Un aperçu de l'école avancée

Face aux exigences de l'industrialisation, de la modernisation et de l'intégration internationale, l'amélioration de la qualité de l'éducation et des ressources humaines est considérée comme une stratégie prioritaire. Il est indéniable que ces dernières années, notre système éducatif a enregistré des résultats positifs. Cependant, un examen plus approfondi révèle que de nombreux aspects suscitent encore des inquiétudes et un mécontentement au sein de la société, notamment concernant la qualité de l'enseignement et de la formation, du lycée à l'université, jusqu'aux études supérieures. Ces lacunes proviennent principalement d'une conception fragmentée, voire parfois incohérente, de l'éducation et des compétences, ainsi que de modèles de gestion inadaptés. La mise en place d'un modèle d'établissements d'excellence peut être considérée comme une tentative pour remédier à ces problèmes.

L'idée de construire des écoles d'excellence revêt un caractère humaniste, car elle offre la possibilité de révéler le potentiel des apprenants. Une société qui sait gouverner sait avant tout créer les conditions propices à l'épanouissement personnel, au développement de la personnalité, à l'affirmation de soi et à la contribution à la société. Grâce à leurs atouts et à la place prépondérante qu'y occupent les apprenants, les écoles d'excellence créeront un effet d'entraînement favorisant l'émergence d'une véritable société apprenante. Bien entendu, le potentiel intellectuel seul ne suffit pas ; les capacités matérielles et financières sont également indispensables. Et c'est peut-être là le point le plus préoccupant.

Cependant, toutes ces valeurs humanistes ne peuvent être atteintes qu'en appliquant des règles strictes, voire en n'hésitant pas à se montrer exigeantes en matière de stratégie et de tactique, notamment en ce qui concerne la transparence financière, la prise en compte des apprenants et, surtout, le recrutement du personnel participant au processus éducatif. Or, cela s'avère complexe lorsque tous les gestionnaires, fonctionnaires et employés de ce secteur ne répondent pas aux exigences de qualité. Les critères de recrutement des fonctionnaires sont précaires si l'on se fie uniquement à la liste des réalisations, des diplômes et des récompenses dans un environnement où l'exactitude et l'équité sont loin d'être optimales, voire où les irrégularités persistent.

Sans compter que la transformation d'un établissement scolaire traditionnel (même conforme aux normes nationales) en un établissement d'excellence soulèvera la question des ressources humaines, car il est difficile de garantir que l'ensemble du personnel soit suffisamment qualifié pour répondre aux nouvelles exigences, souvent soudaines. Le choix des matières représente également un défi, notamment pour les matières très pratiques et liées à l'activité physique.

Le facteur le plus important dans la construction d'un établissement scolaire performant est la cohérence. Un système fragmenté engendre des lacunes flagrantes. Dans ce cas, offrir des opportunités à certains en prive d'autres. Concentrer les établissements phares dans quelques zones seulement a pour conséquence que des élèves, aussi brillants soient-ils, soient contraints, faute de moyens financiers suffisants, de déménager dans des zones plus éloignées. Ce déménagement et cette adaptation à leur nouvel environnement s'avèrent particulièrement difficiles.

D'un autre point de vue, la construction d'écoles d'excellence selon un modèle de « riz gluant » engendre également des injustices en matière d'accès aux services, de possibilités de développement des compétences et d'accès au savoir, et de perspectives d'avenir, notamment l'accès aux universités prestigieuses et de qualité, sans parler des opportunités d'emploi. En effet, étudier dans une école d'excellence véritablement performante offre aux élèves davantage de possibilités pour leur avenir, alors qu'avant l'existence de ces écoles, ces opportunités étaient réparties équitablement entre tous.

De plus, la construction inégale d'établissements d'enseignement supérieur contribuera à créer des discriminations entre élèves dans une société où ce phénomène est déjà courant ; elle peut également creuser les inégalités de revenus entre personnes exerçant la même profession, occupant le même emploi ou ayant le même niveau de salaire… Elle a aussi des répercussions sur la circulation, voire sur l'ordre social, la structure culturelle et l'accès universel à l'éducation dans les zones concernées…