La loi révisée sur la presse doit « donner les moyens » à la presse de survivre dans l'environnement numérique.
Lors des débats sur la loi relative à la presse (modifiée), de nombreux députés de l'Assemblée nationale ont souligné la nécessité de clarifier le champ d'application des activités de la presse dans le cyberespace, tant la frontière entre journalisme professionnel et réseaux sociaux est floue. Il s'agit là d'un enjeu politique majeur et d'un défi quotidien pour les rédactions, qui s'efforcent de se transformer à l'ère numérique.
Rapide - correct - généralisé
D'un point de vue pratique, M. Phan Van Thang, rédacteur en chef adjoint du journal et de la radio-télévision Nghe An, a déclaré que le journalisme aujourd'hui consiste à poursuivre simultanément trois facteurs : rapidité, exactitude et large diffusion.
« La difficulté réside dans le maintien d'un équilibre entre ces trois éléments, car un seul facteur défaillant aura immédiatement des répercussions sur votre réputation », a-t-il déclaré.

M. Thang a expliqué que la plus grande pression qui pèse aujourd'hui sur les journalistes est la rapidité de la diffusion de l'information. Sur les réseaux sociaux, les nouvelles se propagent à une vitesse fulgurante ; en quelques minutes, tout le monde est au courant. Mais la presse, c'est différent : elle doit vérifier, authentifier et avoir une personne responsable. On ne peut pas ignorer la vérité au nom de la rapidité.
Il a raconté que lors des inondations de juillet 2025, la rumeur d'une « rupture de barrage » avait circulé en ligne, semant la panique parmi la population. « Nos journalistes ont immédiatement vérifié et confirmé qu'il s'agissait simplement d'un débordement d'eau, et non d'une rupture de barrage. L'information a été diffusée environ une demi-heure après sur les réseaux sociaux, mais elle était parfaitement exacte. Et c'est cette exactitude qui permet de maintenir la confiance du public. La rapidité est importante, certes, mais la confiance est la valeur essentielle à la survie de la presse », a souligné M. Thang.

Outre la pression de la rapidité, la presse est confrontée à une augmentation des fausses informations et des sources d'information non vérifiées. Chaque jour, la rédaction reçoit des centaines d'articles, d'images et de vidéos envoyés par des collaborateurs ou des particuliers, provenant pour la plupart des réseaux sociaux.
« Si les journalistes ne possèdent pas de compétences numériques et d'outils de vérification, il est facile de publier des informations erronées ou d'être exploités. Aujourd'hui, les journalistes savent non seulement filmer et monter, mais aussi vérifier les données, récupérer des images et utiliser des outils d'IA pour vérifier leurs sources d'information », a ajouté M. Thang.
Nécessité de lois d'accompagnement, et non de lois contraignantes
Face à ce défi, le journal et la radio-télévision Nghe An sont passés à un modèle de production convergent multiplateforme, où un journaliste peut simultanément produire des actualités radio et télévisées, des articles électroniques, des graphiques et de courtes vidéos pour les réseaux sociaux.
Grâce à cette nouvelle stratégie, la chaîne YouTube Nghe An TV compte désormais plus de 2,6 millions d'abonnés et cumule 772 millions de vues depuis début 2025, soit une augmentation de près de 30 % par rapport à l'année précédente. La page Facebook de Nghe An Television affiche plus de 650 000 abonnés, près de 500 millions de vues et 6 millions d'interactions, tandis que le journal électronique Nghe An enregistre en moyenne 3,5 à 4 millions de visites par mois, se classant ainsi parmi les deux premiers journaux locaux du Parti au niveau national.

