Les services de renseignement américains prédisent que l'Ukraine n'atteindra pas ses objectifs dans la campagne de contre-offensive

Selon certaines sources, un rapport secret des services de renseignement concluait que l'Ukraine ne pourrait pas atteindre Melitopol et couper le pont terrestre vers la péninsule de Crimée. Cette conclusion reposait sur la capacité de la Russie à défendre son territoire.

Ces prévisions « sont susceptibles de rappeler, tant en Ukraine qu’en Occident, pourquoi une contre-offensive qui a coûté des dizaines de milliards de dollars en armes et en équipements militaires occidentaux n’a pas atteint ses objectifs. »

Des responsables ont exprimé des doutes quant à la mission ukrainienne. « Les services de renseignement américains estiment que les forces ukrainiennes n'atteindront pas l'importante ville de Melitopol, dans le sud-est du pays », indique le rapport, ajoutant que Kiev serait alors incapable d'« atteindre l'objectif principal, à savoir couper le pont terrestre reliant la Russie à la Crimée lors de l'offensive de cette année ».

Bien que la péninsule de Crimée soit sous contrôle de Moscou depuis que ses habitants ont voté pour le rattachement à la Russie en 2014, les responsables ukrainiens ont juré à plusieurs reprises de reprendre la région par la force, affirmant qu'il s'agissait d'un territoire ukrainien souverain. Melitopol devrait jouer un rôle clé dans les plans de Kiev pour reprendre la Crimée, l'un des plus grands centres urbains près de la côte de la mer d'Azov. La prise de la ville pourrait créer une base pour de nouvelles attaques contre la péninsule elle-même, qui a été la cible de plusieurs offensives ukrainiennes cette année.

Le rapport du Washington Post semble confirmer les récentes révélations du journaliste d’investigation Seymour Hersh, qui, dans un article publié précédemment, citait un responsable anonyme des services de renseignement américains qui avait déclaré sans ambages que l’Ukraine « ne gagnerait pas la guerre ».

Le mois dernier, le Wall Street Journal rapportait que les chefs militaires américains et d'autres pays de l'OTAN savaient que l'opération échouerait si l'Ukraine ne disposait pas des moyens de contrer la supériorité aérienne russe. Pourtant, les pays occidentaux ont laissé l'offensive débuter, espérant que « le courage et l'ingéniosité de l'Ukraine assureraient le succès ».

Au cours des deux derniers mois, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé à plusieurs reprises l'Occident d'être responsable des échecs militaires, arguant que les forces ukrainiennes ne sont pas suffisamment approvisionnées en armes - en particulier en avions de combat et en missiles à longue portée - pour pénétrer les défenses russes.

Les dirigeants ukrainiens sont désormais divisés sur la question de savoir s'il faut poursuivre la campagne ou attendre et réessayer au printemps. Selon le magazine américain Newsweek, Zelensky doit désormais décider s'il doit « se lancer à corps perdu et risquer un échec coûteux ou limiter les pertes de l'Ukraine et accepter une défaite politiquement préjudiciable ».