Pourquoi sommes-nous vulnérables aux arnaques ?

Un matin de week-end, en parcourant les actualités, je suis tombé sur l'histoire d'une femme d'âge mûr qui a perdu des centaines de millions de dongs à cause d'un appel téléphonique frauduleux. Il y a quelques jours, un jeune a raconté sur les réseaux sociaux comment il s'était fait piéger en investissant en ligne pendant des mois, perdant finalement tout son argent et se retrouvant endetté. Les arnaques, des SMS gagnants aux escroqueries en ligne sophistiquées, semblent proliférer sans cesse.

Il semble que la ruse des escrocs ne nous surprenne pas, ce qui ne laisse subsister qu'une seule question : pourquoi, dans un monde saturé d'informations et d'avertissements, tombons-nous encore si facilement dans des pièges prémédités ?

La fraude n'est pas un phénomène nouveau. Des appels téléphoniques annonçant un gain aux faux courriels bancaires, en passant par les récentes offres d'investissement « taux d'intérêt élevé, sans risque » sur les réseaux sociaux, les techniques d'escroquerie sont de plus en plus sophistiquées. Selon les statistiques du rapport A05 du ministère de la Sécurité publique, le Vietnam a enregistré plus de 1 500 cas de fraude en ligne au cours des huit premiers mois de 2025, soit une augmentation de 65 % par rapport à la même période en 2024, pour des pertes estimées à plus de 1 660 milliards de dongs. Plus de 4 532 domaines malveillants ont été découverts (une hausse de 90 %), utilisant des techniques sophistiquées telles que les deepfakes, la fraude aux cryptomonnaies, le détournement de mots de passe à usage unique, l'usurpation d'identité de services de police ou de banques… Mais ces chiffres ne rendent pas compte de la souffrance de ceux qui ont perdu de l'argent, la confiance et parfois même leur estime de soi.

Alors, qu'est-ce qui fait que nous, aussi intelligents et prudents soyons-nous, tombons dans le piège des arnaqueurs ?

La réponse se trouve au plus profond de la psychologie humaine. L'une des « armes » les plus redoutables des escrocs est leur capacité à jouer sur la cupidité, un instinct primitif présent en chacun de nous. Lorsqu'on nous propose de « doubler notre investissement en un mois seulement » ou un article « 70 % moins cher que sur le marché », nous sommes facilement séduits par cette perspective alléchante et oublions la question essentielle : « Est-ce réaliste ? » La cupidité ne se limite pas au désir d'avoir beaucoup d'argent, mais englobe aussi la soif de réussite rapide, la volonté de posséder des choses inaccessibles. Les escrocs l'ont bien compris et en font un appât parfait.

La crédulité est aussi une porte ouverte aux arnaqueurs. On se croit souvent assez malin pour démasquer une escroquerie, mais cette confiance est parfois une faiblesse. Un faux SMS bancaire, un appel urgent des « autorités » ou une publicité soignée peuvent nous faire baisser notre garde. Une amie m'a raconté avoir transféré de l'argent à un « expert en investissements » simplement parce que son profil LinkedIn et sa page Facebook regorgeaient de commentaires positifs. Ce n'est qu'après avoir perdu son argent qu'elle a compris que tout était faux. Cette crédulité provient parfois de la conviction que « personne n'oserait me tromper aussi ouvertement ».

La peur est un facteur psychologique que les escrocs exploitent sans relâche. Les appels téléphoniques usurpant l'identité de la police, avec des menaces telles que « votre compte fait l'objet d'une enquête » ou « votre enfant est en danger », jouent directement sur la peur de perdre sa sécurité. Pris de panique, notre jugement est altéré et nous suivons facilement les instructions d'inconnus, allant jusqu'à fournir des informations personnelles et transférer des sommes considérables.

Les réseaux sociaux, avec leur croissance fulgurante, sont devenus un terrain fertile pour les arnaques. Publications sponsorisées, ventes en direct et groupes d'investissement secrets sont autant d'outils conçus pour jouer sur les émotions. L'image de quelqu'un affichant une vie de luxe grâce à des « investissements judicieux » nous pousse facilement à nous demander : « Pourquoi pas moi ? » Les faux commentaires d'« acheteurs » ou d'« investisseurs prospères » ne font que renforcer ces croyances erronées. La technologie permet aux escrocs de dissimuler leur identité, tandis que nous, utilisateurs, nous laissons facilement emporter et oublions de vérifier.

Mais ce qui devrait peut-être le plus nous préoccuper, c'est le manque de lien social dans la société moderne. À mesure que nous communiquons moins avec nos proches, nos amis ou nos voisins, nous sommes plus enclins à chercher du réconfort dans les « opportunités » en ligne. Une offre d'investissement, une bonne affaire ou une promesse d'aide d'un inconnu peuvent combler ce vide, même virtuel. J'ai vu des personnes âgées, vivant seules, croire facilement à de faux messages de « service client », simplement parce qu'elles ont désespérément besoin de quelqu'un. La solitude, en fin de compte, est aussi une porte ouverte à de nombreux pièges.

Alors, comment éviter de tomber dans le piège ? Premièrement, ralentissez. Une opportunité trop belle pour être vraie cache souvent des risques. Demandez-vous : « Si c’est réel, pourquoi est-ce si facile pour moi ? » Deuxièmement, vérifiez. Un appel de votre banque ? Appelez le service d’assistance pour vérifier. Une proposition d’investissement ? Renseignez-vous sur l’entreprise, ses licences et les personnes qui la dirigent. Troisièmement, partagez vos connaissances. Parlez-en à vos proches, demandez conseil à des personnes connaissant le secteur, avant de prendre toute décision importante. Un point de vue différent peut nous aider à rester vigilants. Enfin, tissez des liens authentiques dans la vie réelle. Une famille unie et une communauté d’entraide constituent un rempart efficace contre les tentations virtuelles.

Les arnaques ne concernent pas seulement les malfaiteurs, mais aussi nous. Elles nous rappellent que, dans un monde plein de pièges, la vigilance et le partage sont essentiels pour nous protéger. Prenons un instant aujourd'hui pour réfléchir à notre utilisation des réseaux sociaux et à nos prises de décision. Et si possible, appelez un proche pour vous rappeler mutuellement que nous ne sommes pas seuls et que nous sommes assez intelligents pour ne pas tomber dans les pièges tendus.