveau de vie de la population russe ces dernières années a également entamé la crédibilité du président Poutine. Cependant, le retour récent de la croissance économique a apaisé les inquiétudes du peuple russe.

Taux d'approbation

Les sondages récents montrent que M. Poutine est largement en tête, avec 67 à 70 % des électeurs qui le soutiennent. Cela constitue un avantage considérable pour l'actuel président russe avant le scrutin du 18 mars.