Logistique – la faiblesse des produits agricoles vietnamiens

Malgré de nombreux avantages en matière de développement, les exportations agricoles du Vietnam perdent progressivement leur compétitivité par rapport aux autres pays en raison de nombreuses faiblesses dans le secteur de la logistique.

Les coûts logistiques sont parmi les plus élevés au monde.

Les produits agricoles constituent l'un des principaux secteurs d'exportation du Vietnam, contribuant positivement au chiffre d'affaires global des exportations du pays. Entre 2011 et 2016, la valeur des exportations agricoles vietnamiennes a enregistré une croissance moyenne de 12,7 % par an. Si en 2011, le Vietnam comptait 19 marchés d'exportation, représentant plus d'un milliard de dollars américains, en 2016, ce chiffre est passé à plus de 30.

Les coûts logistiques élevés réduisent l'avantage concurrentiel des produits agricoles vietnamiens. PHOTO : DIEP DUC MINH

Selon les statistiques du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, fin novembre 2017, la valeur des exportations de produits agricoles avait atteint 33,14 milliards USD, soit une augmentation de 13,8 % par rapport à la même période en 2016. En 2017, les exportations agricoles, forestières et halieutiques du Vietnam pourraient atteindre 36 milliards USD, avec 10 groupes de produits d'exportation dépassant 1 milliard USD. Il s'agit de chiffres records et encourageants pour le secteur agricole vietnamien.

Les produits agricoles considérés comme les points forts et les principales exportations du Vietnam sont les fruits de mer, le riz, le café, les légumes, les noix de cajou, le thé, le caoutchouc, le poivre, etc., dont les légumes et les fruits voient leur valeur d'exportation augmenter constamment.

Malgré un tel potentiel, les exportations agricoles, notamment de fruits et légumes, se heurtent encore à de nombreux obstacles. L'une des raisons pour lesquelles les produits agricoles vietnamiens sont moins compétitifs que ceux d'autres pays réside dans la faiblesse redoutable de leur logistique. Selon les statistiques, le Vietnam est l'un des pays où les coûts logistiques sont les plus élevés au monde, ce qui prive les produits agricoles vietnamiens de nombreuses opportunités de pénétration sur les marchés de nombreux pays.

Bien que le Vietnam ait réalisé des progrès significatifs dans l'amélioration de ses infrastructures et services logistiques, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer son efficacité. En effet, selon le classement 2016 de la Banque mondiale (BM), le Vietnam se classait au 64e rang sur 160 pays (48e en 2014) en termes de développement logistique et au 4e rang de l'ASEAN, après Singapour, la Malaisie et la Thaïlande. Quatre points ont entraîné une baisse de l'indice de capacité logistique (IPL) du Vietnam : la capacité logistique, les infrastructures, l'application technologique et l'inspection spécialisée des marchandises importées et exportées.

Une étude de la Banque mondiale montre également que les coûts logistiques représentent une part importante des coûts de nombreuses industries au Vietnam. Par exemple, pour l'industrie des produits de la mer, ce coût représente plus de 12 %, pour les produits en bois, 23 %, pour les légumes et les fruits, 29,5 % et pour l'industrie du riz, près de 30 %. Les coûts logistiques au Vietnam sont 6 % plus élevés qu'en Thaïlande, 12 % plus élevés qu'en Malaisie et trois fois plus élevés qu'à Singapour. Ces coûts logistiques élevés ont indirectement réduit la compétitivité des produits vietnamiens sur le marché international. Les coûts de transport, notamment, représentent une part importante des coûts logistiques, jusqu'à près de 60 %.

Le delta du Mékong a besoin d'un centre logistique pour exporter directement vers le monde entier. PHOTO : DINH TUYEN

Comment résoudre les problèmes logistiques ?

Dr Bui Quoc Nghia, directeur de l'Institut vietnamien de logistique, a déclaré qu'il existe actuellement plus de 3 000 entreprises vietnamiennes enregistrées comme prestataires de services logistiques, et qu'environ 300 000 entreprises clientes utilisent ces services. Cependant, il s'agit uniquement de petites et moyennes entreprises logistiques, dont la capacité ne permet d'assurer qu'une partie de la chaîne logistique. Non seulement ces entreprises ne collaborent pas entre elles, mais elles se font concurrence pour réduire les prix. Parallèlement, plus de 80 entreprises étrangères fournissent actuellement des services logistiques au Vietnam, dont les 20 plus grandes entreprises mondiales de logistique telles qu'APL, MitSui, Maert Logistics, NYK Logistics, Logitem, Mol Vietnam... détenant 70 à 80 % des parts de marché et fixant arbitrairement différents types de tarifs.

Selon M. Nghia, le manque de développement de la logistique nationale s'explique principalement par l'absence de politiques et d'orientations cohérentes en matière de développement des infrastructures. À ce jour, faute de définition du système national de ports d'entrée, les infrastructures de transport vietnamiennes demeurent inégales et obsolètes. Le déséquilibre entre les voies ferrées, routières, fluviales et aériennes est manifeste dans les conditions spécifiques du Vietnam. Le transport routier s'est généralement développé le plus fortement, mais de manière inégale et sans orientation à long terme ; le chemin de fer, dont l'écartement est encore de 1 m, est resté à peine développé depuis de nombreuses années ; les voies navigables du sud, considérées comme un paradis au potentiel considérable, sont négligées et empiétées.

Le gouvernement a identifié le pôle portuaire international de conteneurs de Cai Mep comme porte d'entrée nationale, mais n'a pas organisé l'arrière logistique de manière raisonnable, et le flux de marchandises dans les ports du système est toujours gravement déséquilibré.

L'amélioration de la logistique donnera un nouvel essor aux produits agricoles vietnamiens. PHOTO : CONG HAN

Pour le développement du secteur logistique, le Dr Nguyen Tuan Hoa, président du Conseil scientifique de l'Institut vietnamien de logistique, recommande à l'État d'élaborer rapidement une stratégie nationale de développement logistique, sur cette base, et d'élaborer des politiques, des plans et des programmes de développement appropriés. Pour ce faire, l'État doit d'abord établir rapidement une base de données sur le secteur logistique et élaborer des indicateurs quantitatifs. Il est également nécessaire de développer rapidement trois ports nationaux dans les trois régions (Nord, Centre et Sud) avec une organisation spatiale et fonctionnelle moderne comme fondement d'un système logistique efficace ; de mettre en place un système logistique intelligent pour l'agriculture ; et de construire une infrastructure logistique adaptée à la région du delta du Mékong.

Concernant le delta du Mékong, M. Nghia a déclaré que, par le passé, les voies navigables représentaient 80 % du transport dans cette région. Cependant, jusqu'à présent, nous n'avons pas exploité ces voies pour en améliorer l'efficacité. Selon M. Nghia, tout le monde considère que les voies navigables du delta du Mékong sont importantes, mais uniquement du point de vue des transports, et il n'existe pas suffisamment d'outils ni de plans pour exploiter pleinement leur potentiel.

Selon thanhnien.vn