Nomination de M. Trinh Xuan Thanh et l'histoire du « fils d'un haut fonctionnaire »
Selon M. Vu Mao, le cas de M. Trinh Xuan Thanh, ainsi que d'autres cas d'enfants de dirigeants promus rapidement, doivent être clarifiés et portés à la connaissance du public.
La nomination de M. Trinh Xuan Thanh, ancien vice-président du Comité populaire provincial de Hau Giang, selon une procédure jugée irrégulière, et celle de M. Vu Quang Hai (fils de M. Vu Huy Hoang, ancien ministre de l'Industrie et du Commerce) au poste de directeur adjoint de la Saigon Beer Alcohol Beverage Corporation (Sabeco) suscitent également la polémique. Outre la question du respect de la procédure et des responsabilités quant à l'application de cette décision, le phénomène de favoritisme dans la gestion des ressources humaines est de nouveau évoqué. À ce sujet, le journaliste a interrogé M. Vu Mao, ancien chef du Bureau de l'Assemblée nationale.
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| M. Vu Mao, ancien chef du Bureau de l'Assemblée nationale. Photo : VOV |
Il existe des groupes d'intérêt et des factions dans le domaine du personnel.
PV :Depuis quand, dès qu'une personne est nommée à un poste de direction ou simplement recrutée dans une agence d'État, la première question que l'on se pose est-elle systématiquement : « De qui est ce camarade ? » ? Quel est votre avis sur cette question posée par le public ?
M. Vu Mao :Cette question n'est pas nouvelle, elle se pose depuis longtemps. Mais ces 10 à 15 dernières années, elle a suscité un intérêt public accru et de nombreuses interrogations ont été soulevées quant à ce phénomène inhabituel que le public conteste.
En réalité, cela relève aussi du groupe d'intérêt, reflétant l'éthique et les compétences des dirigeants à tous les niveaux. Ils détiennent le pouvoir et la position, mais ils ont été corrompus et dégénérés. Ils n'ont pas respecté l'impartialité et la pureté des cadres révolutionnaires et des membres du parti, mais ils ont utilisé leur pouvoir et en ont profité pour favoriser leurs enfants.
Cela figure également dans l'évaluation et la critique générales du Parti lors de la 4e Conférence centrale, 11e législature, qui mentionnaient la dégénérescence, la dégradation et le déclin moral d'un nombre non négligeable de cadres, y compris des cadres de haut rang du Comité central.
PV :Il n'y aurait rien à signaler si ces affaires n'avançaient pas si vite, même en quelques mois seulement, et si, lorsqu'elles étaient découvertes, on expliquait toujours qu'elles avaient respecté les réglementations, les procédures et la planification en vigueur, monsieur ?
M. Vu Mao :Le travail de formation, d'éducation et de promotion des jeunes cadres est une évolution inévitable de la révolution de notre Parti et, de fait, de nombreux pays à travers le monde s'y intéressent également. Nous aussi, depuis longtemps, nous attachons une grande importance à la formation et au perfectionnement des jeunes cadres, mais il est indispensable de respecter certaines procédures. À ce sujet, on entend souvent dire que nous suivons les procédures adéquates. Or, le problème réside précisément dans le manque fondamental de la personne promue : le manque de pratique et d'expérience.
Si une personne vient de terminer ses études, entre 23 et 25 ans, et est promue à un poste élevé, c'est trop rapide. Elle doit d'abord acquérir de l'expérience, progresser étape par étape. Mais à ce stade, elle semble déjà épuisée.
Je pense que les jeunes cadres, qu'ils soient enfants d'ouvriers ou de dirigeants, sont très précieux s'ils sont correctement formés et éduqués. Il faut dire que les enfants de dirigeants bénéficient d'un bagage génétique, d'un environnement éducatif familial favorable et sont exposés à de nombreuses activités de gestion ou aux expériences partagées par leurs parents, ce qui est très avantageux et devrait être encouragé. Cependant, s'ils sont propulsés trop tôt à des postes de direction, alors qu'ils sont encore très jeunes, il est nécessaire de les recadrer et de les rappeler à l'ordre.
Les jeunes diplômés devraient retourner sur le terrain, sur un chantier ou en usine, pour acquérir de l'expérience et gravir ensuite les échelons, c'est logique. Or, c'est précisément ce qui fait défaut ces derniers temps.
