Le front d'Alep, point clé de la guerre en Syrie
(Baonghean) - Presque tous les conflits et problèmes de la guerre qui dure depuis plus de cinq ans en Syrie pourraient bientôt être résolus sur le front d'Alep. La présence de toutes les forces et de tous les leviers impliqués dans cette guerre rend la situation ici d'une complexité et d'une acuité sans précédent.
Plein de talent
Ce n'est pas un hasard si, ce week-end, la Turquie a procédé à de multiples tirs d'artillerie de l'autre côté de la frontière, principalement contre des cibles kurdes dans la province d'Alep, au nord de la Syrie. Non pas que la Turquie n'ait jamais eu l'intention d'intervenir dans la guerre civile chez son voisin, mais le choix de ce moment pour se lancer dans une aventure militaire est entièrement dicté par les circonstances.
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Les combats dans le nord de la Syrie, notamment à Alep, détermineront l'issue de la guerre qui dure depuis plus de six ans en Syrie. Photo : Townhall.com |
La Turquie s'inquiète en effet de l'avancée lente mais constante des forces pro-gouvernementales syriennes à Alep. Plus tôt ce mois-ci, avec l'aide de la Russie et de l'Iran, l'armée syrienne a coupé la route reliant la province d'Alep à la frontière turque, connue sous le nom de corridor d'Azaz.
En réalité, l'aviation russe poursuit ses frappes aériennes sur Alep depuis des mois. Au sol, les combattants irakiens et du Hezbollah, assistés de conseillers iraniens, progressent sur le champ de bataille.
De l'autre côté, les rebelles syriens, soutenus par les États-Unis, la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar, peinent à repousser les attaques des forces loyales au président Bachar el-Assad. Ces groupes rebelles et d'opposition sont considérés comme « célèbres » et comprennent des organisations extrémistes liées au réseau Al-Qaïda, comme le Front al-Nosra ou Ahram al-Sham.
Les Kurdes, alliés de la Russie et des États-Unis, profitent également du chaos pour étendre leur « territoire », tandis que les terroristes autoproclamés de l’État islamique (EI) sont toujours retranchés dans un certain nombre de petits villages.
L'implication de la Turquie dans les bombardements des 13 et 14 février intervient alors qu'elle craint qu'une fois que le régime de Bachar el-Assad aura chassé les rebelles le long de sa frontière, les forces kurdes ne les remplacent rapidement. Les Unités de protection du peuple kurde syrien (YPG) ont profité des frappes aériennes américaines et russes pour étendre leurs bastions dans l'est de la Syrie et maintenant à Alep.
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Le rôle des deux superpuissances, la Russie et les États-Unis, continuera d'influencer l'avenir de la paix dans ce pays du Moyen-Orient. Photo : Inquirer |
La menace posée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une faction politique qu'Ankara a qualifiée d'organisation terroriste, n'est pas invraisemblable. Si les Kurdes syriens contrôlaient le territoire, ils pourraient créer un État séparatiste aux frontières de la Syrie, de la Turquie et même de l'Irak au Moyen-Orient. C'est pourquoi Ankara a rapidement mobilisé ses forces, promettant de poursuivre son offensive jusqu'au retrait des YPG de la zone frontalière.
Le champ de bataille syrien, surnommé « Stalingrad », a vu se déployer une grande variété de combattants et de formes de guerre. Outre les combats terrestres le long du corridor frontalier avec la Turquie, les forces syriennes sont également confrontées à des zones densément peuplées où l'efficacité des armes lourdes est réduite et le risque de pertes élevé. Par conséquent, l'armée gouvernementale syrienne et ses alliés envisagent probablement un durcissement progressif du siège afin de reprendre cet important bastion du nord.
L’évolution du champ de bataille décidera de l’issue du match.
Bien que le Conseil de sécurité de l’ONU ait adopté en décembre dernier un projet de résolution soumis par les États-Unis et la Russie pour promouvoir le processus politique en Syrie, peu de gens croient qu’une telle résolution puisse créer des mouvements positifs pour la guerre civile en Syrie.
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La bataille d'Alep entre dans sa phase la plus acharnée. Photo : Washington Post |
Le réseau de renseignement Debka estime qu'une solution politique pour la Syrie dépendra en grande partie de l'évolution de la situation sur le terrain, notamment dans le nord du pays, où des forces étrangères sont impliquées. En attendant, l'avenir politique du président Bachar el-Assad ne sera plus un facteur déterminant.
Cette appréciation est fondée, car le plan de paix n'envisage pas de mettre fin à la guerre civile qui dure depuis plus de quatre ans en Syrie, ni de contraindre le président Assad à démissionner. Il ne s'agit que d'une prémisse pour expliquer l'implication croissante de la Russie en Syrie.
De plus, la veille de l'adoption du projet de résolution par le Conseil de sécurité de l'ONU, les États-Unis ont retiré, le 17 décembre, les 12 chasseurs F-15 déployés sur la base aérienne d'Incirlik, en Turquie, un mois plus tôt. Cette action s'est produite au moment même où la Russie déployait des missiles de défense aérienne modernes Buk-M2 en Syrie, obligeant le Pentagone à cesser ses frappes aériennes dans le nord du pays.
Ces deux actions montrent que les États-Unis ont retiré leurs ressources militaires de la lutte contre l'EI en Syrie, laissant la Russie dominer le jeu en Syrie. Sans le soutien américain, il est difficile d'affirmer que les forces rebelles syriennes disposent de suffisamment de confiance et de ressources pour intensifier leurs contre-attaques et reconquérir du terrain.
Une fois le soutien aérien entre les mains de la Russie, il sera déterminant pour la guerre terrestre, dont la situation reste incertaine. L'armée gouvernementale syrienne et ses alliés disposent d'un avantage certain. Une fois que cette force aura pris le contrôle du champ de bataille et vaincu les groupes rebelles et terroristes, l'opinion publique pourra être assurée que le processus de transition politique vers la fin de la guerre civile syrienne progressera.
Thanh Son
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