« Ces chiffres reflètent le résultat, mais aussi la pression », a confié M. Thang. « Le public est très réactif aujourd'hui. Si vous n'êtes pas nouveau ou pertinent, il partira immédiatement. »
Cette réalité amène les agences de presse à espérer que la loi sur la presse (modifiée) créera un cadre juridique adapté aux activités pratiques dans le cyberespace.
Selon le rédacteur en chef adjoint Phan Van Thang, le projet de loi ajoutant les concepts d’« activités de presse sur le cyberespace », de « canal de contenu numérique » et de « plateforme de presse numérique nationale » va dans le bon sens, mais nécessite des orientations claires, en phase avec les nouvelles tendances de développement.
« Actuellement, toutes les agences de presse sont très présentes sur les plateformes numériques : nous avons 5 chaînes YouTube, 7 pages Facebook, 2 chaînes TikTok, 1 chaîne Zalo et un réseau d’applications et de sites web. Si chaque plateforme doit demander une autorisation distincte, ce n’est pas envisageable », a analysé M. Thang. « Il suffit que l’agence de presse soit responsable de toutes ses plateformes officielles et qu’elle publie les informations nécessaires pour que l’agence de gestion puisse les identifier et les faire respecter en matière de droits d’auteur. C’est suffisant. »
Concernant l’idée d’une « plateforme nationale de presse numérique », il a déclaré qu’il s’agissait d’une politique positive si elle était mise en œuvre dans le bon sens : « S’il s’agit d’une infrastructure technique partagée permettant aux agences de presse de stocker, de sécuriser et de transmettre l’information, c’est indispensable, notamment pour la presse locale. Mais si elle se transforme en un portail de censure de contenu, elle étouffera la créativité. L’esprit de la loi doit être ouvert, émancipateur et facilitateur, et non pas ajouter des procédures supplémentaires. »
L’espoir d’être « autonomisé » pour que le journalisme puisse survivre dans l’environnement numérique
Lors des séances de discussion, de nombreux délégués ont également partagé des préoccupations similaires : il est nécessaire d’éviter d’« administrativeiser » le journalisme numérique tant que le mécanisme de gestion reste archaïque.

M. Thang a déclaré que la solution ne consiste pas à délivrer davantage de licences, mais à gérer la situation grâce aux données, à la technologie et à la responsabilité.
« Nous gérons actuellement l'ensemble de la plateforme de manière centralisée grâce à un système de gestion de contenu convergent, avec journaux de publication, contrôle du contenu et sauvegardes des données. Cela nous permet de garantir la transparence sans procédures administratives supplémentaires », a-t-il déclaré. Selon lui, la loi devrait viser une gestion fondée sur des normes professionnelles, l'éthique et la technologie ; c'est le seul moyen de contrôler efficacement tout en encourageant la créativité.
Du point de vue politique, M. Thang a souligné trois points essentiels pour que la presse locale puisse « vivre » dans l'environnement numérique.
Premièrement, il faut permettre aux agences de presse d'exploiter directement la publicité, de coopérer à la production de contenu et d'échanger des données sur les plateformes numériques, le tout dans un cadre réglementaire clair et transparent. « Actuellement, la majeure partie des revenus publicitaires en ligne va aux plateformes étrangères, tandis que la presse nationale produit du contenu mais n'en tire que très peu de revenus », a-t-il déclaré.
Deuxièmement, il est nécessaire de protéger les droits d'auteur de la presse au moyen d'outils spécifiques, tels que le « Portail national d'inspection des infractions aux droits d'auteur de la presse », afin d'empêcher la copie et la republication sans citer la source.

Troisièmement, il y a la politique de soutien à la transformation numérique des journaux locaux – qu’il s’agisse des infrastructures, des ressources humaines ou de la technologie.
« Nous avons investi massivement dans la transformation numérique : studio virtuel 4K, système de gestion de contenu convergent, automatisation de la diffusion, application de l’IA à l’information… mais nos ressources restent très limitées. Le service ne couvre que 10 à 30 % de ses dépenses courantes. Si des mesures de soutien spécifiques étaient mises en place, la presse locale pourrait se développer de manière plus durable », a-t-il déclaré.
Du point de vue d'une rédaction à la pointe de la transformation numérique, M. Thang a affirmé :
« La loi révisée sur la presse doit donner aux médias les moyens de survivre dans l'environnement numérique, et non se limiter à la gestion. La presse doit se moderniser, assumer des missions politiques et assurer sa propre autonomie financière. Par conséquent, un environnement ouvert favorisant la créativité sera essentiel pour continuer à innover et mieux servir le public. »


