Le Vietnam peut-il s’inspirer du modèle français de police communale ?
Selon l'attaché de police français, le modèle de police communale de la République française est en cours de développement et offre de nombreux enseignements pour le Vietnam.
Les problèmes actuels de sécurité et d'ordre dans les zones rurales posent de nombreuses difficultés aux forces de l'ordre chargées de la sécurité et de l'ordre au niveau local. Parallèlement, les forces semi-professionnelles affectées à la base présentent de nombreuses limitations en termes de qualifications et de compétences professionnelles. Par conséquent, la mise en place de forces régularisées pour fonctionner comme police communale est actuellement nécessaire et raisonnable.
Major Olivier Lefevre - Attaché de police français au Vietnam. |
Afin d'avoir une vision plus générale du modèle d'organisation des forces de sécurité et d'ordre local, un journaliste de VOV.VN a interviewé le major Olivier Lefèvre, attaché de police français au Vietnam, au sujet du modèle de police communale en République française. Ce modèle, en cours de développement, est riche d'enseignements pour le Vietnam en matière de déploiement de forces spécialisées pour assurer la sécurité et l'ordre dans les zones rurales.
PV:Pourquoi la police communale est-elle identifiée comme l'une des trois forces importantes de la République française, Monsieur ?
Major Olivier Lefevre:Tout d'abord, il s'agit d'une force dotée d'une longue histoire, formée du XVIe au XVIIIe siècle. À cette époque, la police communale a été créée pour protéger la souveraineté de chaque commune. Lorsque la Révolution française éclata en 1789, le nouveau régime ne reconnut pas le système de police communale et instaura un système de police communale sous le nouveau régime, conformément à la loi du 14 décembre 1789.
En effet, la création d'une police communale répond aux besoins de la population face aux risques d'insécurité. De plus, la plupart des habitants et des élus locaux considèrent que la création d'une telle police assure non seulement la sécurité, mais aussi une proximité avec la population et répond aux spécificités locales. Bien que la mise en place d'une telle police soit coûteuse et complexe, ils sont néanmoins déterminés à la mettre en place. Et cette force existe depuis longtemps.
La ville de Paris possède ses propres caractéristiques. Il n'existe pas de police communale comparable à d'autres unités communales en France, mais une agence, l'Unité de sécurité et de prévention, est chargée de la sécurité, de la sûreté et de la prévention, au sein de laquelle des agents sont chargés de fonctions similaires à celles de la police communale.
PV:Pouvez-vous nous expliquer la différence entre la police nationale et la police communale en République française ?
Major Olivier LefevreAu niveau communal, la police est placée sous l'autorité des maires ou des chefs de commune et assure des missions de sécurité, d'ordre et même de salubrité dans leur commune. La Police nationale, quant à elle, relève du ministère de l'Intérieur.
Tout d'abord, la police locale, et plus particulièrement la police communale, doit garantir la sécurité et l'ordre dans la zone. En cas d'incident, elle s'efforce de recueillir un maximum d'informations pour les transmettre à sa hiérarchie et à la Police nationale afin de trouver des solutions. On constate ainsi que la police municipale ou communale et la Police nationale sont deux forces aux réglementations et aux modes opératoires différents.
Pour en revenir aux défis, la police communale est actuellement confrontée à de nombreux défis. Je pense que cela est également lié aux changements sociétaux. Le risque le plus évident est celui d'être attaqué par le terrorisme, en particulier par des forces islamistes radicales. Lorsqu'on cible ce groupe, il n'est pas nécessaire de distinguer s'il s'agit de la police nationale ou de la police communale.
Cependant, les extrémistes islamistes ne sont pas les seuls à attaquer la police ; des criminels ordinaires peuvent également s'en prendre à elle. Il s'agit de problèmes urgents que les forces de police communales doivent prendre en compte.
PV:En France, dans le processus de construction du modèle, d'organisation du personnel, du matériel, des moyens ainsi que de formation et de recrutement de la police communale, quelles difficultés et quels défis avez-vous rencontrés, Monsieur ?
Major Olivier Lefevre:La première question est celle de la formation. Désormais, la police communale doit non seulement faire face à des problèmes locaux, mais aussi à des problèmes comme la lutte contre la criminalité. Devrions-nous donc la former pour qu'elle acquière les mêmes compétences que la police nationale ?
Le deuxième problème concerne l'équipement de la police communale. En effet, comme on le voit, la police communale, lorsqu'elle porte l'uniforme, n'est pas très différente de la police nationale. Lorsque des criminels attaquent la police communale, ils ne font pas la distinction entre la police communale et la police nationale. La police communale n'est pas équipée d'armes et n'a donc pas la capacité de réprimer la criminalité comme la police nationale.
De nombreuses questions se posent, comme celle de savoir si la police communale doit être équipée comme la police nationale. Jusqu'à présent, cette question n'a pas trouvé de réponse définitive en France.
L'Assemblée nationale a récemment présenté un rapport, qu'elle a ensuite transmis au Premier ministre pour examen, mais aucune décision définitive n'a encore été rendue. Actuellement, tout maire ou préfet de commune qui estime nécessaire d'équiper sa police communale en matériel et en armes doit en justifier les motifs. En cas de nécessité, le préfet ou le maire peut justifier l'armement de sa police communale par un motif légitime. Telles sont les réalités actuelles en France.
En effet, la police communale est actuellement équipée en armes à hauteur de 84%, et il ne s'agit pas toujours de fusils, il peut s'agir de pistolets électriques, de matraques ou de gaz lacrymogènes.
Un autre enjeu est la formation. Nous constatons que la police communale doit désormais résoudre les problèmes auxquels elle était confrontée auparavant ; la formation aux compétences nécessaires est donc également essentielle. Cela signifie que nous devons créer des écoles de formation pour la police communale, à l'instar de celles qui forment les futurs soldats de la Police nationale. Cependant, selon le modèle de police choisi, nos orientations de développement sont très différentes.
PV:Si le Vietnam met en place une force de police régulière en charge des zones rurales, quelles leçons pensez-vous que le Vietnam peut tirer du modèle de police communale française ?
Major Olivier LefevreLe Vietnam a choisi le modèle de police communale comme modèle officiel. Mais les spécificités de ce modèle détermineront les enseignements et les partages possibles du modèle français.
Par exemple, on voit que la police communale peut être une force complémentaire, distincte de la Police nationale, et dans ce cas elle doit aller dans une direction différente.
Il arrive aussi que les gens considèrent la police, la police communale, comme une extension de la police nationale. Car, dans certaines zones, la police nationale n'est pas suffisamment présente pour assurer la sécurité. Par conséquent, la bonne décision dépend de l'orientation que nous prenons.