La guerre en Syrie alimente-t-elle une guerre froide version 2.0 entre la Russie et l’Occident ?
(Baonghean.vn) - La frappe aérienne éclair de la coalition américano-française-britannique sur la Syrie le week-end dernier a clairement démontré une nouvelle escalade dans la confrontation russo-américaine.
Une frappe aérienne est-elle nécessaire ?
L'attaque menée par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France contre la Syrie le 14 avril, sous prétexte de punir l'utilisation d'armes chimiques, était prévisible depuis longtemps. Les déclarations du président américain Donald Trump et des dirigeants de nombreux pays occidentaux ont accéléré l'événement au point qu'il a été forcé de se produire.
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Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont lancé plus de 100 missiles sur la Syrie. Photo : abc7 |
Le seul sujet d'inquiétude réside dans l'ampleur et l'ampleur de cette action militaire visant à dissuader le gouvernement syrien et ses alliés et à empêcher une escalade. Ce qui vient de se passer a confirmé l'opinion des analystes selon laquelle la campagne militaire des trois pays occidentaux revient essentiellement à « se battre parce qu'ils l'ont dit », autrement dit, l'attaque du matin du 14 avril contre la Syrie est désormais sans retour.
Cette évaluation intervient alors que les États-Unis ont annoncé la fin de l’attaque après plus d’une heure de frappes aériennes dans ce que le président Trump a qualifié de « frappe de précision ».
L’annonce ultérieure par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian d’une relance « immédiate » d’un processus politique pour mettre fin au conflit actuel en Syrie a encore renforcé cet argument.
De toute évidence, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ne veulent pas d’une action militaire trop importante, qui pourrait créer un tournant dangereux pour la situation en Syrie, créant ainsi davantage d’excuses pour que les « principaux acteurs » déjà présents ici, la Russie et l’Iran, se joignent à eux.
Les intérêts interdépendants et le bras de fer qui règne dans la région géostratégique obligent toutes les parties à être extrêmement prudentes dans chacune de leurs actions afin de garantir les intérêts nationaux et de se maintenir dans un seuil de sécurité approprié.
L'attaque des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France contre la Syrie en réponse à l'attaque que l'Occident soupçonnait d'être l'utilisation d'armes chimiques par le gouvernement du président Bachar al-Assad contre des civils est un acte qui va à l'encontre des règles et des normes de la communauté internationale.
L’excuse utilisée par les États-Unis pour justifier leurs actions n’est qu’un sophisme, car jusqu’à présent, l’attaque présumée aux armes chimiques dans la ville de Douma, un bastion de l’opposition dans la Ghouta orientale il y a une semaine, n’a pas été vérifiée.
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Des sites syriens attaqués par des missiles américains, britanniques et français. Photo : Vox |
Même les experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), envoyés pour enquêter sur l'incident, n'ont pas encore mis les pieds à Douma. La Russie vient également de présenter des preuves de la possibilité que certaines forces aient « fabriqué » cette attaque afin d'en accuser le gouvernement syrien.
Cette possibilité n’est pas sans fondement, car cette attaque présumée aux armes chimiques a été évoquée par des groupes opposés au gouvernement de Damas dans le contexte où l’armée syrienne contrôle presque entièrement les zones de la Ghouta orientale et de Douma, ne pourchassant qu’un petit groupe d’opposants armés restants retranchés là-bas.
La ligne mince
De toute évidence, les États-Unis et leurs alliés ont de nombreux motifs d'attaquer la Syrie alors que la confrontation avec la Russie atteint son paroxysme. La présence russe en Syrie a jusqu'à présent rendu tous les plans américains dans ce pays infructueux.
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Armée de l'air russe à la base de Hmeymim, en Syrie. Photo : Reuters |
Le soutien de Moscou au gouvernement de Damas dans la lutte contre l’État islamique autoproclamé et dans la lutte contre les groupes rebelles est inacceptable pour l’Occident à l’heure actuelle.
La perspective de voir des groupes rebelles perdre la majeure partie de leur territoire et même devenir isolés est quelque chose que les États-Unis et leurs alliés ne veulent pas voir, car cela marque l’échec de la politique occidentale dans ce pays du Moyen-Orient.
C'est la présence militaire russe ici, ainsi que son soutien au gouvernement syrien dans sa lutte contre les rebelles et les terroristes, qui pose problème. Elle empêche les États-Unis d'être forts, même en cas d'intervention militaire. La récente frappe aérienne l'a prouvé.
Dans une déclaration après l'attaque, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déclaré que l'atmosphère de la guerre froide était revenue en force.
La confrontation entre la Russie et les États-Unis a commencé en 2014 et n'a cessé de s'aggraver depuis, culminant avec l'attaque menée par les États-Unis le 14 avril. L'administration Donald Trump continue de blâmer le gouvernement syrien et ses alliés russes pour la catastrophe, et les États-Unis se réservent donc le droit d'intervenir s'ils le jugent nécessaire, malgré la possibilité d'un affrontement avec la Russie sur le champ de bataille syrien.
Le président russe Vladimir Poutine a qualifié cette attaque de violation de toutes les normes internationales. Moscou considère que l'objectif de l'attaque contre la Syrie est de saper les efforts déployés par la Russie pour aider ce pays du Moyen-Orient et, ainsi, de contraindre la Russie à la « soumission ».
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La Russie et l'Occident entrent-ils dans la version 2.0 de la Guerre froide ? Photo : Reuters |
Et cette confrontation a pour la première fois atteint un point critique : la « crise des missiles » approche. Une simple erreur de calcul ou une défaillance technique pourrait aggraver la situation bien plus que ce qui s'est produit samedi 14 avril. La manière dont les États-Unis ont géré la situation en Syrie crée clairement un risque très élevé de confrontation militaire directe entre les forces russes et américaines. C'est inquiétant pour le monde entier.
Alors que la Russie est renforcée par les sanctions et son isolement vis-à-vis de l'Occident, mené par les États-Unis, on assiste à une confrontation à grande échelle. Et il est facile de constater que la version 2.0 de la Guerre froide entre Washington et Moscou est très différente de l'originale, en ce sens qu'il n'y a ni symétrie, ni équilibre, ni respect entre les parties. Cela crée le sentiment que les deux camps peuvent facilement laisser les choses aller trop loin et ne peuvent revenir à la situation initiale.
Le conflit en Syrie, et plus particulièrement les récentes frappes aériennes menées par les États-Unis, ne constitue pas la version la plus directe d'une confrontation américano-russe. Mais personne ne peut être sûr que la ligne ne sera pas franchie prochainement, les deux camps ayant épuisé leurs options l'un contre l'autre.