Pourquoi les États-Unis ne peuvent-ils pas abandonner le Qatar ?
(Baonghean.vn)- Les messages contradictoires des Etats-Unis sur la crise du Qatar ont montré la nature complexe des accusations contre ce pays arabe riche en pétrole.
Les journalistes des médias du Moyen-Orient sont en conflit depuis que l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), l'Égypte et Bahreïn ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar le mois dernier, suite à des accusations selon lesquelles Doha soutiendrait les groupes terroristes EI, Al-Qaïda et les militants soutenus par l'Iran dans plusieurs pays du Golfe.
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L'émir du Qatar Al-Thani rencontre le président américain Donald Trump à Riyad, en Arabie saoudite, le 21 mai. Photo : AP |
Au vu de la configuration diplomatique américaine et des paroles et actions du Pentagone depuis l’éclatement de la crise du Qatar, il est clair que Washington prévoit de continuer à se coordonner étroitement avec tous les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour lutter contre le terrorisme.
Cependant, les messages contradictoires de l’administration américaine sur la crise du Qatar montrent la nature multiforme et complexe des accusations courantes contre cette nation arabe riche en pétrole.
De hauts responsables des deux Congrès ont critiqué Doha et Riyad, les considérant comme des éléments du problème. Sous le mandat du président Obama, les liens du Qatar avec le Hamas et d'autres groupes islamistes sunnites ont suscité de vives critiques de la part des parlementaires américains.
John Kerry, lorsqu’il était sénateur en 2009, a déclaré que « le Qatar ne peut pas continuer à être un allié des États-Unis et ensuite transférer de l’argent au Hamas ».
Le mois dernier, le président Donald Trump a accusé de hauts responsables à Doha de soutenir le terrorisme. Plus tôt ce mois-ci, en réponse aux treize exigences que les pays du Golfe ont demandé à Doha de mettre en œuvre, RC Hammond, conseiller en communication du secrétaire d'État américain Rex Tillerson, a admis qu'il s'agissait d'une « voie à double sens » et que « les mains ne sont pas propres ».
L'année dernière, les législateurs américains ont passé outre le veto du président Obama et adopté la loi JASTA (Justice Against Sponsors of Terrorism Act), qui impliquait le gouvernement saoudien dans les attentats du 11 septembre 2001. Candidat à la présidence, M. Trump a soutenu ce projet de loi, tout comme Hillary Clinton, même si l'avenir de la JASTA demeure incertain.
Lors de sa tournée diplomatique au CCG, le secrétaire Tillerson a déclaré que la réponse de Doha aux exigences des quatre États du Golfe était « très raisonnable », une démarche qui démontre clairement que la diplomatie américaine continue de considérer le Qatar comme un proche allié des États-Unis. De plus, les États-Unis et le Qatar ont signé un accord antiterroriste lors de la visite de Tillerson à Doha le 11 juillet.
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Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson rencontre son homologue qatari à Washington. Photo : AP |
En juin, les deux pays avaient conclu un contrat d'achat d'avions de combat de 12 milliards de dollars. Malgré les tweets du président Trump du mois dernier, Washington et Doha entretiennent de toute évidence des relations solides, les États-Unis s'opposant au blocus de Doha par les pays du Golfe.
Cet accord détourne-t-il l'attention de Riyad et des autres États du CCG ? Peut-être. Le Qatar peut désormais prétendre se conformer aux normes de Washington en matière de lutte contre le terrorisme.
Même des pays comme l'Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis seront contraints de signer des accords similaires ou d'expliquer les raisons de leur refus. Quoi qu'il en soit, la signature d'un accord antiterroriste par Washington et Doha compromettrait les efforts du quatuor du Golfe pour convaincre les États-Unis de considérer le Qatar à travers leur « piste ».
Face à tous les défis auxquels la Maison Blanche est confrontée, l’administration Trump s’est engagée à renforcer la coopération antiterroriste avec l’Arabie saoudite et le Qatar, et les États-Unis ont l’intention de forcer Riyad et Doha à négocier entre eux.
L’objectif de M. Tillerson est de renforcer la position des États-Unis et de leurs alliés arabes sunnites dans la lutte contre l’EI et d’autres groupes militants, ainsi que contre la montée en puissance de l’Iran.
Si les efforts diplomatiques pour parvenir à une résolution à la crise du Qatar s’avèrent vains, l’administration Trump sera confrontée à un climat plus difficile au Moyen-Orient, ce qui limitera la capacité de la Maison Blanche à atteindre ses objectifs régionaux.
Lan Ha
(Selon l'intérêt national)