L'Allemagne ouvre la porte : la Russie est-elle enthousiaste à l'idée de revenir au G8 ?
(Baonghean) - « Le G7 ne souhaite pas isoler la Russie ni maintenir le G7 à la place du G8 pendant longtemps » : telle est la dernière déclaration du ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, témoignant de la bonne volonté du dirigeant européen dans ses relations avec la Russie. En réalité, l'Europe a besoin de la Russie sur plusieurs dossiers, tels que la crise des réfugiés ou la lutte contre le terrorisme.
Le G7 change d'attitude
En 1998, le G7, groupe des principales nations industrialisées composé de l'Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Italie et du Japon, a été officiellement élargi au G8 avec la participation d'un nouveau membre, la Russie. Mais l'incident s'est produit l'année dernière, l'année où la Russie assurait la présidence tournante du G8.
Après l'annexion de la Crimée par la Russie, les États membres du bloc ont fait volte-face et boycotté le sommet prévu à Sotchi pour protester contre la décision de Moscou.
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Le président Vladimir Poutine a complètement changé la position de la Russie dans le monde en seulement un an (Source : AFP) |
Le sommet du G7 s'est ensuite tenu à Bruxelles, en Belgique, sans la Russie. Les dirigeants du G7 ont fermement affirmé que la situation ne reviendrait à la normale que lorsque la Russie restituerait la Crimée à l'Ukraine.
En réponse, la Russie a également déclaré sans ambages que la Crimée était une partie indivisible du territoire russe. Suite à ces événements, le président Poutine s'est retrouvé complètement isolé lors du sommet du G20 en novembre 2014 et a quitté la conférence avant la fin de celle-ci.
Les derniers développements ont radicalement changé la donne. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré qu'isoler durablement la Russie n'était pas souhaité par l'Occident. Il a également affirmé que le G7 ne souhaitait pas rester un G7 à long terme, mais souhaitait restaurer le G8.
Un indice pour que la Russie revienne au G8 ne pourrait pas être plus clair !
Le ministre allemand des Affaires étrangères a posé deux conditions spécifiques au retour de la Russie : la coopération avec l'Occident pour résoudre la crise syrienne et les efforts pour résoudre le conflit en Ukraine.
En réalité, des invitations similaires ont été adressées à la Russie par l'Allemagne et plusieurs pays européens à plusieurs reprises au cours de l'année écoulée. Mais dans le contexte actuel, cette invitation est devenue plus sérieuse que jamais, la Russie ayant inversé la tendance sur tous les fronts : la lutte contre le terrorisme, la crise syrienne et la crise migratoire en Europe. La position russe est devenue encore plus claire après l'attentat terroriste sanglant du 13 novembre à Paris.
L'ancien président français Nicolas Sarkozy et l'actuel président François Hollande ont tous deux appelé à une coalition internationale contre l'EI, soulignant le rôle indispensable de la Russie. Même le Premier ministre britannique, qui a une position ferme à l'égard de la Russie, a exprimé son soutien à la présence de ce pays au sein de la coalition antiterroriste mondiale.
Entre-temps, le président américain Obama n'a pas du tout évoqué la Crimée lors de ses récentes rencontres au sommet du G20, bien que la question ukrainienne ait été évoquée avec son homologue Poutine. Cela témoigne de la grande « condescendance » dont font preuve les États-Unis envers leur rival de longue date.
L'Europe a besoin, la Russie pense toujours
Le 16 novembre, le président Vladimir Poutine a annoncé que Moscou avait proposé de restructurer la dette obligataire ukrainienne de 3 milliards de dollars détenue par la Russie en trois tranches d'un milliard de dollars chacune, sur les trois prochaines années. À ce propos, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a affirmé que la Russie n'avait pas demandé à l'Occident de lever les sanctions contre Moscou et n'avait pas répondu à la demande de l'Allemagne de revenir au G8.
En réalité, la Russie n'a jamais manifesté le moindre intérêt pour cette proposition. Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le G8 n'est qu'un club où les dirigeants des principaux pays se réunissent pour discuter de questions d'intérêt commun.
Le président Poutine n’a même pas évoqué ce sujet lors de sa rencontre avec la chancelière allemande Merkel en mai, même si l’Allemagne est le partenaire européen le plus enthousiaste de la Russie.
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La chancelière allemande Angela Merkel est enthousiaste à l'idée de rétablir les relations avec la Russie et le président Vladimir Poutine (Source : The Moscow Times) |
Selon les observateurs, la Russie s'intéresse actuellement à de nouvelles alliances, des terrains de jeu prêts à l'accueillir et moins « stricts » que le G7. Il s'agit des pays en développement BRICS, de la Banque asiatique d'investissement et de développement (BAII) ou de l'Union économique eurasiatique. Après tout, le G7 ou le G8 ne sont que des formalités pour la Russie, car les décisions importantes ne peuvent être débattues efficacement que dans le cadre du G20.
La situation actuelle montre que dans la froide « confrontation » entre l'Europe en particulier, l'Occident en général et la Russie, c'est la Russie qui prend l'initiative. Sa position ayant désormais changé, elle est en droit de se fixer un nouveau prix. D'autant plus que l'Europe maintient, voire prolonge, les sanctions contre Moscou liées à la question ukrainienne.
Phuong Hoa