PV :L’affaire Trinh Xuan Thanh n’est que la partie émergée de l’iceberg. Depuis de nombreuses années, à tous les niveaux de l’État, de nombreux fonctionnaires ont commis de graves violations sans pour autant être promus et occuper des postes importants. Selon vous, quelles mesures le Parti, l’État et l’Assemblée nationale devraient-ils prendre pour prévenir ce problème ?
M. Vu Mao :La 4e Résolution centrale a affirmé avec franchise, profondeur et fermeté l'existence de cadres corrompus, dépourvus d'éthique et de toute pratique, et ce groupe est loin d'être négligeable. Elle a également souligné la nécessité d'y remédier, mais les mesures prises depuis lors sont insuffisantes, et le phénomène s'est même parfois répandu et aggravé. Voilà qui mérite réflexion. C'est la responsabilité du Parti et de ses instances dirigeantes.
Le problème réside ici dans l'ingérence des groupes d'intérêts et des factions dans la gestion du personnel. Il s'agit d'un phénomène anormal que le Parti et l'État doivent impérativement analyser et corriger sans délai. Même la rotation actuelle des cadres n'est qu'une formalité, sans prise en compte du fond, sans résultats concrets et, parfois même, plus préjudiciable au Parti, à l'État et au peuple.
Ne fuyez pas vos responsabilités par peur de les assumer.
PVL'opinion publique s'interroge : qui a commis une erreur en transférant MM. Trinh Xuan Thanh et Vu Quang Hai, et à quel moment ? Car M. Thanh ne pouvait pas partir seul et devait passer par les étapes organisationnelles du ministère de l'Intérieur et d'autres agences, monsieur ?
M. Vu Mao :L'organisation et la promotion des cadres suivent des processus et des procédures bien définis, comme on le dit souvent : « Nos procédures sont très rigoureuses ». La nomination de M. Trinh Xuan Thanh au poste de vice-président de la province de Hau Giang a nécessairement été décidée par les autorités compétentes. Sa nomination au Comité provincial du Parti de Hau Giang a sans doute été décidée par le Secrétariat, car ce niveau relève du Secrétariat central du Parti. Or, qui assiste le Secrétariat central du Parti ? Quel organisme ? Quant à la question connexe, elle a forcément été tranchée par le Premier ministre, puisqu'il s'agit du poste de vice-président de province. Le Premier ministre décide-t-il sur la base de quelle proposition ? De toute évidence, des ministères et des services spécifiques ont formulé des propositions. Ces étapes sont inévitables, alors ayez le courage. S'il y a des lacunes, admettez-les, ne les dissimulez pas par crainte des sanctions.
Le secrétaire général Nguyen Phu Trong a souligné la nécessité d'une enquête approfondie et de la clarification de cette affaire. À mon avis, les instances compétentes doivent mener une enquête minutieuse, assumer courageusement leurs responsabilités et rechercher ensemble les causes profondes de ce drame. Il s'agit d'un phénomène particulier, mais malheureusement fréquent, dont le Parti et l'État doivent tirer des enseignements.
PV :On parle depuis longtemps de la rotation des cadres selon les procédures en vigueur, mais le fait que les enfants de hauts fonctionnaires soient mutés d'un poste à un autre avant même d'avoir pu travailler constitue une forme légitime de promotion. À votre avis, devrions-nous réexaminer ces cas ?
M. Vu Mao :Notre politique de rotation des cadres existe depuis longtemps. Cette politique est juste et raisonnable, mais ces dernières années, elle a été interprétée et appliquée différemment. De toute évidence, des groupes d'intérêts sont à l'œuvre et influencent le fonctionnement de cette politique.
Je pense que la rotation des cadres est nécessaire, mais l'idée de faire tourner les cadres pendant un, deux ou trois ans pour obtenir une promotion est mauvaise et ne devrait pas être envisagée. De nos jours, certains se précipitent même pour être mutés. Quel est le véritable objectif de cette rotation ? Est-ce motivé par des raisons illégitimes ou par des avantages matériels ? Il faut remédier à cette situation.
