Trésor national « Dague de serpent tenant une patte d'éléphant » au musée Nghe An
En 1973, lors de fouilles sur le site archéologique du village de Vac, commune de Nghia Hoa, ville de Thai Hoa, province de Nghe An, des chercheurs ont découvert un grand site funéraire contenant de nombreux objets de valeur, notamment un poignard avec un manche et une statue d'un serpent tenant une patte d'éléphant.
Ce poignard est considéré par les archéologues comme un artefact original unique en son genre, découvert sous terre et datant de la période de la culture Dong Son. Outre sa valeur inestimable, il revêt une profonde signification spirituelle et religieuse, témoignant de l'autorité du chef de tribu au sein de l'ancienne communauté vietnamienne. Il s'agit également d'une découverte particulièrement intéressante concernant l'image du serpent, un animal souvent choisi comme totem populaire par les agriculteurs d'Asie du Sud-Est.
Cet artefact se distingue par sa structure sophistiquée, son design unique et ses critères esthétiques qui illustrent le summum des techniques de moulage du bronze. Il s'agit non seulement d'un artefact ancien et unique au Vietnam, mais aussi d'un témoignage important du développement de la culture Dong Son. Le poignard est actuellement conservé et exposé auMusée Nghe An, comme un fier symbole historique et culturel.

Ce poignard de 12,3 cm de long, représentant un serpent tenant une patte d'éléphant, est finement travaillé et composé de deux parties principales : la lame et le manche. La lame, longue de 5,5 cm, est fine et en forme de triangle isocèle, avec une pointe acérée. Les deux extrémités du manche sont ornées de moustaches de papillon, créant une touche décorative unique et élégante.
Le manche du couteau, long de 6,8 cm, représente deux serpents ronds, étroitement enroulés l'un autour de l'autre, dans une posture gracieuse. Leurs gueules sont grandes ouvertes, leurs yeux exorbités et vifs, serrant fermement les quatre pattes d'un éléphant. L'éléphant est décrit en détail, de sa longue trompe à son dos, portant une large selle, un ligament reliant le cou à la queue. Sur la selle se trouve un cylindre rond, légèrement resserré en son milieu, dont la forme rappelle un tambour de bronze – un symbole familier de la culture de Dong Son.
En termes d'âge, ce poignard existe depuis plus de 3 000 ans, démontrant le riche savoir-faire et les croyances spirituelles des anciens Vietnamiens.
La coutume du culte des serpents, considérant les serpents comme des totems représentant une classe culturelle, est une forme primitive de croyance originaire de l'époque où les humains vivaient en clans, lorsque toutes les activités, de l'alimentation à la vie en passant par les voyages, étaient étroitement liées à la nature.
Selon des documents de recherche scientifique, les paléontologues ont déterminé que les serpents sont apparus sur Terre il y a environ 200 millions d'années. Ce reptile possède une forme et des habitudes de vie uniques et mystérieuses, de son apparence à ses déplacements : les serpents hibernent, apparaissent fréquemment pendant la saison des pluies, la plupart peuvent nager dans l'eau et vivent longtemps sur terre. Ce sont ces caractéristiques mystérieuses qui ont profondément influencé la perception et la vie des humains primitifs dans leur quête d'adaptation et de conquête de la nature. C'est peut-être pour cette raison que les serpents sont considérés comme des animaux sacrés, devenant des symboles totémiques pour de nombreux peuples du monde, dont les Vietnamiens.
Pour les anciens Vietnamiens, la vie agricole était étroitement liée à l'élément eau, source indispensable de vie. De là, le culte des dieux de l'eau, dont le dieu serpent, s'est imposé comme une marque culturelle forte. L'eau assure non seulement l'irrigation et des récoltes abondantes, mais peut aussi être à l'origine de catastrophes majeures telles que des inondations et des catastrophes naturelles. L'eau a deux aspects : elle est à la fois source de vie et force destructrice, mais aussi symbole de résurrection. Dans l'esprit vietnamien, l'eau est synonyme de nation (« Terre + Eau ») et est vénérée comme « Mau » – mère de l'eau, exprimée par des proverbes tels que « Première eau, second feu » ou « Première eau, seconde fertilisation ».
La psychologie, mêlant adoration et crainte, ainsi que le désir de contrôler et de se soumettre à l'eau, est à la base de la formation et du développement du culte du serpent. L'image du serpent, symbole de l'eau, possède une profonde signification symbolique et est étroitement associée à la vie des riziculteurs, devenant une caractéristique de la culture vietnamienne depuis les temps anciens jusqu'à nos jours.
En comparant l'image du serpent sur la dague découverte dans le village de Vac, on constate que la croyance en son culte – symbole de l'eau – est associée à la vie agricole des anciens Vietnamiens depuis longtemps, au moins plus de 3 000 ans. Pour les riziculteurs, le serpent n'est pas seulement un animal commun, mais aussi un symbole sacré, symbole de spiritualité, de religion et d'autorité. Il est vénéré comme un dieu suprême, symbole de force, incontrôlable. L'image unique de la dague en témoigne clairement : un petit serpent capable de s'agripper fermement aux quatre pattes d'un éléphant géant.

De plus, l'image de deux serpents entrelacés symbolise également l'harmonie du yin et du yang, exprimant le désir de fertilité et de récoltes abondantes. C'est aussi une affirmation de la force d'unité de la nation, celle qui lui permet de vaincre la nature, les animaux sauvages et les ennemis.
Le poignard avec le manche d'une statue de serpent tenant une patte d'éléphant dans sa bouche dans le village de Vac possède les trois éléments pour devenir untrésor national: un objet unique et original, de forme unique, d'une valeur particulière, reflétant l'histoire de la construction et de la défense de la nation. Il témoigne non seulement de la longue et florissante culture du riz humide en Asie du Sud-Est, mais contribue également à affirmer la signification spirituelle et les croyances totémiques de l'ancien peuple vietnamien. Le serpent, considéré comme un animal sacré étroitement associé à la vie des habitants, est devenu un symbole éternel, profondément ancré dans la culture et les croyances vietnamiennes, du passé à nos jours.