La Corée du Nord et la Corée du Sud pourraient-elles s’unir en raison de leur méfiance envers la Chine ?

Trung Hieu DNUM_CCZAGZCABI 07:08

Le sommet sans précédent entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à Singapour le 12 juin a été une avancée majeure pour MM. Trump et Kim, et un début important pour la paix dans la péninsule coréenne.

Si l’on considère le problème plus large de la péninsule coréenne, ce n’est qu’un début modeste, car les deux dirigeants des États-Unis et de la Corée du Nord n’ont pas signé de traité de paix pour mettre fin légalement à la guerre de Corée, qui n’a pris fin qu’en 1953.

De gauche à droite : le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, le président sud-coréen Moon Jae-in et le président chinois Xi Jinping. Crédit photo : Getty et Nupi.

C'est ça.Déclaration Trump-KimIl a donné peu de détails sur le moment et la manière de parvenir à une « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne » — la priorité absolue de la politique de l’administration Trump envers la Corée du Nord.

Mais l'événement du 12 juin reste précieux, comme le dit un dicton populaire en Chine : « Un voyage de mille kilomètres commence par un premier pas. » Ce sommet est un petit pas vers un pas de géant vers une paix durable en Asie du Nord-Est. En ce sens, les deux dirigeants ont voyagé et se sont rencontrés, et ils ont écrit l'histoire.

Les relations complexes entre la Chine et la péninsule coréenne

La Chine et la Corée du Nord entretiennent une relation particulière, et les gens seront donc très intéressés par l’impact de ce sommet historique sur la Chine.

Avant l'événement du 12 juin, M. Kim Jong-un s'était rendu à deux reprises en Chine pour rencontrer le président Xi Jinping. Autre signe évident du rôle important de la Chine dans le sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord : le vol de M. Kim vers Singapour à bord d'un Boeing 747 d'Air China.

Il est nécessaire de replacer cette conférence dans le contexte historique de la relation complexe entre la Chine et la péninsule coréenne.

Pour de nombreux Chinois, les souvenirs des relations sino-nord-coréennes remontent peut-être aux immenses sacrifices consentis par la Chine pendant la guerre de Corée, puis (depuis la fin de cette guerre) à son aide économique massive et à son soutien diplomatique quasi inconditionnel à Pyongyang. Il est donc naturel d'attendre de la Corée du Nord qu'elle réponde à la « générosité » et à l'amitié de la Chine par sa gratitude et sa loyauté.

Mais pour de nombreux Coréens du Nord et du Sud (des deux côtés de la zone démilitarisée), les souvenirs de la Chine remontent à une période antérieure à la guerre de Corée. Pendant des siècles, la péninsule coréenne fut un État vassal de l'empire chinois. Elle se trouvait alors fermement sous l'influence de la Chine, jusqu'en 1895, date à laquelle celle-ci renonça officiellement à son autorité sur la péninsule après sa défaite lors de la guerre sino-japonaise de 1894.

Sentiment anti-chinois dans la péninsule coréenne

La profonde influence culturelle et politique de la Chine a engendré un profond ressentiment envers la Chine parmi les Coréens pendant des générations. Ce sentiment antichinois a entraîné la montée d'un nationalisme antichinois. La création de l'alphabet coréen, le hangeul, en est un exemple flagrant, symbole de la volonté d'éradiquer l'influence culturelle chinoise.

Un autre signe des mauvaises relations entre Pékin et Pyongyang depuis les années 1940 est que Kim Jong-un, devenu le dirigeant suprême de la Corée du Nord en 2011, ne s'est pas rendu en Chine avant mars 2018.

Les tensions entre Pékin et le nationalisme nord-coréen s'étendent au-delà de la Corée du Nord, jusqu'en Corée du Sud. Des souvenirs historiques désagréables liés à la Chine pourraient avoir joué un rôle dans la décision du président sud-coréen Moon Jae-in de rencontrer Kim Jong-un à deux reprises cette année.

En 2016, lorsque la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a décidé d'installer le système américain de défense antimissile à haute altitude (THAAD) en réponse aux essais de missiles nord-coréens, Pékin a vivement protesté contre la Corée du Sud. Le bras de fer diplomatique tendu entre la Chine et la Corée du Sud au sujet du THAAD a porté leurs relations diplomatiques à leur plus bas niveau depuis 1992, année de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Le boycott national des entreprises sud-coréennes en Chine, qui s'est traduit par une forte baisse du nombre de touristes chinois à Séoul, a porté un coup dur à l'économie sud-coréenne.

De nombreux Sud-Coréens considèrent la réponse de Pékin comme une coercition diplomatique et économique, et comme un rappel brutal de la domination historique de la Chine.

Le président sud-coréen Moon Jae-in, élu peu après la controverse sur le THAAD, pourrait avoir des raisons supplémentaires de plaider en faveur d'un rapprochement avec le dirigeant nord-coréen. Une Corée unifiée augmenterait certainement les chances de la péninsule de consolider son indépendance vis-à-vis de la Chine.

La possibilité d'une unification de la Corée du Nord et de la Corée du Sud pour faire face à la Chine

Les sanctions occidentales ont rendu la Corée du Nord presque entièrement dépendante de Pékin, une dépendance qui, selon beaucoup en Chine, exerce une influence stratégique sans égale sur Pyongyang.

Mais cette dépendance, combinée aux souvenirs historiques de la domination chinoise, a engendré du ressentiment plutôt que de la gratitude. Il n'est pas étonnant qu'un éminent historien chinois affirme que la Corée du Nord « ne se sent pas en sécurité vis-à-vis de la Chine et nourrit un esprit de revanche ».

La Chine n'est peut-être pas la grande perdante, mais elle n'est pas non plus la grande gagnante du sommet entre les États-Unis et la Corée du Nord. Pour Washington, sa détente avec Pyongyang réduit considérablement la valeur stratégique de Pékin.

La « réconciliation » entre les États-Unis et la Corée du Nord forcera la Chine à revoir sa politique envers Pyongyang et Séoul.

Si Pékin continue d’ignorer le pouvoir du nationalisme pour unifier les deux péninsules coréennes, la Chine pourrait se retrouver face à une péninsule coréenne unifiée alliée aux États-Unis.


Selon VOV.VN/Selon The Diplomat
Copier le lien

Journal Nghe An en vedette

Dernier

x
La Corée du Nord et la Corée du Sud pourraient-elles s’unir en raison de leur méfiance envers la Chine ?
ALIMENTÉ PARUNCMS- UN PRODUIT DENEKO