Pour parvenir à une conclusion, il nous faut identifier la cause et les responsabilités de chaque organisme ou individu, afin de tirer des leçons de cette expérience. Se contenter de critiques générales, du genre « d'une manière générale, la rotation des cadres est une bonne chose, mais ici ou là, sa mise en œuvre laisse à désirer », revient à se demander : « Qui est responsable ? Quel organisme est en cause ? » Face à une situation sociale problématique, il est impératif de rectifier le tir, d'en trouver la cause et d'établir les responsabilités.
PV :Si une personne est l'enfant, le frère, la sœur, le petit-enfant ou un parent d'un certain fonctionnaire et ne tient pas compte des critères relatifs aux compétences et aux qualités lors de sa nomination, quelles conséquences cela aura-t-il, selon vous, pour la fonction publique ?
M. Vu Mao :À mon avis, en tant que citoyens, nous devons tous faire preuve d'équité. Je me souviens que, durant la période anti-française, l'Oncle Hô accordait une grande importance à la formation des cadres clés du pays, notamment des jeunes (de 11 à 14 ans) ayant participé à la Résistance, servant d'agents de liaison, cadets, et même, pour certains (en petit nombre), enfants de hauts gradés, afin qu'ils intègrent ce centre de formation, étudient et s'y épanouissent. Nombre d'entre eux sont devenus des cadres essentiels du pays durant la guerre contre les États-Unis et lors de la reconstruction nationale. C'était la chose juste et nécessaire à faire.
Il est donc nécessaire d'unifier les points de vue et les attitudes concernant la formation des cadres, tous domaines confondus, y compris les enfants des dirigeants. En revanche, on nous reproche de nous concentrer uniquement sur un petit nombre d'enfants de dirigeants, notamment ceux qui occupent des postes importants et qui sont liés par des liens étroits et des groupes d'intérêts, et de privilégier leurs propres enfants et ceux de leurs proches ; il se pourrait même que des arrangements secrets existent entre eux. De toute évidence, l'opinion publique ne peut accepter une telle situation, et nous ne serons donc pas en mesure de sélectionner des cadres exemplaires, des cadres dignes de confiance répondant aux exigences.
L'essentiel est que le personnel qualifié soit promu. Ces critères doivent être analysés conjointement et ne pas être rigides ni généraux, avec seulement 3 ou 5 critères.
Il est essentiel de comprendre que ceux qui détiennent le pouvoir doivent avant tout être des serviteurs du peuple, et non des hauts fonctionnaires corrompus qui placent leurs enfants à des postes clés. Le peuple rejette cette situation et doit la combattre avec détermination.
À l'instar du cas de M. Trinh Xuan Thanh ou d'autres affaires similaires, ces cas devraient être analysés, clarifiés et portés à la connaissance du public.
PV :Lors de son récent discours d'investiture, le Premier ministre Nguyen Xuan Phuc a déclaré : « Nous devons tout mettre en œuvre pour garantir aux enfants des paysans, des ouvriers et des plus démunis la possibilité d'étudier, de progresser et même de devenir de futurs dirigeants du pays. » Selon lui, par où commencer pour assurer une nomination et un emploi judicieux des fonctionnaires ?
M. Vu Mao :Outre les cadres centraux au niveau macro, il est essentiel de porter une attention particulière aux cadres de proximité à tous les échelons, du village à la commune, jusqu'au district. Ces cadres constituent un vivier précieux pour la formation des cadres centraux, car ils possèdent l'expérience et la maturité nécessaires. S'ils accèdent à des fonctions de direction au niveau central, ils comprendront les aspirations du peuple.
Nous devons le faire de manière systématique et fondamentale, notamment dans les zones frontalières et les régions reculées où le personnel est insuffisant ; nous devons donc trouver un moyen de le former.
La source de cadres formés dans les zones montagneuses et ethniques pour devenir des personnels clés au niveau local, parmi lesquels certains sont capables de travailler au sein du gouvernement central, voire de participer au Comité exécutif central, constitue une ressource très importante.
Pour les cadres issus des classes ouvrières et paysannes, il existe depuis longtemps de nombreux bons exemples et nous devons maintenant continuer à les promouvoir.
À mon avis, notre Parti et notre État ont pour tradition de continuer à promouvoir cela, de revenir aux principes fondamentaux et de faire mieux. Le phénomène des « enfants du pouvoir » est tout à fait condamnable et doit être corrigé sans délai.
PV :Merci.
Selon VOV



