Tensions dans l'est de l'Ukraine : craintes d'un conflit militaire
Pourquoi les tensions dans l’est de l’Ukraine se sont-elles intensifiées à ce point et quel est le goulot d’étranglement qui maintient le processus de paix dans cette région dans l’impasse ?
L'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 a déclenché l'affrontement le plus tendu entre la Russie et l'Occident depuis la guerre froide, et le renforcement des forces russes à la frontière avec l'Ukraine a fait craindre que les deux parties ne soient entraînées dans un conflit militaire.
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Des militaires ukrainiens et un char à Lyssychansk, dans l'est de l'Ukraine, le 7 avril. Photo : AFP |
Pourquoi les tensions s’intensifient-elles dans l’est de l’Ukraine ?
Le renforcement des forces russes en Crimée et à la frontière avec l'Ukraine a suscité des inquiétudes après l'escalade des combats entre séparatistes et troupes ukrainiennes dans l'est du pays. Le gouvernement ukrainien a également démenti les accusations russes, Moscou affirmant que Kiev préparait une nouvelle offensive.
Certains analystes affirment que Poutine teste l'administration Biden ou tente d'envoyer un avertissement plus sévère à l'Ukraine, qui a vu son président, Volodymyr Zelensky, prendre une mesure difficile dans ce que beaucoup en Russie considèrent comme une décision difficile visant à fermer les chaînes de télévision pro-russes.
Un accord de paix de 2015 a mis fin aux combats les plus sanglants d'un conflit de sept ans qui a fait 13 000 morts. Mais ses termes n'ont jamais été pleinement appliqués et ont parfois été détournés. Une question qui domine le conflit est de savoir si l'Ukraine se dirige vers l'est ou vers l'ouest.
Certains ont appelé à une rupture totale avec le passé soviétique après l'éviction de l'ancien président Viktor Ianoukovitch en 2014. Mais la Russie a ensuite annexé la Crimée et soutenu les forces armées dans l'est de l'Ukraine, arguant que Moscou devait protéger les russophones où qu'ils se trouvent. Le président Poutine s'oppose également aux objectifs à long terme de l'Ukraine, notamment son adhésion à l'Union européenne et à l'OTAN.
Point de blocage dans l'accord de paix en Ukraine
Bien que le président Zelensky soit arrivé au pouvoir en promettant d'instaurer une paix durable dans l'est de l'Ukraine, ses chances d'y parvenir sont minces. Le Kremlin souhaite que la région dispose d'un droit de veto sur les changements majeurs en Ukraine, comme son rattachement à l'Occident. Or, accorder un tel pouvoir à la région serait un suicide politique pour Zelensky, qui peine à gérer la pandémie de Covid-19 et à honorer d'autres engagements, comme la lutte contre la corruption.
Entre-temps, le président Poutine a déclaré à plusieurs reprises qu'il considérait les ambitions de l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN comme une menace existentielle et qu'il ne voyait aucune raison de reculer sur ce point. Des erreurs de calcul de l'une ou l'autre des parties pourraient déclencher des combats incontrôlables dans l'est de l'Ukraine.
Réaction occidentale
Les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par le renforcement militaire de la Russie le long de la frontière ukrainienne, alors que le président du pays s'est personnellement rendu sur la ligne de front orientale.
Selon la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, le nombre de soldats russes à la frontière avec l'Ukraine est désormais plus élevé qu'à n'importe quel moment depuis 2014, lorsque la guerre dans l'est de l'Ukraine a éclaté et que la Russie a annexé la Crimée.
Les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par la récente escalade des tensions dans l'est de l'Ukraine, notamment par l'activité militaire russe le long de la frontière ukrainienne. Ce sont des signes profondément inquiétants.
La chancelière allemande Angela Merkel a également appelé la Russie à réduire le nombre de ses troupes le 8 avril. Lors d'un entretien téléphonique avec le président russe Poutine, Merkel l'a exhorté à réduire le déploiement militaire à la frontière afin d'« apaiser les tensions ».
Avec la France et l’Allemagne, l’Ukraine et la Russie font partie du groupe Normandie, qui cherche à résoudre le conflit, mais ces efforts ont échoué.
Les alliés occidentaux de l'Ukraine ont mis en garde à plusieurs reprises la Russie contre toute nouvelle action susceptible d'aggraver les tensions. Le Kremlin n'a pas nié ces actions militaires, mais a insisté sur le fait que Moscou « ne menace personne ».