Assister au petit-déjeuner des riches fonctionnaires du district, réfléchir à la vertu de l'honnêteté
L'image d'un petit-déjeuner de quelques fonctionnaires dans un district réputé comme le plus riche du pays, se déroulant selon un « scénario » inquiétant, m'a laissé avec beaucoup de réflexions.
Tôt le matin, j'avais rendez-vous dans un café au coin du 1er arrondissement. De l'autre côté de la rue, il y avait des restaurants-terrasses ; les clients portaient l'uniforme du Parquet, la chemise bleue de l'Union des jeunes ; quelques personnes portaient des vêtements de bureau ; certains sortaient de l'étude notariale d'en face…
Tout le monde aspirait bruyamment ses nouilles, hu tieu… quand le serveur a crié d'une voix forte : « Police, police ! », provoquant un tumulte général au coin de la rue. Certains mangeaient debout avec leur bol, d'autres reculaient une chaise en plastique contre le mur, une main tenant un bol et l'autre tenant des baguettes et une cuillère dans une position inconfortable, d'autres encore se levaient pour payer, le regard vide fixé sur les miliciens qui descendaient précipitamment d'un pick-up…
Également à ce coin de rue, une fois je me suis arrêté pour acheter une miche de pain, j'ai vu un homme portant un uniforme d'ordre urbain également arrêté pour acheter, il est venu après moi mais le propriétaire du magasin a souri "faussement", lui a donné la priorité pour aller au magasin en premier...
L'image d'un petit-déjeuner de quelques fonctionnaires dans un quartier réputé pour sa richesse, se déroulant selon un scénario inquiétant, m'a laissé perplexe. Pensées sur la dignité humaine, réflexions sur une institution de gestion urbaine non scientifique, aux multiples termes, et ses conséquences… Je me suis demandé : « Combien de temps cela va-t-il durer ? »
Après quelques minutes de "bruit bruyant", le propriétaire du restaurant a été réprimandé par les agents de la sécurité urbaine... lorsque la voiture s'est éloignée, le restaurant est revenu à la normale, les clients et les propriétaires ont appelé pour commander de la nourriture, payer les factures, les gens et les véhicules allaient et venaient avec empressement.
Illustration : Scène d'un restaurant empiétant sur le trottoir du District 1. Source : Journal Tin Tuc |
Après le rendez-vous, j'ai remonté une autre rue et j'ai vu un chauffeur de taxi ouvrir sa portière et uriner sur le trottoir. Quelques piétons, dont une étrangère, ont rapidement fait demi-tour pour descendre la rue afin d'éviter cette scène embarrassante !
Un autre cliché : il n'y a pas longtemps, j'ai emmené une connaissance à l'aéroport pour rentrer chez elle. De retour à l'étranger, il m'a envoyé un texto pour me dire qu'il était allé aux toilettes de l'aéroport de Tan Son Nhat. En regardant autour de lui, là où se trouvent habituellement les vêtements sur la porte, il n'a vu que deux trous de clous. Il m'a envoyé une photo des deux trous de clous visibles et a souri !
Votre histoire m'a fait prendre conscience de la situation. Un jour, en entrant dans un immeuble de bureaux réputé, en allant aux toilettes, j'ai remarqué que non seulement le cintre, mais aussi la poignée de porte avaient disparu. Lorsque j'ai eu l'occasion de manger ou de faire des achats dans certains espaces de premier ordre… la situation était la même. Interrogé, un agent de sécurité a souri légèrement et a dit : « Ça fait longtemps, ça a disparu sans laisser de trace ! »
J'ai lu une fois sur VietnamNet une enquête de l'Université de Nottingham (Royaume-Uni) montrant que les Vietnamiens sont en bas de la liste en termes d'honnêteté, avec les Chinois, les Tanzaniens... L'étude montre également que les gens ont tendance à être plus honnêtes dans les sociétés où il y a moins de corruption, d'évasion fiscale et de fraude politique...
La malhonnêteté se manifeste à de nombreux niveaux, érodant la confiance envers les citoyens et le gouvernement. Parmi les plus petits, on trouve le vol d'un cintre ; parmi les plus graves, on trouve la petite corruption dans les lieux publics, le contrôle de la circulation par la police ; parmi les plus graves, on trouve la protection des jeux d'argent, la corruption déguisée parmi ceux qui luttent contre la criminalité et la corruption…
Dans la ville, de nombreux projets, petits et grands, ont été et sont en cours de réalisation, magnifiques et majestueux… Les blocs de béton secs, en forme de boîte d'allumettes, atteignent rapidement des sommets ; plus ils sont élevés, plus vite ils deviennent millionnaires, voire milliardaires. Le projet de ville intelligente est également finalisé en urgence par la ville pour être mis à l'essai, les premiers quartiers étant les 1er et 12e arrondissements.
Mais les cintres dans les toilettes continuent d'être volés, les repas des fonctionnaires sont pleins d'insécurité, et les rues seront encore remplies de déchets après un festival...
La ville manque cruellement d'œuvres architecturales humanistes et souffre d'un manque criant d'espaces verts, de rivières et de lacs. Même les édifices religieux récemment construits sont perçus comme ostentatoires, tandis que de nombreux « terrains dorés » tombent aux mains d'investisseurs dont les paroles et les actions sont contradictoires en termes de vision et de responsabilité sociale.
Je n'ai pas pu donner de conseils à un étudiant lorsqu'il m'a confié : Le sujet de dissertation que vous avez donné est « écrivez sur un beau souvenir associé à l'endroit où vous vivez », j'y réfléchis depuis longtemps mais je n'arrive pas à trouver de nom de lieu à écrire, est-ce que je peux « l'inventer » ?
Je me souviens qu'au cours d'un atelier sur la construction d'Hô-Chi-Minh-Ville pour en faire une « ville où il fait bon vivre », un expert suggérait que pour bâtir une ville où il fait bon vivre, il était nécessaire d'abord de bien organiser la vie spirituelle des citadins. Selon lui, la ville est désordonnée, chaotique et incivilisée, car le développement culturel et humain ne suit pas le rythme de l'urbanisation et manque de style industriel.
Vraiment ! Perdons-nous notre sang-froid dans la course aux objectifs économiques et négligeons-nous la tâche de moderniser les « infrastructures humaines », ignorant les exigences humanistes… ? Aucune force mécanique ne peut gérer efficacement les activités urbaines si chaque citoyen ne maîtrise pas sa propre conscience !