Société

Trésor national « Dague de serpent tenant une patte d'éléphant » au musée Nghe An

Ho Manh Ha January 29, 2025 08:50

En 1973, lors de fouilles sur le site archéologique du village de Vac, commune de Nghia Hoa, ville de Thai Hoa, province de Nghe An, des chercheurs ont découvert un grand site funéraire contenant de nombreux objets de valeur, notamment un poignard avec un manche et une statue d'un serpent tenant une patte d'éléphant.

Ce poignard est considéré par les archéologues comme un artefact original unique, découvert sous terre et datant de la période de la culture Dong Son. Outre sa valeur inestimable, il revêt une profonde signification spirituelle et religieuse, témoignant de l'autorité du chef tribal au sein de l'ancienne communauté vietnamienne. Il s'agit également d'une découverte particulièrement intéressante concernant l'image du serpent, un animal souvent choisi comme totem par les agriculteurs d'Asie du Sud-Est.

Cet artefact se distingue par sa structure sophistiquée, son design unique et ses critères esthétiques qui illustrent le summum des techniques de moulage du bronze. Il s'agit non seulement d'un artefact ancien et unique au Vietnam, mais aussi d'un témoignage important du développement de la culture Dong Son. Le poignard est actuellement conservé et exposé auMusée Nghe An, en tant que fier symbole historique et culturel.

Hiện vật dao rắn ngậm chân voi tại Bảo tàng Nghệ An
Couteau à serpent tenant une patte d'éléphant au musée Nghe An. Photo : Manh Ha

Ce poignard à patte d'éléphant tenant un serpent, long de 12,3 cm, est finement travaillé et composé de deux parties principales : la lame et le manche. La lame, fine et longue de 5,5 cm, forme un triangle isocèle avec une pointe acérée. Les deux extrémités du manche sont ornées de moustaches de papillon, créant une touche décorative unique et élégante.

Le manche du couteau, long de 6,8 cm, représente deux serpents ronds, étroitement enroulés l'un autour de l'autre, dans une posture gracieuse. Leurs gueules sont grandes ouvertes, leurs yeux exorbités sont vifs et ils tiennent fermement les quatre pattes d'un éléphant. L'éléphant est décrit en détail, de sa longue trompe à son dos, doté d'une large selle, reliée par un ligament entre son cou et sa queue. Sur la selle se trouve un cylindre rond, légèrement resserré en son milieu, dont la forme rappelle un tambour de bronze, symbole familier de la culture de Dong Son.

En termes d'âge, ce poignard existe depuis plus de 3 000 ans, démontrant le riche savoir-faire et les croyances spirituelles de l'ancien peuple vietnamien.

La coutume du culte des serpents, considérant les serpents comme des totems représentant une classe culturelle, est une forme primitive de croyance originaire de l'époque où les humains vivaient en clans, lorsque toutes les activités, de l'alimentation à la vie en passant par les voyages, étaient étroitement liées à la nature.

D'après des documents de recherche scientifique, les paléontologues ont déterminé que les serpents sont apparus sur Terre il y a environ 200 millions d'années. Ce reptile possède une forme et des habitudes de vie uniques et mystérieuses, de son apparence à ses déplacements : les serpents hibernent, apparaissent fréquemment pendant la saison des pluies, la plupart peuvent nager dans l'eau et vivent longtemps sur terre. Ce sont ces caractéristiques mystérieuses qui ont profondément influencé la perception et la vie des humains primitifs dans leur quête d'adaptation et de conquête de la nature. C'est peut-être pour cette raison que les serpents sont considérés comme des animaux sacrés, devenant des symboles totémiques pour de nombreux peuples du monde, dont les Vietnamiens.

Pour les anciens Vietnamiens, la vie agricole était étroitement liée à l'élément eau, source indispensable de vie. De là, le culte des dieux de l'eau, dont le dieu serpent, s'est forgé une forte empreinte culturelle. L'eau assure non seulement l'irrigation et des récoltes abondantes, mais elle masque aussi de grandes catastrophes telles que les inondations et les catastrophes naturelles. L'eau a deux facettes : source de vie et force destructrice, elle est aussi symbole de résurrection. Dans l'esprit vietnamien, l'eau est synonyme de nation (« Terre + Eau ») et est vénérée comme « Mau » – mère de l'eau, exprimée par des proverbes tels que « Première eau, second feu » ou « Première eau, seconde fertilisation ».

La psychologie, mêlant adoration et crainte, ainsi que le désir de contrôler et de se soumettre à l'eau, est à la base de la formation et du développement du culte du serpent. L'image du serpent, symbole de l'eau, possède une profonde signification symbolique et est étroitement associée à la vie des riziculteurs, devenant une caractéristique de la culture vietnamienne depuis les temps anciens jusqu'à nos jours.

En comparant l'image du serpent sur la dague exhumée dans le village de Vac, on constate que la croyance en l'adoration du serpent, symbole de l'eau, est associée à la vie agricole des anciens Vietnamiens depuis très longtemps, au moins plus de 3 000 ans. Pour les riziculteurs, le serpent n'est pas seulement un animal commun, mais aussi un symbole sacré, symbole de spiritualité, de religion et d'autorité. Il est vénéré comme un dieu suprême, symbole de force, incontrôlable. L'image unique de la dague en témoigne : un petit serpent capable de saisir fermement les quatre pattes d'un éléphant géant.

Chuối dao có hình tượng 2 con rắn đang ngậm chân voi.
Le manche du couteau représente deux serpents tenant une patte d'éléphant. Photo : Manh Ha

De plus, l'image de deux serpents étroitement enlacés symbolise également l'harmonie du yin et du yang, exprimant le désir de fertilité et de récoltes abondantes. C'est aussi une affirmation de la force d'unité de la nation, celle qui lui permet de vaincre la nature, les animaux sauvages et les ennemis.

Le poignard avec le manche d'une statue de serpent tenant une jambe d'éléphant dans sa bouche dans le village de Vac possède les trois éléments pour devenir untrésor nationalUn objet unique et original, à la forme singulière et à la valeur particulière, reflétant l'histoire de la construction et de la défense de la nation. Il témoigne non seulement de la longue et florissante culture du riz en eau des habitants d'Asie du Sud-Est, mais contribue également à affirmer la signification spirituelle et les croyances totémiques des anciens Vietnamiens. Le serpent, considéré comme un animal sacré étroitement associé à la vie des habitants, est devenu un symbole éternel, profondément ancré dans la culture et les croyances vietnamiennes, d'hier à aujourd'hui.

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