Un satellite de « photographie fantôme » aide la Chine à traquer les avions furtifs américains

Les satellites espions chinois utilisant la technologie d'imagerie fantôme seraient capables de détecter les bombardiers furtifs américains B-2.

Les B-2 volent toujours de nuit pour éviter d'être détectés. Photo : USAF.

La Chine développe un satellite espion utilisant une technologie d'imagerie fantôme pour détecter les bombardiers furtifs américains sophistiqués. En cas de succès, ce projet pourrait révolutionner l'Asie de l'Est au cours des dix prochaines années, a rapporté le SCMP le 26 novembre.

Les physiciens chinois affirment que les techniques de camouflage actuelles, des écrans de fumée pour cacher les forces sur le champ de bataille aux matériaux absorbant les radars sur les avions furtifs et les navires de guerre, seront inutiles face à la technologie de photographie fantôme.

La technologie d'imagerie fantôme quantique offre une sensibilité sans précédent, basée sur le principe de détection de la faible quantité de lumière émise par des objets à très faible réflectivité, ainsi que de l'interaction de la cible avec la lumière ambiante. Cela permet à la technologie d'imagerie fantôme de recueillir davantage d'informations sur la cible que les méthodes traditionnelles.

Les satellites équipés de nouveaux capteurs optiques quantiques sont capables d’identifier et de suivre des cibles presque invisibles aux radars et aux capteurs optiques infrarouges, comme les bombardiers furtifs volant la nuit.

Le B-2 Spirit est actuellement le seul bombardier furtif au monde capable de mener des frappes stratégiques contre l'ennemi. Il vole principalement de nuit pour éviter les caméras optiques haute définition des satellites espions. Il est recouvert d'une peinture spéciale pour disperser ou absorber les ondes radar dans certaines bandes, et équipé de diverses technologies de diffusion thermique pour éviter les capteurs infrarouges. Le modèle B-21 en cours de développement conserve également ces technologies, mais est considérablement amélioré et devrait être mis en service dans l'US Air Force en 2025.

Gong Wenlin, directeur du Laboratoire d'optique quantique de l'Académie des sciences de Shanghai, qui a construit le prototype d'appareil d'imagerie fantôme par satellite, a déclaré que cette technologie est conçue pour forcer les avions furtifs comme le B-2 à se révéler. Le premier prototype devrait être lancé en 2020, avec pour objectif des essais spatiaux d'ici 2025 et un déploiement massif cinq ans plus tard.

La technologie a déjà été testée sur des systèmes terrestres. L'équipe de M. Wenlin rivalise avec des concurrents étrangers, dont le laboratoire de recherche de l'armée américaine, pour lancer le premier satellite d'imagerie fantôme au monde.

La Chine a testé cette technologie sur un système terrestre en 2011, trois ans avant les États-Unis. « Nous les avons battus au sol et sommes confiants de remporter la course à l'espace », a déclaré Wenlin.

Le satellite d'imagerie fantôme embarquera deux caméras et deux émetteurs laser. Illustration : Breaking Defense.

Les satellites d'imagerie fantôme seront équipés de deux caméras. La première dirigera un grand capteur d'images unique vers la zone suspecte, tandis que la seconde mesurera les variations de la lumière ambiante autour de la zone. La cible peut réfléchir de faibles quantités de lumière provenant de sources telles que le Soleil, la Lune, voire des lampes fluorescentes. Le satellite sera également équipé de deux émetteurs laser pour éclairer la cible et ses environs.

En analysant et en combinant les signaux capturés par deux caméras à l’aide d’algorithmes de physique quantique, les scientifiques peuvent capturer des images d’objets avec une définition extrêmement élevée, jamais atteinte avec les méthodes précédentes.

Wenlin a déclaré que la technologie n'est pas affectée par l'obscurité, les nuages, le brouillard et autres facteurs qui entravent la visibilité. La technologie d'imagerie photonique peut capturer des données provenant de plusieurs bandes lumineuses, ce qui rend les images plus naturelles à l'œil humain que les images radar noir et blanc, qui reposent sur des ondes électromagnétiques réfléchies.

Les caméras fantômes peuvent également déterminer les propriétés physiques et chimiques des cibles. Cela permet aux opérateurs de distinguer les mannequins des équipements bien dissimulés. Les experts chinois affirment que la technologie d'imagerie fantôme sera plus efficace lorsqu'elle sera combinée à des méthodes traditionnelles telles que les caméras optiques et le radar à synthèse d'ouverture.

Le professeur Xiong Jun de l'Université de Pékin a déclaré que la technologie d'imagerie fantôme pourrait révolutionner les opérations militaires. Cependant, pour réussir à construire un satellite d'imagerie fantôme, la Chine doit encore surmonter de nombreux défis techniques.

Si un satellite utilise des sources de lumière naturelle comme le Soleil et la Lune, il aura besoin de capteurs ultra-sensibles pour détecter d'infimes variations de lumière pouvant durer un milliardième de seconde. S'il utilise des sources de lumière artificielle comme des lasers, il aura besoin d'émetteurs très puissants pour éclairer des cibles proches du sol.

Selon VNE