L'Australie promulgue une loi sur le « droit à la déconnexion » après les heures de bureau
En Australie, les employés ont le droit de refuser de répondre aux SMS, aux appels ou à toute demande de travail de leurs supérieurs en dehors des heures de travail sans crainte de répercussions, grâce à une nouvelle loi qui reconnaît officiellement le « droit à la déconnexion ».
Cette loi garantit aux travailleurs la possibilité de séparer vie professionnelle et vie personnelle, en évitant toute perturbation en dehors des heures de travail, sauf circonstances particulières stipulées à l'avance.
Que dit la loi sur le « droit à la déconnexion » ?
En Australie, les employeurs ont toujours le droit de contacter leurs employés en dehors des heures de travail. Toutefois, en vertu des nouvelles règles, les employés ont le droit de refuser de répondre, à moins que le refus ne soit considéré comme déraisonnable.
Ce droit permet aux employés de ne pas être tenus de surveiller, de lire ou de répondre aux messages, courriels et appels de leur employeur ou de tiers, tels que des clients, en dehors de leurs heures de travail. Cela contribue à préserver l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée des employés.

La Commission australienne pour le travail équitable (FWC) aura le pouvoir de déterminer si le refus d'un employé de répondre est raisonnable.
Lors de l’examen de chaque cas, la FWC prendra en compte de nombreux facteurs, notamment la nature du travail de l’employé, la nécessité de la communication, la méthode de communication utilisée et les circonstances particulières de chaque situation.
Les partisans du projet de loi estiment qu'il permettra aux travailleurs de protéger leur vie privée et de ne plus être pris dans des courriels, des SMS et des appels professionnels en dehors des heures de travail.
John Hopkins, professeur associé à l'Université de technologie de Swinburne (Australie), a commenté : « Avant l'essor du numérique, vie professionnelle et vie privée étaient totalement séparées. Une fois la période de transition terminée, les gens rentraient chez eux et n'avaient plus à se soucier du travail avant le lendemain. »
Cependant, il a souligné qu'aujourd'hui, partout dans le monde, recevoir des courriers électroniques, des messages ou des appels professionnels en dehors des heures de travail, même pendant les vacances, est devenu normal, ce qui rend les travailleurs toujours « liés » au travail.
Cet acte agit comme un bouclier, aidant les employés à retrouver leur équilibre et à être plus proactifs dans le contrôle de leur temps.
Sanctions en cas de violation du droit à la « déconnexion »
Avant l'intervention des autorités, employeurs et employés sont encouragés à résoudre les conflits par la négociation interne sur le lieu de travail. Si les deux parties ne parviennent pas à un accord, le FWC peut intervenir pour trancher.
En conséquence, la FWC a le pouvoir d’émettre des ordonnances exigeant que les entreprises cessent de contacter les employés en dehors des heures de travail ou interdisant aux entreprises de prendre des mesures disciplinaires contre les employés qui refusent de répondre aux communications en dehors des heures de travail.
À l’inverse, lorsque la FWC détermine que le refus d’un employé est déraisonnable, par exemple lorsqu’il s’agit d’une question urgente ou liée à la nature de son travail, le tribunal peut exiger que l’employé réponde à l’employeur.
Les travailleurs comme les entreprises s'exposent à de lourdes sanctions en cas de non-respect des ordonnances du FWC. Plus précisément, les employés peuvent se voir infliger une amende pouvant aller jusqu'à 19 000 dollars australiens s'ils refusent de répondre sans excuse valable.
Parallèlement, les entreprises pourraient être condamnées à une amende pouvant aller jusqu'à 94 000 dollars australiens si elles contraignent délibérément leurs employés à répondre en dehors des heures de bureau ou les punissent d'une autre manière pour avoir exercé leur droit à la « déconnexion ».
Ce règlement vise à protéger les droits des salariés et en même temps à garantir l’équité dans les relations entre les entreprises et les salariés.
Quels pays ont adopté une législation similaire ?
De nombreux pays à travers le monde ont adopté des réglementations protégeant le droit des travailleurs à séparer vie professionnelle et vie privée. Des lois similaires, accordant aux employés le droit de refuser de recevoir des communications en dehors des heures de travail, ont été adoptées en France, en Allemagne et dans plusieurs autres pays de l'Union européenne et d'Amérique latine.
La France est l'un des pays pionniers en matière de protection du droit à la déconnexion. Cette loi, introduite dans le Code du travail en 2017, permet aux salariés de refuser de répondre aux courriels, appels ou messages professionnels en dehors des heures de travail sans encourir de conséquences négatives.
En Allemagne, plusieurs grandes entreprises comme Volkswagen, Daimler et BMW ont volontairement adopté des politiques visant à limiter les contacts avec les employés en dehors des heures de travail afin de garantir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Selon The Telegraph, en 2018, Rentokil Initial, une entreprise spécialisée dans la fourniture de services de contrôle des maladies, d'hygiène et de protection de l'environnement en France, a été condamnée par un tribunal à verser 60 000 euros d'indemnités à un employé après que l'entreprise lui a demandé d'avoir toujours son téléphone allumé pour gérer les situations d'urgence, violant gravement le « droit à la déconnexion » prévu par la loi française.
L’adoption de ces lois reflète une tendance mondiale visant à protéger la santé mentale et les droits des travailleurs, en leur donnant le contrôle de leur temps personnel sans la pression des heures supplémentaires.